RDCongo Concertations nationales : un forum de trop ?

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Le Président Joseph Kabila

(Syfia Grands Lacs Rd Congo) Les concertations nationales congolaises qui démarrent le 7 septembre font courir la société civile et les partis politiques, dont certains ressuscitent pour l’occasion, espérant faire partie du gouvernement d’union nationale à l’issue de ces assises. Tous visent un partage des postes lucratifs plutôt que des solutions innovantes pour le pays.

Le Président Joseph Kabila
Le Président Joseph Kabila

Huit mois après l’annonce par le chef de l’Etat congolais Joseph Kabila d’organiser des concertations nationales pour « consolider la cohésion nationale », ces assises se matérialisent enfin. Prévu pour le 4 septembre, le début des travaux est reporté au 7 septembre à cause de l’absence du chef de l’Etat en négociation à Kampala. Les échanges doivent durer tout au plus vingt jours. Les états-généraux se dérouleront à Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.
Au total 700 personnes, représentant de l’Etat, des institutions, de la nation et des populations congolaises y sont conviées. Elles vont se mettre ensemble et réfléchir, échanger, « débattre des voies et moyens pour cimenter la cohésion nationale afin de faire échec à des idées funestes de balkanisation de la RD Congo ». Dans la capitale congolaise, ce forum suscite un bien réel engouement. Nombre d’acteurs sociopolitiques cherchent à y participer, attirés essentiellement par le lucre. D’autres participants espèrent obtenir un poste dans le cadre du gouvernement d’union nationale annoncé.

Le réveil des fossiles
Un journal de la place rapporte que rien que pour les six jours des travaux du Comité préparatoire dit Groupe de contact, les 34 délégués (majorité, opposition et société civile) ont touché 4.000 $ de per diem chacun. De nombreux opposants semblent aussi appâtés par les déclarations de Léon Kengo wa Dondo, président du Sénat et « co-présidium » des Concertations nationales. C’est lui qui a publiquement annoncé la formation d’un « gouvernement d’union nationale » comme un des objectifs ultimes desdites assises.
Depuis, des partis politiques ayant cessé de fonctionner effectivement, leurs sièges étant dégarnis de militants depuis belle lurette, ont refait surface. Un cartel dit des partis signataires de l’accord global et inclusif de Sun City a même vu le jour. A sa tête : Arthur Z’Ahidi Ngoma, un des anciens vice-présidents de la formule 1+4. Ce cartel s’illustre par de nombreuses réunions et déclarations se rapportant toutes aux concertations nationales.
Azarias Ruberwa, président du RCD et un des anciens quatre vice-présidents de la transition, a lui aussi refait surface. Il est sur tous les fronts, même si son parti a perdu de sa superbe.
La société civile est elle aussi bien présente dans sa diversité. Là également, les dissensions sont vives. Des groupes se sont créés pour mieux se positionner. Personne n’entend rater l’occasion. « Même si on ne peut pas parler de Sun City bis ou d’une Conférence nationale souveraine bis, ceux qui se bousculent au portillon du forum sont convaincus que Kabila va lâcher du lest pour arriver à ses fins, pense Me Paty Lendo de l’Opposition scientifique. Mais que peut-il offrir aux politiciens? »  Son propre camp réfute toute idée de remise en cause de l’ordre constitutionnel et institutionnel alors même que l’opposition ne jure que par un nouveau départ.

Un appât pour les politiciens  
Les opposants au dialogue proposé par Joseph Kabila y voient un appât pour les politiciens congolais peu habitués à demeurer longtemps dans l’opposition. Le maréchal Mobutu l’avait expérimenté et mis en œuvre durant la transition 1990-1997. Chaque fois qu’il se trouvait en difficulté, il proposait des négociations, en offrant le poste très convoité alors de premier ministre. Les leaders de l’opposition se battaient des mois pour trouver une solution, laissant Mobutu gérer le pays. Faustin Birindwa, Mungul-Diaka, Nguz-a-Karl lbond, Kengo wa Dondo… avaient mordu à l’hameçon, coiffant sur le poteau un Tshisekedi toujours exigeant et peu disposé à des compromis compromettants.
Pour Jean-Lucien Busa, Franck Diongo et Samy Badibanga, tous des élus de l’opposition, les concertations à venir ne résoudront aucun problème. « Ce forum n’a pour but que de donner une bouffée d’oxygène à Joseph Kabila », assènent-ils. Dans une déclaration commune, ils demandent à ne pas mordre à l’hameçon et se faire prendre au jeu de la majorité présidentielle qui « développe toute sorte de mécanismes destinés à contourner l’obstacle constitutionnel et à permettre à Joseph Kabila de se représenter aux présidentielles de 2016″
Pour les anti-concertations, ces prochaines consultations sont une rencontre de trop organisées au pays depuis 1960, dont la dernière en date est le Dialogue inter congolais. « Doit-on éternellement débattre des mêmes choses ? Doit-on, de façon répétitive établir les mêmes diagnostics, identifier les mêmes causes sans jamais s’y attaquer ? », s’interroge Me Pathy Lendo. Des questions que se posent également beaucoup de gens dans la rue dont certains préfèreraient que « les millions de dollars qui vont être dépensés pour ce forum soient donnés aux FARDC pour davantage les motiver et vaincre la guerre ».
Didier  Kebongo 

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