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mercredi, avril 24, 2024
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    Bukavu : Ne touche pas à mon swahili

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    Alphonse Nekwa, Directeur de publication d'Infobascongo

    En séjour au Sud-Kivu où je suis venu travailler avec des journalistes de cette province, une réalité attire mon attention à Bukavu, le chef-lieu. Elle serait la même dans d’autres recoins de cette province : les habitants conservent jalousement le Swahili leur langue. Ils ne parlent pas le Lingala comme au Bas-Congo.

    Il est 15 heures ce mardi de mars au Sud-Kivu. Je débarque à bord d’un Focker 50 de la Compagnie africaine d’aviation (CAA) dans cette province par l’aéroport de Kavumu. Silence radio !

    La première personne qui me guide au bureau de la Direction générale des migrations me parle en Swahili. Je n’entends rien mais, je comprends par les mouvements de mes devanciers que c’est dans un bureau que je dois me présenter. J’ai la peur au ventre, moi, qui ai dans ma tête, un seul refrain : insécurité à l’Est de la Rd Congo. Cependant, j’ai le cœur net lorsque je suis en face des messieurs vêtus en chemise bleu ciel et en pantalon bleu foncé. Ils sont officiers des migrations. Comme si ma tête ressemblait à quelqu’un du coin, il me pose une question en swahili. ‘’ Je parle français monsieur’’, lui repondis-je. Les formalités terminées, ce sont des portefaix qui viennent à moi. ‘’ Karibu !’’  ‘’ Karibu !‘’, me suis-je empressé de répondre avec joie (Karibu, bienvenu, Nldr). Cette salutation m’est familière.  Mais,le plaisir n’était que de courte durée. Sa deuxième phrase, c’est du charabia pour moi. Je m’approche d’un monsieur à qui je parle en français et qui m’apprend que je dois prendre place à bord d’un bus mis à la disposition des passagers. Nous voilà en route pour Bukavu, le chef-lieu du Sud-Kivu. Je découvre la beauté du lac, la verdure, les montagnes…Je ne peux pas partager cette admiration avec les autres passagers. Depuis l’aéroport, ils parlent sans cesse en swahili. Par moments, ils éclatent de rire. Je comprends que leur regard est une invitation à leur emboîter les pas. Ils n’avaient vraiment pas en tête qu’ils étaient en face d’un Nekongo qui ne connaît que : Karibu et Aksanti en swahili (Aksanti, merci, Ndlr).

    Une langue qui unit

    Vue de la place de l'Indépendance à Bukavu/Tresor Makunya

    En plein Bukavu, femmes, enfants, jeunes et vieux ne parlent que swahili. J’ai le cœur net lorsque Trésor Makunya, un journaliste vient m’accueillir. Il fait l’interprète quand il le faut. ‘’ Ici,nous subissons l’influence de l’Ouganda,Tanzanie…Le lingala est considérée comme la langue des voleurs, des militaires et des fonctionnaires qui proviennent de l’Ouest’’, m’explique-t-il. ‘’Dans les écoles primaires du Sud-Kivu,les enseignants apprennent les le ‘’Sarufi’’(la grammaire) et l’ ’’Usemi’’(l’élocution’’)’’, ajoute Jean Chrysostome Kijana, un autre journaliste. Pour un travailleur de l’hôtel ‘’Beveldère’’, ‘’le swahili est une langue qui nous unit. Par elle, nous véhiculons nos valeurs’’. Ce qui contraste avec la réalité du Bas-Congo.  Les habitants abandonnent le Kikongo au profit du Lingala.

    Au terme de deux jours à Bukavu, je n’ai pas encore entendu un seul mot en Lingala.

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