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    CE QUE L’AFRIQUE RETIENDRA DE LA BEATIFICATION DE JEAN-PAUL II.

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    PapeJean-Paul II/Internet

    Au lendemain de ce dimanche 1er mai 2011, il sied de rappeler l’atmosphère de grande fête spirituelle qui s’est déroulée à Rome. Massée à deux cents mille le samedi 30 avril à la veillée de prière qui a précédé la béatification du serviteur des serviteurs de Dieu, la population est passée à un million cinq cent mille sur la place saint Pierre le dimanche jour J. Le programme est resté millimétré et respecté aux détails près.       

    De Rome, Abbé Germain NZINGA MAKITU.

     6 :00 : La dépouille de Jean-Paul II déplacées des Caves vaticanes à l’intérieur de la basilique  et de là sur la Place saint Pierre, devant l’Autel.

    9 :00 : les premières prières

    10 :00 : Début de la Messe officiée par le pape Benoit XVI pour la béatification du pape Jean-Paul II

    12 :00 : Sœur Marie Simon Pierre , la miraculée de Jean-Paul II, l’ampoule qui contient le sang de Wojtyla, premier relique du nouveau Bienheureux .

    12 :30 : Proclamation  de la béatification de Wojtyla et fin de la cérémonie sur Place Saint Pierre.

    Après le les cérémonies grandioses, c’est l’heure de la réflexion sur ce que cette béatification a comme impact sur notre vécu quotidien, ce que la béatification de Jean-Paul II peut avoir comme levain pour fermenter le quotidien du continent noir et le pousser à entrer dans ce printemps sociopolitique que ses habitants appellent de tous leurs vœux. A mon humble avis, l’Afrique peut retenir à juste titre six leçons de ce grand événement.

    1. 1.   Une foi qui déplace les montagnes…

     

    Le parcours terrestre de Jean-Paul II ressemble bien un chemin merveilleux de la foi chrétienne. Né en 1920 après la première guerre mondiale, le jeune Wojtyla connaitra une jeunesse  avec des fortunes variées. Il ne lui faudra pas vingt-cinq ans pour connaitre les affres de la deuxième guerre mondiale et voir son pays natal la Pologne sombrée sous la bannière du communisme qui ne laissait aucun espace aux libertés individuelles. Sa formation au presbytérat,  son ordination sacerdotale puis épiscopale seront teintées de cette couleur rouge du marxisme léninisme qui nie l’existence de Dieu ou la considère carrément comme l’opium du peuple. Une fois devenu pape, un certain 1978, ses premières paroles sont celle de l’espérance et de la foi. « N’ayez pas peur. Ouvrez larges vos portes » . Il ne tardera point de marquer son pontificat par une vie de foi intense et ferme qui fait reculer les obstacles et résistances à l’Evangile du Christ. De tous ses voyages qui l’ont amené de Rome vers l’Afrique, l’Océanie, l’Amérique ou l’Asie, il fait preuve d’une foi qui abat les murs mitoyens. Une foi qui ne recule pas devant la cruauté du système communiste russe et devant celle masquée de système capitaliste.  Il crie à cor et à cri son NON à la violence, NON à l’injustice, NON à tout ce qui viole la dignité de l’être humain. Il a su démontrer que être disciple du Christ confère l’onction. Et être oint te pousse à accomplir  la volonté divine : celle de construire un monde meilleur où tout l’homme et tout homme trouve son compte et sa réalisation. Celle de reculer la pauvreté et d’abattre les murs de la haine et de l’injustice dressée en système monstrueux. De la Pologne occupée à une nation démocratique, de la guerre froide où le monde fut divisé en deux blocs jusqu’à la chute du mur de Berlin et à l’avènement de la perestroïka, Jean-Paul II y a placé toute sa foi depuis sa prime jeunesse. Une foi sans arme, sans violence, une foi enracinée dans une confiance intrépide en la présence de Dieu dans l’histoire des hommes et de sa puissance libératrice. Partout où gise un laissé-pour-compte, Dieu prend parti pour l’opprimé. Il rend sa mémoire subversive contre l’ordre qui l’opprime et se met en avant de son destin pour venger l’injustice et le rétablir dans  ses pleins droits. Ici ou là, au Nord comme au Sud de l’hémisphère, Dieu n’a pas changé sa méthode et ne la changera jamais.

    1. 2.   Casser les barrières sociales…

    Le pape Jean-Paul II a dédié sa vie à l’Eglise, à tous les hommes sans distinction de race, de politique et de religion, donnant force et courage aux jeunes, aux opprimés, aux laissés-pour-compte, aux couches marginalisées de la société. Durant les vingt-sept ans de son pontificat, le pape Jean-Paul II s’est adressé à des millions de fidèles et des hommes de bonne volonté, contribuant à abattre les murs, à ouvrir les frontières, à relancer l’œcuménisme, le dialogue interreligieux, les rapports avec les juifs et les musulmans, insufflant des forces neuves à l’Eglise . Il y a un fil rouge qui traverse toute sa vie : la volonté d’unir, de rassembler les personnes et les nations, leur donnant la profonde conscience d’appartenir à l’unique famille humaine, la famille des enfants de Dieu. Cette conviction spirituelle lui donnait une longueur d’avance sur ses contemporains. Pendant que beaucoup concevaient le monde moderne en termes de clivage entre communisme et capitalisme, lui voyait uniquement l’homme crée à l’image de Dieu et doté d’une dignité inviolable. Pendant  que les religions se définissaient les unes contre les autres, il les amène toutes sur le chemin d’Assise où se réalise de nouveau la nouvelle Pentecôte. Chacun parlant sa langue, priant avec ses formules et nommant l’Etre suprême avec ses termes propres, mais tous se regardant désormais avec des yeux baignés d’amour que seul le père céleste sait donner. Wojtyla regardait avec les yeux de Dieu, il jugeait comme Dieu juge . Il voyait en chaque humain son frère et baisant la terre de chaque pays qu’il visitait, il en faisait en cet instant précis sa nouvelle patrie d’adoption.

    1. 3.    L’ami des pauvres et des malades…

    Pour les quelques occasions que j’ai eu la chance de m’approcher de ce saint  homme, c’est lors de son voyage en Angola que j’ai pu mesurer sa grandeur. Nous sommes en juin de 1992. Le Pape séjourne à Luanda depuis deux jours pour participer aux festivités du 500 e anniversaire de l’évangélisation de l’Angola. De nombreux  évêques rdcongolais sont au rendez-vous, y compris mon évêque, Monseigneur Gabriel Kembo.  Mais voilà, de Luanda le souverain pontife veut se rendre à Cabinda et à Mbanza-Congo pour installer un nouvel évêque après la mort  criminelle du précédent. Ce diocèse ne compte que trois prêtres. Mon évêque décide de combler le vide et envoie une forte délégation pour accueillir dignement le Saint-Père. De notre clergé, nous sommes arrivés une trentaine dans la matinée dans l’ancienne capitale du Royaume Kongo. Nous sommes déjà au tarmac de l’aéroport lorsque l’avion atterrit. Le saint homme tout de blanc vêtu en descend majestueusement, saluant chaleureusement la foule venue l’accueillir et  bénissant chacun en lui tendant un chapelet. Ensuite vient l’heure de la sainte messe et durant l’heure des offrandes, une vielle maman a préparé un bassin rempli d’arachides et bananes, le tout avec un coq vivant qu’elle tenait à aller remettre au pape en signe de cadeau. Mais ce fut sans ignorer les services de sécurité de l’ONU qui ceinturaient l’Autel. La pauvre maman est rudoyée par les militaires et le pape s’en aperçoit. Il m’appelle et me demande d’aller dire aux services de sécurité de rappeler la maman et de la faire venir à l’autel. Refus catégorique des services de sécurité. Je rentre à l’Autel informer le Saint-Père qui se préparait à commencer l’Offertoire. Il va s’asseoir et me dit de nouveau qu’il ne continuera point la Messe si cette maman ne monte pas vers lui. Je rentre livrer la décision du pape et au regard de l’insistance du pape, ils fuient de fond en comble le bassin et la voilà qui est autorisée à monter vers le pape. Le Saint-Père laisse l’Autel et descend plus bas de manière à s’approcher de la maman angolaise. Celle-ci dépose son bassin aux pieds du pape et le pape à son tour la prend dans ses larges bras et dépose la tête de la maman sur sa poitrine pour un moment. Ensuite, elle la reprend en face, lui fait une bénédiction et lui remet de nouveau un chapelet. La femme angolaise est dans l’euphorie. Elle retourne à son poste et ne sait plus le chemin… Ce n’est alors que le pape continue la sainte Messe.

    Je n’oublierai jamais cette scène… Lorsqu’on me parle de la simplicité et de la bonté de Jean-Paul II, je me réfère à ce jour où j’ai eu l’immense chance de l’approcher et de le voir. Sa grandeur n’était pas celle des puissants de ce monde. La sienne se résumait en  cette attention qu’il accordait aux marginalisés, aux pauvres, aux malades, même à ceux plus repoussants comme ce fut le cas en Inde où il prend la décision folle d’aller visiter les lépreux, les touchant et les bénissant. C’est justement cette folie de l’Evangile qui le faisait aller à contre-courant de la mentalité ambiante de ses contemporains. C’est ces petits gestes divins qui ont fait de sa vie un chef-d’œuvre. Si hier dimanche, la sainte Eglise l’a béatifié, ce n’est point au cours de cette messe du 1er mai qu’il est devenu saint. Il l’était déjà de son vivant… Il n’a pas adoré un dieu désincarné. Il a cherché le visage du Christ crucifié dans la vie de ceux qui sont mis au ban de la société. Il communiait à l’Invisible à l’occasion de chaque rencontre humaine. Il faisait honneur à chaque humain de quelque classe sociale qu’il soit pour mieux glorifier Celui qui l’a créé à son image.

    1. 4.   En syntonie avec les jeunes…

    C’est surement ce rayonnement spirituel qui l’aidait à exercer un grand magnétisme sur une autre catégorie des êtres fragiles, en l’occurrence les jeunes du monde entier. Il était aimé d’eux parce qu’il savait leur parler à tous. Il connaissait leurs exigences, leurs problèmes existentiels, leurs justes aspirations. Il était clair et sincère dans ses paroles. Il était véridique et authentique dans sa vie. Jamais hypocrite ni complaisant. Même quand il s’agissait de faire passer des vérités difficiles à assumer pour les jeunes, il avait ce style sincère qui leur faisait induire que cet homme était un guide spirituel  et qu’il leur disait ces exigences pour leur bien futur. Les jeunes en contact avec lui avait cette sensation d’être à côté d’un témoin, d’un témoin vrai et solide. Ils avaient la sensation de s’approcher du Ressuscité dont lui n’était qu’un pauvre serviteur. En le suivant dans les Journées Mondiales de la Jeunesse, c’était le souffle du Ressuscité que les jeunes croyaient retrouver à travers le témoignage spirituel du pape. Avant d’être un maitre, il était d’abord un modèle de vie.

    L’on ne cessera jamais de mettre en évidence cette vérité cruelle de  la faillite de l’élite politique et intellectuelle du continent noir. Tous les maux vécus présentement en Afrique sont à l’actif de la médiocrité d’un leadership incapable d’inventer l’avenir, incapable de de travailler avec soin à la croissance de la base dont il a la charge. La faillite de cette élite se consomme dans le divorce silencieux qui se creuse entre les gouvernants et les gouvernés. Le style du pape Jean-Paul II tranche avec la médiocrité du leadership  africain et la blâme en quelque sorte. Il l’appelle à sa conversion et  à reprendre  ses responsabilités quand il n’est pas encore trop tard. Il l’interpelle à remettre de nouveau au centre de ses préoccupations les pauvres et les petits, les jeunes et les vieillards, tous ces pans de la société abandonnés à leur triste sort et qui demandent notre attention et notre engagement.

    1. 5.   Il sanctifiait le travail…

    Il y a un symbole qui a échappé à l’attention de tous : le choix du jour du 1er mai pour béatifier le pape Jean-Paul II. Pris au milieu de 365 jours de l’année, le choix du 1er mai, jour international du travail, ne s’est pas fait au hasard. Indubitablement, il répond à l’honneur que ce pape bienheureux accordait au travail humain auquel il a dédié toute une encyclique Laborem exercens. Avant de devenir prêtre, Wojtyla a vécu les affres du travail d’usine. Il a partagé la sueur d’une journée de dur labeur avec un salaire de misère. Une fois devenu pape, il n’a pas hésité d’endosser le casque des humbles ouvriers pour aller les encourager et redonner dignité à cette classe sociale qui fait vivre tous les pans de la société. A travers le travail, il signifiait combien l’homme ressemblait désormais à son divin Créateur de par l’initiative de recréer et de donner du pain à ceux qui en manquent. Par le travail, l’ouvrier fait vivre dignement sa famille et retrouve cette dignité de fils de Dieu qu’on ne peut recevoir nulle part ailleurs. Bref, le travail bien fait élève l’homme et le rend divin. Une telle philosophie de vie est très parlante aux masses humaines habituées à l’inertie, à l’assistanat ou pire à l’oisiveté. Nous remettre au travail est désormais une manière de prier, de participer à la croissance intégrale de l’homme et de l’humanité. Travailler, c’est l’autre manière de forcer  les portes du Règne de Dieu.

     A la veille des campagnes électorales qui vont émailler cette année en cours, si le projet de société s’oriente à remettre tous au travail et trouver là et seulement là le moteur du changement, l’on aura fait un pas de géant. 

     

    1. 6.   La victoire des forces de l’Amour .

    Depuis dimanche 1er mai, le corps de Jean-Paul II repose dans la basilique Saint Pierre où il se trouve exposé. Des centaines de milliers de personnes continuent d’aller s’y recueillir. Les internautes peuvent voir les images sur You tube.   Quand on se retrouve en face de sa dépouille, la première pensée qui vous traverse l’esprit est le parcours terrestre extraordinaire de ce saint homme.  De Cracovie à Rome, passant par l’attentat du 13 mai 1981 , la maladie du parkinson en 2001, la mort le 2 avril 2005 puis la béatification en ce week-end écoulé, on réalise la Main divine sur lui et le signal fort à chacun de nous que rien mais alors rien ne peut nous séparer de l’Amour du Christ comme le proclamait Paul,  l’apôtre des gentils. En chaque événement de la vie, Dieu intervient et veut ardemment que nous déchiffrions son message. A chaque circonstance, il annonce la bonne nouvelle du passage : passage de la nuit à la lumière, passage de la rage  de la haine au baume du pardon et de l’amour, passage de forces de la mort à celles de la vie. Dans la vie de l’Afrique, ce procès pascal du passage opère encore dans le secret de l’histoire de chacun et de chaque peuple. A chaque instant, le Dieu de Moise et de Jésus Christ veut que nous effectuions un pas en avant, que traversions l’obstacle avec les forces de l’Amour et de la Paix. Proclamer Wojtyla bienheureux, c’est libérer le message divin selon lequel à tous les africains aussi décidés de suivre ce modèle de vie d’amour, le Ressuscité concède ce double pouvoir : le pouvoir de briser les chaines d’oppression  ou de servitude par les forces de l’amour et secundo, le pouvoir de devenir saint comme notre Père dans les cieux est saint… Comprenne qui pourra !

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