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    Bas-Congo: La vente du Parc Marin menace la biodiversité

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    Mangrove/Photo Infobascongo

    (Syfia Grands Lacs/RD Congo) Dans la province du Bas-Congo, la plage de Muanda et une partie des mangroves de la côte atlantique ont été vendues à des riches dignitaires. Pourtant elles font partie d’un parc marin protégé pour sa biodiversité et géré par l’Institut congolais pour la conservation de la nature (Iccn). Les premiers dégâts de ces expropriations se font déjà sentir…

    Ce matin de juillet, la plage de Muanda présente un visage triste. Ca et là traînent des feuilles de badamiers, des résidus de plantes et des filets de pêches rejetés par le ressac de l’océan Atlantique. La baignade qui n’est plus contrôlée, fait de plus en plus des morts. Le tourisme baleinier s’est arrêté et les tortues marines, qui venaient généralement y pondre des œufs se font aussi rares. Cette situation se vit depuis octobre 2008, lorsque l’Institut congolais pour la conservation de la nature (Iccn) a reçu de Kinshasa, l’ordre de ne plus se montrer sur la plage. Selon plusieurs sources, celle-ci a en effet été vendue… Cette plage fait partie du parc marin de Muanda, constitué de mangroves à palétuviers et d’espèces animales rares. Un vrai trésor de la nature, qu’un passager qui s’y rendait pour la première fois en juillet dernier, ne s’est pas privé d’admirer à travers le hublot de l’avion : « Comme c’est magnifique cette végétation ! ». Cet écosystème qui borde le littoral atlantique sur 768 km, constitue l’unique forêt de Muanda. Mais, depuis quelques années, il est en cours de destruction. A maints endroits, on voit s’élever une fumée des fours de carbonisation de braises. Des espaces entiers de forêts sont défrichés pour pratiquer des cultures vivrières. Les espèces animales sont décimées par des braconniers. La pollution due à l’exploitation du pétrole bouleverse aussi ce milieu fragile.

    L’Iccn désemparé Sur la terre ferme, une partie des mangroves a laissé la place à un hôtel, le « Palace ». Tout à côté, de nouvelles constructions surgissent de terre. Des tracées de pierres délimitent des parcelles qui viennent d’être loties. « Des ministres, des généraux, des responsables des régies financières, des expatriés possèdent désormais des espaces dans le parc marin », affirme une autorité. Des pratiques qui étonnent un notable local, qui se demande « comment on peut vendre une partie de la côte atlantique qui fait pourtant partie du patrimoine public. » Considérés comme des « ayants droits » terriens, les chefs traditionnels sont mis en cause. Ils auraient agi en complicité avec le service de cadastre. « Ils vendent ces terrains sans l’aval des autorités », explique Guillaume Ngongo, l’administrateur du territoire intérimaire, qui dit avoir interdit toute vente de portion de terre sur cet espace protégé mais en vain. Les chefs traditionnels s’en défendent. L’un d’eux explique tout bonnement qu’il est « difficile de s’opposer à ce genre de demandes, quand elles viennent des tenants du pouvoir. » Directeur de l’Iccn, organisme publique dont dépend le parc, Albert Vunda est tout aussi désemparé. « Nous avons brandi nos documents, mais personne ne veut nous entendre », se résigne-t-il presque. Il rappelle toutefois à ceux qui massacrent cette précieuse forêt que les mangroves à palétuviers jouent le rôle de brise-vent. « Partout où il y a cette forêt en Asie, le Tsunami de 2004 n’a pas causé de graves dégâts. Et les rares campements des pêcheurs à Muanda doivent leur existence à cette forêt », tente-t-il de faire comprendre aux gens.

    Expliquer pour convaincre Inquiet de la menace qui pèse sur les mangroves, l’Iccn a adressé un mémorandum à l’Assemblée provinciale du Bas-Congo, mais attend toujours les réactions. Il se limite pour l’heure à expliquer dans les médias et lors des rencontres avec la population, le bien-fondé de la protection de cette réserve. « Comme forêt, elle produit de l’oxygène et suscite la pluie », ne cesse de répéter son directeur. Pour mieux convaincre, Albert Vunda multiplie les exemples des avantages qu’offrent les mangroves, dont les palétuviers sont utilisés comme plantes médicinales notamment dans la lutte contre le paludisme…

    Avec sa riche biodiversité, ses animaux aquatiques (tortues marines, hippopotames, lamantin…), ses oiseaux rares (Francelin, héron, canard siffleur, ombrette…), le parc marin de Muanda était encore hier un véritable lieu touristique. Aujourd’hui désertée, « la plage procurait de l’argent à l’Iccn », regrette son patron. Même les gardes parc récemment formés avec l’appui du Pnud et dotés de véhicules, motos, tenues et pirogues n’ont pas beaucoup le cœur à l’ouvrage. Ils ne peuvent gagner qu’un salaire de misère de 22 000 Fc (27 $).

    Syfia Grands Lacs/Nekwa

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