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    Bas-Congo:Jacqueline Masika, médecin de campagne dévouée

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    Dr Jacqueline/Infobascongo
    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Elle preste au Centre de santé de Songololo, une citée enclavée dans le territoire du même nom, à 70 km de Matadi, chef-lieu du Bas-Congo. Ses conditions de travail sont dures mais elle a accepté d’y travailler avec beaucoup de dévouement, ce qui lui attire de la sympathie de la part des malades.

     

    Il est 16 heures ce samedi de mars. Dr Jacqueline Masika est bien à son poste de travail en ce jour de week-end. Elle s’occupe de l’évolution de la santé d’une enfant que porte sur le dos sa maman. « Continue-t-elle à faire de la diarrhée ?« , demande-t-elle à la mère. Intégrité, zèle et esprit de discipline, rendement, valeur professionnelle et sens de responsabilité : cette femme médecin réunit toutes ces qualités, qui ont permis qu’elle reçoive du comité de direction de son centre de santé, la mention “Plus grande distinction” pour le travail qu’elle a abattu en 2010.

    Svelte, de grande taille et célibataire, elle travaillait pourtant avant dans un centre de santé privé à Matadi, capitale de la province. Mais elle a été affectée dans ce milieu rural en avril 2010, par l’Inspection provinciale de la santé. Elle avoue que cela n’était pas une chose évidente. « Je devais occuper ce poste depuis longtemps, mais je ne voulais pas la campagne à cause des conditions de travail difficiles« , explique-t-elle.

    Dures conditions de travail

    Dans ce centre de santé de 30 lits, elle assume seule l’intérim du médecin directeur de l’hôpital, en congé. Car sa collègue de service partie aussi en congé, n’est jamais revenue. Elle a préféré jeter l’éponge, à cause des dures conditions de travail. Bien que fraîchement repeint, le bâtiment du centre de santé qui date de l’époque coloniale, ne cache pas sa vétusté. Dans la salle exiguë de consultation qu’elle partageait avec sa collègue, on voit dans un coin un placard délabré où sont rangés divers documents. On aperçoit aussi des traces de galeries formées par des termites. Lorsqu’elles sont à deux dans ce petit cabinet, « quand l’une de nous consulte un malade, l’autre doit rester débout« , raconte Jacqueline.

    Les deux pavillons réservés aux malades sont mal éclairés par manque d’électricité. On y sent l’odeur que dégage le guano, les excréments de chauve-souris. Chef-lieu du territoire, Songololo n’a en effet ni électricité ni eau potable. « L’eau que nous buvons contient parfois des bestioles« , dit-elle, avant d’ajouter : « Regarde ma peau, elle est couverte de tâches dues aux piqûres des moustiques et maringouins. A partir de 18 h, il faut se couvrir complètement pour se protéger« , poursuit-elle.

    Dans ces conditions là, Jacqueline préfère rester plus longtemps à son hôpital. « Quand je rentre à la maison, c’est pour dormir de 20 h à 6 h. » Sa maison, un ancien bureau d’une école avec plafond en béton qu’elle a du retaper, dégage une chaleur suffocante. Située non loin du centre, les habitants viennent souvent la tirer de là, même les dimanches. Ce qu’elle ne regrette pas : « C’est mon travail« , dit-elle tout simplement.

    Dévouée et attentionnée, malgré tout

    Le centre a pourtant reçu récemment des équipements modernes du gouvernement provincial. Des valises chirurgicales pour césarienne, des appareils de radiologie, des couveuses… Mais il ne peut les utiliser faute d’électricité. Le personnel est ainsi contraint de recourir aux moyens du bord. Pour opérer un malade, Dr Jacqueline utilise la lampe torche de son téléphone. Elle pratique des anesthésies, prélève les signes vitaux des malades, surveille la tension artérielle : autant d’opérations qui devaient être faites par plusieurs personnes dans des hôpitaux mieux équipés. Elle se retrouve ainsi souvent au four et au moulin. Ce qui la décomplexe complètement. « Je ne vois pas en quoi je serai complexée devant les médecins de ville. C’est eux, par contre, qui auront des difficultés à travailler dans des conditions aussi précaires. »

    Malgré tout son dévouement, Jacqueline ne perçoit pas son salaire pour des raisons qu’elle ne s’explique pas. Mais depuis janvier, elle reçoit une prime de 504 000 Fc (650 $) allouée aux médecins congolais qui prestent dans les formations médicales de l’Etat. Son centre lui verse aussi une petite prime, ce qui l’encourage. L’administrateur du centre de santé de Songololo, Gilbert Isungu, note que son expérience lui a valu la fonction de “médecin chef de staff”, c’est-à-dire chef de tous les médecins traitants. « Elle pose sans problèmes des actes de nursing« , dit-il. « Elle est gentille et attentionnée« , reconnaît une mère, aux côtés de son enfant dont la santé s’est améliorée après des soins.

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