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    Goma :Des femmes se mettent au volant à n’importe quel prix

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    (Syfia Grands Lacs/RD Congo) A Goma, la capitale du Nord-Kivu, beaucoup de femmes conduisent. Certaines le font par nécessité, d’autres par effet de mode, pour épater. Pour cette dernière catégorie tous les moyens sont bons pour avoir un véhicule. Une attitude qui déséquilibre certains foyers et représente un danger pour la sécurité routière.

    Une femme chauffeur de taxi/Photo Internet

    Conduire pour trouver un travail, aider leurs maris ou… être vues au volant et montrer qu’elles ont changé de standing ! A Goma, les femmes souhaitent conduire pour diverses raisons. « J’ai appris pour le look, car j’enviais les autres conductrices. Le véhicule est ensuite devenu un besoin. Aujourd’hui j’en ai fait un business », raconte Solange, une étudiante.

    Avant 2009, il était rare de voir dans la capitale du Nord-Kivu une Congolaise conduire. Depuis, les hommes qui ont assez de moyens ont mis des voitures à leur disposition, ce qui a en quelque sorte crée une nouvelle classe d’épouses des hommes dits communément « forts », c’est-à-dire riches. Par effet de mode, les maris fortunés ont à tout prix cherché à acheter une voiture pour leurs conjointes. Celles qui ont des maris moins riches prennent même des crédits auprès de coopératives moyennant un gage ou une hypothèque dans le seul but de se procurer un véhicule. Avec un petit commerce comme la vente de souliers usagés ou la friperie, le plus souvent, elles ne parviennent pas à rembourser à temps et cela leur cause beaucoup d’ennuis. D’autres femmes, qui travaillent dans des entreprises publiques ou privées, économisent chaque mois. D’autres enfin répondent à tous les besoins d’hommes riches puis leur forcent la main pour qu’ils leur achètent des voitures. Ces mécènes se trouvent quelquefois ensuite confrontés aux dépenses de carburant ou de réparation des véhicules…

    S’endetter ou divorcer

    Certaines épouses vont jusqu’à rompre avec leurs maris quand ces derniers ne peuvent pas assumer financièrement. « Mon ex-femme m’a obligé à lui acheter un véhicule. Dans un premier temps, je louais pour elle une voiture, puis je me suis trouvé dans des difficultés financières et j’ai arrêté de le faire. Elle s’est donc arrangée elle-même avec les propriétaires de voitures avec des frais dont j’ignorais la provenance. Finalement, elle est partie vivre chez un autre homme qui avait plus de moyens que moi », se souvient un monsieur. Regrettant tout ce qu’il a perdu pour satisfaire son ex-épouse, il conclu : « J’ai appris qu’elle s’est séparée de son deuxième mari, car lui non plus n’était pas capable d’assouvir son désir. »

     Certaines femmes sont tellement obsédées par cette même idée qu’elles ne passent pas par les auto-écoles et apprennent à conduire dans leurs parcelles ou sur la voie publique. Avec tous les risques que cela comporte pour elles-mêmes et pour les autres… « C’est mon mari qui m’a appris. Lorsqu’il sortait, il me montrait comment manier le volant et les pédales. Je suis aujourd’hui capable de faire d’aller en ville avec notre voiture », assure F., rencontrée sur la route.

    Comme la plupart de ces dames ne passent pas par des écoles spécialisées, elles ne connaissent pas le code de la route et sont confrontées à toutes sortes de problèmes pour lire les panneaux de signalisation ou faire face aux embouteillages. A l’inverse, celles qui ont appris dans ces écoles et qui détiennent un certificat et un permis de conduire en règle après avoir réussi un examen pratique et théorique, sont recrutées en priorité par les ONG. James Hamuli, un activiste des droits humains, souhaite que les femmes soient sensibilisées. Il les encourage à passer par des écoles spécialisées et à prendre en compte la capacité financière de leurs maris pour ne pas créer des dépenses imprévues et des problèmes dans leurs foyers. « Avec l’afflux des véhicules à Goma et la parité en vogue, c’est tout à fait normal qu’elles conduisent, mais toutes ne procèdent pas de la bonne façon. »

    Par Vincent de Paul Rushago

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