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    Interview : La Parole au Dr Jean-Fidèle Kaluila : ‘’…Le Kongo Central est l’un des berceaux de la drépanocytose en RDC’’

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    Dr Jean Fidèle Kaluila/Infobascongo
    Dr Jean Fidèle Kaluila/Infobascongo

    En Rd Congo, un tiers de la population est AS. Seule la sensibilisation peut éviter les conséquences de la maladie. Et, la prise en charge tôt des nourrissons permet d’éviter la mortalité avant 5 ans. La journée mondiale de la lutte contre la drépanocytose, c’est ce 19 juin. Dr Jean-Fidèle Kaluila parle de la lutte contre cette maladie.

    Infobascongo (IFB) : Docteur Jean-Fidèle Kaluila.Vous êtes spécialiste en drépanocytose, expert au Programme national de lutte contre la drépanocytose, médecin visiteur à Saint-Gérard à Matadi au Kongo central. Quelle est la situation actuelle du Kongo central par rapport à cette maladie ?

    Dr Jean-Fidèle Kaluila (JFK) : Le Kongo Central n’a pas vraiment connu des avancées. Personnellement, j’ai commencé la lutte contre la drépanocytose dans cette province en 2006 sur invitation du père Hubert Nguamo, à Saint-Gérard, à Matadi. Depuis, la lutte se limite à cet hôpital. Et dans tout le Kongo Central, seuls Saint-Gérard et Saint Luc de Kisantu font la prise en charge médicale des drépanocytaires. En dehors de ces deux formations médicales, c’est difficile de soigner un malade correctement. Pourtant, la situation de la province est alarmante. Selon les statistiques internationales,l’Afrique regorge de 9 cas sur 10 drépanocytaires dans le monde. Ils se localisent dans l’Afrique centrale et de l’Ouest. La Rd Congo est l’un des pays les plus touchés, principalement dans sa partie Ouest (Kongo Central, Kinshasa, Bandundu, deux Kasaï et une partie de l’Equateur.). Le Kongo Central est l’un des berceaux de la drépanocytose dans notre pays.

    IBC : Pour cette année, l’accent est mis sur le dépistage néonatal de la drépanocytose. Pourquoi ?
    JFK : Il faut dépister précocement les enfants pour réduire la gravité de la maladie. Mais nous attendons l’âge de 6 mois ou quand la maladie se déclare pour commencer à soigner l’enfant. Ce qui n’est pas le cas ailleurs. Le dépistage néonatal veut dire dépister l’enfant au 3ème jour de sa vie. S’il est drépanocytaire, on commence la prise en charge thérapeutique pour expliquer aux parents comment le prendre en charge déjà à deux mois. Les enfants soignés de cette façon ne meurent plus avant 5 ans. Au cas contraire, ces bébés drépanocytaires meurent avant 5 ans et ils représentent 80%. Donc, pour diminuer cette proportion des décès précoces, il faut ce dépistage néonatal. En RdCongo, cet examen existe mais dans une ou deux formations médicales privées, à Kinshasa, la capitale. Il est gratuit.
    Au Kongo Central, les enfants drépanocytaires ne sont pas pris en charge correctement. Comme je vous ai dit deux hôpitaux seulement s’occupent de cette catégorie d’enfant. Selon le calcul, la prise en charge correcte d’un drépanocytaire coûte au minimum 1000 $ à 1500$ pour une année. Nous recevons des gens de Tshela, de Moanda, Angola(Cabinda et Soyo) …Aujourd’hui, 60% des enfants ne meurent plus avant 5 ans. Un enfant bien suivi peut grandir et mener une vie normale voire se marier,fonder une famille.
    IBC : Docteur, dites-nous, c’est quoi la drépanocytose, l’anémie SS ?
    JFK : Il y a une nette différence. La drépanocytose est l’ensemble de tous les hémoglobines anormales (S, C, D, O). L’anémie SS ne concerne que l’hémoglobine. Un enfant ne peut naître drépanocytaire que si ses parents sont porteurs des traits drépanocytaires. En d’autres termes,ses parents sont soient AS pour l’Afrique centrale. Pour l’Afrique del’Ouest, ils sont AC, AD pour l’Inde et le Pakistan, AE en Chine,Thaïlande. Toutes ces hémoglobines (S, C, D, E, O arabe) sont anormales. Quand ils se retrouvent à deux, ils forment une maladie de l’hémoglobine. Les parents ne sont pas malades plutôt porteurs des traits qui transmettent la maladie.

    IBC : Comment alors prévenir cette maladie surtout lorsque deux partenaires s’aiment vraiment?
    JFK : Dans notre pays, un tiers de la population est AS. Il faut faire attention. Deux partenaires AS peuvent transmettre la maladie à l’enfant avec probabilité de 25%. La communauté doit être sensibilisée. Parfois l’amour aveugle les couples au point de prendre le risque d’avoir des enfants malades qui vont souffrir toute la vie.
    En Afrique, on ne s’aime pas pour rester sans enfants mais pour fonder une famille. Ces enfants non pris en charge correctement souffrent terriblement. Fragiles, ils sont transfusés régulièrement. Et il faudra lutter chaque fois contre les infections. C’est grave de se marier dans ce genre de situation disant que Dieu va agir. Une fois,l’enfant drépanocytaire naît, c’est la maman qui est la première victime. Il y a dénie de la paternité. Certains couples arrivent à divorcer. Donc, il faut se faire dépister et changer de comportement. Une électrophorèse d’hémoglobine coûte entre 20 à 25 $. Ce montant ,c’est rien par rapport au coût de la vie.

    IBC : Selon une source, les recherches sont avancées. Aujourd’hui,deux partenaires AS peuvent avoir des enfants non drépanocytaires. Il suffit pour eux de suivre un traitement de six mois. Qu’en dites-vous ?
    JFK : C’est la thèse de quelqu’un qui voulait défendre pour devenir professeur d’université. Ce travail scientifique a été rejeté à trois reprises puisque son concept était faux. Il donnait des médicaments disant que cela allait modifier les génomes du bébé. C’est impossible. Je lui ai même démontré cela. J’ai eu à amener quelques enfants en Belgique puisqu’il doutait du diagnostic de Kinshasa. Le laboratoire belge a confirmé que les enfants soumis à ce traitement étaient drépanocytaires. Sa thèse a été rejetée définitivement. Actuellement,je connais un guérisseur infirmier A4 qui a implanté un centre à Matadi avec son fils, mon ancien étudiant. Ils font croire aux gens qu’une purge des feuilles peut guérir la drépanocytose. C’est faux !

    IBC : Quel doit être l’apport du gouvernement provincial du Kongo central dans la lutte contre la drépanocytose ?
    JFK : Cette lutte doit être l’affaire du gouvernement et non de Saint-Gérard et Saint Luc. Il doit multiplier les centres, équiper les laboratoires capables de diagnostiquer la maladie. Le gouvernement provincial doit mener des campagnes de sensibilisation et le dépistage régulièrement. C’est une maladie qui nécessite l’implication de tout le monde. Que les communautés religieuses exigent les examens prénuptiaux avant le mariage non pour séparer les couples mais pour les prévenir. Notre action est limitée. Du moins, nous remercions le gouvernement provincial pour son soutien. Simon Mbatshi, alors gouverneur et Deo Nkusu, son vice-gouverneur nous ont beaucoup assistés. Ces derniers nous ont même doté d’une ambulance. Nous bénéficions aussi du soutien de l’actuel gouvernement provincial. La dernière fois, c’était lors des 10 ans d’existence de Saint- Gérard.

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    1 COMMENTAIRE

    1. il doit faire de campagnes et sensibilisations dans cette province de kongo central car la plupart des la population dans cette milieu croiyent que la drèpanocytose est une de maladie. en sorcelle.par contre les manque d information en ce qui concerne la drepanocytose continu accroitrer leur ignorance.

      c est pourquoi il est primondial de le faire non seulement pour ce 19 juin mais aussi long temps que possible pour reduir ce taux de mortalite et cette tâche ne revient pas seulement aux medecin specialiste de cette maladie mais a tout autres corps medical.

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