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    Bas-Congo : non dénoncés, les ‘’pasteurs’’ auteurs des épreuves superstitieuses en paix

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    Une église de réveil à Kimpese/Infobascongo

    (Journalistes pour les Droits Humains/RDC) Au Bas-Congo au sud-ouest de Kinshasa, des ‘’pasteurs’’ jouent avec la crédulité des fidèles en leur faisant subir des pratiques superstitieuses pour les guérir. Conséquence : leur santé va empirant et beaucoup succombent parce qu’ils arrivent tardivement à l’hôpital. Malheureusement, les habitants ne portent que rarement plainte à la justice.

    Début mai, la fille d’un cameraman de la Radio -télévision nationale congolaise, chaîne provinciale du Bas-Congo est soumis à un traitement à l’église Association culturelle kintuadi(ACK), une église traditionnelle où prie son père. Malgré ‘’sa cure’’ sa santé allait empirant. Sa famille qui a senti le danger s’est imposée et l’a conduite à l’hôpital général de Kinkanda à Matadi. ‘’Elle a été sauvé de justesse après une transfusion et une perfusion parce qu’elle était faible et très pâle‘’, témoigne Patience Ngimbi, sa tante.

    Novembre dernier, une scène inédite a été observée à la brigade criminelle de Matadi, capitale du Bas-Congo. Une femme chancelante peinait à parler. Selon le responsable de la police, ‘’un jeune ‘’pasteur’’ d’une église de réveil a abusé d’elle après lui avoir administré une tisane qui devait l’aider à concevoir’’.

    Au Bas-Congo où foisonnent beaucoup d’églises de réveil et traditionnelles, des ‘’ pasteurs’’ jouent avec la crédulité des fidèles. Ils leurs retiennent dans leurs maisons ou églises avec promesse de les guérir de leurs maladies. Ils les soumettent à des jeûnes, prières intenses et breuvages. ‘’ Ils sont nos pères spirituels et souvent ils ne nous demandent rien’’, se justifie Christel Mvumbi de l’église ‘’Bonne semence’’ de Matadi.

    Pourtant, ils pouvaient se faire soigner dans les hôpitaux. Certains malades du Sida abandonnent les antirétroviraux… ‘’ Beaucoup arrivent dans un état grabataire à cause des traitements auxquels ils ont été soumis ’’, témoigne Dr Anne-Dédé Kinkela de l’hôpital général de référence de Seke-Banza à 80 km de Matadi.

    Selon Martin Luzolo, responsable de l’Eglise culturelle des noirs, une église traditionnelle de Gloria, un quartier pauvre et périphérique de la commune de Mvuzi à Matadi ‘’c’est Dieu qui a donné à l’homme l’intelligence de connaître les plantes qui guérissent. Si quelqu’un ne guérit pas ce qu’il n’a pas la foi’’, se défend-il.

    Moins de plaintes

    Cependant, quand ces fidèles ne recouvrent pas la santé, ils recourent enfin à l’hôpital. Mais souvent, c’est tard. Didier Mambweni, vice-président de la société civile du Kongo central à encore frais à l’esprit, la mort de sa grande sœur à l’hôpital général de Mvuzi en 2011. ’’ Nous aurions pu la sauver si elle n’avait pas passé le temps à l’église’ ’, regrette-t-il. Prêtre du diocèse de Matadi, l’Abbé Philibert Mayengele souligne que ‘’les gens aiment tellement les miracles qu’ils sont parfois trompés. ‘’ C’est Dieu qui guérit. Il faut que les fidèles soient prudents car, il y a beaucoup de mercenaires dans notre travail’’, averti l’Evêque Damien Lukoki, président provincial de l’église du réveil du Congo(ERC).

    Pourtant, le code pénal en son article 57 incrimine le comportement de ces ‘’hommes de Dieu’’. Il stipule : ‘’ les épreuves superstitieuses consistent à soumettre de gré ou de force une personne à un mal physique réel ou supposé, en vue de déduire des effets produits l’imputabilité d’un acte ou d’un événement ou toute autre conclusion. Elles sont punies d’une servitude pénale  d’un mois à deux ans et d’une amende. Ces peines sont doublées lorsque les épreuves pratiquées ont pour conséquence une maladie, une incapacité de travail personnel, la perte de l’usage absolu d’un organe, une mutilation grave ou la mort’’.

    Malheureusement, ils sont rares ceux qui portent plainte. C’est le cas de Mambweni. ‘’Ce n’est pas dans nos habitudes d’ester en justice mais aussi, on se demande si vous obtiendrai gain de cause. En plus, vous êtes appelés à payer des frais ‘’, se rebiffe-t-il. Ce que réfute Yav, magistrat au parquet de grande instance de Matadi. ‘’ Nous avons traités quelques cas et les coupables ont été punis’’. Patrick Yaleba, juge au tribunal de grande instance de Boma à 120 km de Matadi  encourage, lui aussi, les habitants à dénoncer. ‘’ Nous avons condamné un pasteur qui a retenu une femme qui avait piqué une crise au cours d’une veillée de prière au motif qu’elle allait la guérir. Elle en était morte pendant qu’on aurait pu la sauver à l’hôpital ’’, pense-t-il.

    Mettre de l’ordre

    L’ordre des médecins du Bas-Congo est aussi préoccupé des malades dont la santé se dégrade à cause des épreuves superstitieuses. ‘’ Il faut que l’Etat pose des normes car ailleurs, les malades sont soignés à l’hôpital et non chez des pasteurs’ ’, informe-t-il. Et l’Evêque Damien Lukoki de conclure :’’ L’Etat doit cesser de donner à n’importe qui l’autorisation d’ouvrir une église mais aussi, il doit veiller sur ce qui se fait dans les églises’’.

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