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    Bas-Congo :Médias et Églises divisés sur la promotion des langues locales

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    Radio communautaire de Muanda/Photo Infobascongo

    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) En net recul par rapport au lingala, la “langue des stars” parlée à Kinshasa et dans l’armée, le kikongo et ses variantes locales connaissent un timide retour dans la province du Bas-Congo, où certains médias, Églises et écoles tentent de les promouvoir. Mais l’influence du lingala, très forte partout dans le pays, rend leur tâche difficile.

    Depuis 2010, le Réseau des médias associatifs et communautaires du Bas-Congo (Remacob), qui regroupe 27 radios, se bat pour que ses membres produisent l’essentiel de leurs programmes en kikongo. Ces radios diffusent deux fois par semaine dans cette langue, les émissions « Elections et radios » de proximité et « Route sans sida« , produites par le réseau. Président du Remacob, Lewis Nzita explique pourquoi ils se sont investis dans cette lutte : « Nos populations sont quasi analphabètes, dit-il. Et pour faire passer nos messages, il faut utiliser les langues locales. »

    Journaliste à la radio Ntemo de Mbanza-Ngungu (215 km de Matadi), Jean-Luc Kissakanda ajoute que cette initiative rencontre les exigences de bailleurs de fonds des radios communautaires, qui « veulent que l’information atteigne tout le monde. » Outre le kikongo, ces médias font usage des variantes du kikongo, comme le kitandu, le kiyombe, le kindibu, le kimboma ou le kimanianga. Ce qui est bien accueilli par certains auditeurs, qui créent des clubs d’écoute et interviennent lors des émissions à téléphone ouvert. « Vous ne pouvez pas vous imaginer le plaisir que je ressens lorsque j’écoute une émission dans laquelle les gens réagissent en kiyombe, ma langue maternelle« , s’exclame Blaise Malonda, un habitant de Kimpese.

     Contrer le lingala

    La station provinciale de la Radio télévision nationale, Rtnc, produit et diffuse aussi des émissions en kikongo. En 2008, les autorités provinciales avaient déjà fait cette recommandation à la Haute autorité des médias (actuel Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication). Car, la tendance à voir les autres langues nationales (swahili, tshiluba et kikongo) reculer progressivement face à la forte influence du lingala, langue de la capitale et des stars de la musique, mais aussi de l’armée, n’est pas toujours bien perçue en province.

    Ainsi, à Mbanza-Ngungu, l’Université Kongo d’obédience communautaire, a inscrit des cours d’initiation à la langue kongo dans son programme académique. Dans les écoles publiques du Bas-Congo, les enseignements sont aussi dispensés en kikongo dans les trois premières classes du primaire. Ce qui n’est pas du goût de certains parents. « Je ne vois pourquoi envoyer mon enfant dans ce genre d’écoles« , dit l’un d’eux, qui préfère un enseignement en français, la langue officielle en Rd Congo.

    Du côté des médias commerciaux, très soucieux de leur audience, le choix est cependant bien clair. « Avec le lingala, nous sommes certains d’atteindre une grande partie des téléspectateurs« , soutient un animateur de télévision de Matadi. Un autre estime que chanter en lingala, la langue des stars, « passe mieux. »

     Les ancêtres nous écoutent mieux…

    En campagne comme en ville, de nombreuses Églises du Réveil font aussi essentiellement leurs prêches en lingala. Un usage imposé, selon Armel Maboti de l’Église YHWH Sabahot, sous le régime Mobutu. En 2007, « les honneurs militaires commençaient aussi à être donnés en swahili, parce que le président Laurent-Désiré Kabila était d’une province (le Katanga, sud-est, Ndlr) où l’on parle cette langue« , tente aussi d’expliquer, sous anonymat, un sociologue qui estime que les régimes politiques peuvent avoir une grande influence sur la prépondérance d’une langue sur les autres.

    Armel Maboti est cependant d’avis que pour bien évangéliser dans un milieu donné, « il faut que les autochtones écoutent la parole de Dieu dans leur langue maternelle. » Convaincues de l’importance de l’usage d’une langue en tant que moyen de communication, quelques Églises autochtones ont aussi opéré leur choix. « Nous sommes à l’aise de parler à nos ancêtres en kikongo, car c’est notre langue. En plus, ils nous écoutent facilement« , affirme Nkaka Nzazi, de l’Église de Bangunza à Matadi.

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