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    Interview:le bâtonnier Jacques Zakayi lègue le barreau d’un siège

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    Jacques Zakayi Mbumba, le bâtonnier du barreau de Matadi arrive fin mandat. Il  doit passer son bâton de commandement à un autre en octobre prochain. Après ces deux mandats successifs, il dit être satisfaits de ses six ans à la tête de ce barreau. Parmi ses œuvres: la construction de ‘’la maison du barreau.’’

    Le bâtonnier Jacques Zakayi/Infobascongo
    Le bâtonnier Jacques Zakayi/Infobascongo

    Infobascongo : Me Zakayi Mbumba, deux mandats à la tête du barreau. Quel sentiment vous anime maintenant que vous devez le quitter ?

    Me Zakayi Mbumba : C’est beaucoup plus un sentiment de responsabilité. Vous savez, c’est une lourde charge que de diriger un barreau surtout lorsque ce barreau là est, en terme de nombre d’avocats, en une croissance exponentielle. Ce n’est pas facile. Ce sont donc des grandes responsabilités que nous avons eu à assumer durant ces deux mandats.

    IBC : Fin mai, vous avez conduit une délégation des avocats du barreau de Matadi à Antalya, en Turquie participer à la coupe du monde de football des avocats (Mundiavocat), une manifestation biennale. Vous avez organisé des journées du barreau, assisté vos confrères en butte à des problèmes avec la justice, endeuillés, mariés, vous avez activé les travaux de construction de la cité des avocats, fait des témoignages pour la participation de vos confrères à des conférences, des stages…Est-ce assez éloquent pour vos mandats ?

    MZM : Oui, je crois que tout doit être inscrit dans le cadre de mon programme d’action. Toutes les activités là que vous avez énumérées font partie de mon programme d’action. C’était une première pour notre barreau de participer à cette coupe du monde des avocats. Nous avons également pu obtenir le jumelage avec le barreau d’Anvers,nous avons joué notre rôle de la défense des intérêts des avocats,nous avons également pu arracher le partenariat avec le Programme d’Appui à la Reforme de la Justice (PARJ),nous avons convaincu ce partenaire pour qu’il finance le bureau de consultation gratuite,nous avons représenté notre barreau à plusieurs conférences internationales. Lors d’une visite effectuée à la Cour Pénale Internationale (CPI), nous avons tout fait pour que les avocats de notre barreau y introduisent leur dossier. Aujourd’hui, une dizaine est à la CPI en tant qu’avocats-conseils. Par rapport à mon programme de 2008, je crois avoir réalisé les ¾ de ce que j’avais promis.

    IBC : Octobre 2011 vous êtes réélu à la tête du barreau de Matadi avec 266 voix, très loin devant vos poursuivants. Votre cheval de bataille pour vous, était de terminer la cité des avocats. Qu’en est-il aujourd’hui ?

    MZM : Nous avons mis notre temps pour construire le siège du barreau baptisé ‘’maison du barreau’’ par le conseil de l’ordre. Ce bâtiment qui se trouve sur le site de l’OEBK sera inauguré le 10 juillet de l’année en cours. C’est un barreau qui existe depuis 1982. Jusque là, il n’avait pas d’adresse propre. Maintenant, nous avons une adresse propre et un bâtiment à nous. Et un bâtiment pas de moindre. C’est un bâtiment à étage et nous avons fait notre travail. Nous allons inaugurer le rez-de-chaussée qui va abriter une grande salle des réunions, le bureau du bâtonnier et les membres du Conseil de l’ordre. ‘’La maison du barreau’’ est construite sur fond propre. Comme vous le savez, les cotisations annuelles des avocats sont les sources principales d’un barreau. Donc, nous avons construit ce siège avec les cotisations des avocats. Voilà pourquoi, ça nous a pris trop de temps. J’ai commencé cette construction en 2009. Ça nous appris 5 ans tout simplement puisqu’il fallait attendre que les avocats cotisent.

    IBC : Il faut reconnaître que pendant votre mandat, les relations n’ont pas toujours été au beau fixe avec les juges civiles et militaires. Les nombreuses actions menées à leur encontre le témoignent. Quelle a toujours été la pomme de discorde ?

    MZM : Le barreau, c’est une organisation des avocats. Ces derniers sont là pour faire leur travail. Celui-ci consiste à la défense des clients devant les cours et tribunaux, les offices, le parquet militaire ou civil. En 2010. un avocat a été arrêté. Pourtant, il avait fait son travail. Au fait, il a interjeté appel. Il avait une procuration spéciale en bon et du forme. Le deuxième cas, c’est un avocat qui a été mis au cachot pendant 15 minutes par un auditeur de garnison. Donc, vous voyez, dans ce genre des cas, l’avocat qui est, par essence, un défenseur des droits de l’homme,ses droits ne doivent pas être violés. Et lorsqu’ on commence à violer ses propres droits, l’avocat ne peut que réagir. Je crois que c’est ça la pomme de discorde.

    IBC : Beaucoup de gens pensent finalement que l’avocat est intouchable  ?

    MZM : Ce n’est pas vrai. La constitution même dit que tous les citoyens sont égaux. L’avocat qui commet une faute peut être sanctionné. Quand vous allez devant les cours et tribunaux ça et là, vous verrez que tel avocat est poursuivi pour telle infraction l’autre pour telle autre infraction. En ce qui concerne les disciplinaires ,c’est presque tous les derniers samedis du mois que les avocats y passent. Si c’est une infraction, la victime ne peut se plaindre devant le parquet ou devant la police. Mais moi, j’ai toujours souhaité que lorsqu’un avocat commet une faute qu’on vienne d’abord me voir. Tout simplement parce que de part mon expérience de 6 ans à la tête du barreau, j’ai constaté que l’avocat a beaucoup ‘’plus peur pour’’ être jugé par son conseil de l’ordre que devant les cours et tribunaux. Parce que s’il est jugé devant le conseil de l’ordre, il sait qu’il peut écoper d’une sanction de radiation par exemple, de suspension. Il ne va plus exercer donc ça sera une sorte de mort de sa carrière d’avocat. Mais lorsque vous l’emmenez au parquet devant les juges,je ne suis pas contre ça mais nous savons ce qui peut bien se passer pour que cet avocat échappe aux sanctions pénales qui peuvent lui être infligé.

    IBC : Que doit être l’apport du gouvernement provincial pour le rayonnement du barreau ?

    MZM : Je crois que l’apport du gouvernement provincial devrait beaucoup plus être tourné sur les activités du barreau. Je dois vous dire que dans mon entendement, le gouvernement provincial est attiré par les activités des cours et tribunaux que celles du barreau. Dans le cadre de bureau de consultation gratuite, le gouverneur de province devait donner au barreau un moyen de locomotion pour permettre à ce bureau de fonctionner. Ce bureau compte aujourd’hui cinq sections locales : Matadi, Kisantu, Mbanza-Ngungu, Boma, Tshela.

    IBC : En dépit du travail que vous avez abattu, les justiciables continuent de se méfier des avocats en général à cause notamment du racolage et autres abus. Quelle thérapeutique finalement ?

    MZM : Ça, c’est un problème qui existe dans tous les barreaux surtout lorsque le nombre d’avocats s’accroît. Nous sommes à Matadi et j’ai plus de 200 avocats. Il n y a pas beaucoup de dossiers. Alors la tendance pour les jeunes confrères, c’est de faire le racolage,c’est d’aller voir les gens qui ont des problèmes pour qu’ils les assistent devant les cours et tribunaux. J’en suis au courant. Nous ne pouvons tolérer la violation des règles déontologiques. C’est pourquoi, nous n’hésitons pas à sanctionner ces avocats devant le conseil de l’ordre.

    IBC : Quel doit être le bon profil de votre successeur à la tête du barreau?

    MZM : (rire) D’abord, c’est la continuité. Je vous ai dit que le siège du barreau est un bâtiment à étage. Je vais inaugurer le rez-de-chaussée. J’ai déjà mis la dalle. Je souhaiterai que mon successeur termine le dessus. Au fait, le dessus est réservé pour la salle de fête pour le développement de notre barreau. En tout cas, c’est la décision prise dernièrement par le Conseil de l’ordre. Ça permettra au barreau de Matadi de générer les recettes. Partout ailleurs au monde, il y a des barreaux qui gèrent les immeubles, des barreaux qui génèrent suffisamment des recettes mensuellement. Je souhaiterai vraiment que mon successeur continue avec le dessus. Parce que s’il ne le fait pas,je veux revenir en 2017 pour terminer mon œuvre.

    IBC : Quel est le vrai héritage que lègue le bâtonnier Zakayi ?

    MZM : C’est le siège du barreau. Ça, c’est un grand héritage. D’ailleurs, le mot que je prépare est beaucoup plus significatif. Le mot qu’on va placer sur la porte principale. Donc, je laisse mon nom dans les annales de l’histoire du barreau de Matadi avec le siège du barreau.

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