Bas-Congo : la déforestation tue les sources d’eau

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source d'eau dans un village du Bas-Congo/Infobascongo

source d'eau dans un village du Bas-Congo/Infobascongo

Au Bas-Congo au sud-ouest de Kinshasa, les habitants des milieux ruraux dépendent à 90 % des sources d’eau situées dans la forêt. Nombre de celles-ci non entretenues, menacées par les cultures à proximité et la déforestation sont aujourd’hui polluées.

Des jeunes de Nsanda Kikiama défrichent un champ en ce début de mars en amont de Mampezo, l’unique source d’eau de ce village du territoire de Sekebanza dans le district du Bas-Fleuve. Mais ils ne se soucient guère des herbes et de la terre qu’ils laissent tomber dans l’eau qui devient trouble. « Elle va ruisseler », tente de justifier l’un d’eux. Non loin de là, des femmes nettoient des habits sur un tronc d’arbre tandis que d’autres attendent de puiser de la même eau qui va servir pour la cuisson et même pour la boisson.
Depuis près de 10 ans, la pompe hydraulique de ce village de plus de 1 000 habitants est abîmée, tout le monde se rue sur Mampezo. « Nous n’y pouvons rien car, toutes les démarches amorcées auprès des autorités n’ont pas abouti. Nous avons tenté avec nos moyens, mais nos cotisations sont faibles », regrette Raphaël Mansanga, le président du comité local.
« Dans 90% des zones rurales, les habitants dépendent des sources d’eau situées dans les forêts », rapporte le Programme des Nations-Unies pour l’environnement (PNUE)… Malheureusement au Bas-Congo, les paysans recherchent les terres à proximité des sources d’eau pour couper les arbres, fabriquer la braise ou pour pratiquer des cultures maraîchères. « Ce sont ces cultures qui ne rapportent malheureusement pas gros », explique César Makalayeto, un agronome qui pratique le maraîchage à Boko à 15 km de Matadi.

Pollution
Cette recherche effrénée porte un coup dur aux sources qui ne sont plus protégées. « La déforestation cause un déséquilibre écologique. Elle fait disparaître la biodiversité et détruit l’eau qui peut aussi tarir, regrette Christian Pululu, environnementaliste. Pour Bruno Kitsiaka, ingénieur agronome « la déforestation dénude le sol et l’expose au soleil. Ce qui diminue le débit de l’eau, provoque des érosions et amenuise les rivières ».
Les analyses que l’Office congolais de contrôle a réalisées sur la source de Kenge à 30 km de Matadi démontrent que cette eau est impropre à la consommation. Kisonga, village sur la route nationale Matadi-Kinshasa, réputée dans la préparation de chickwangues a perdu sa renommée. Les voyageurs évitent désormais de s’y arrêter à cause des maladies. « Leurs chickwangues ont perdu de leur superbe car l’eau de source utilisée pour les fabriquer est polluée », explique un routier. Mais les conséquences vont au-delà. « 80% des maladies traitées à l’hôpital de Kisonga, sont d’origine hydrique », affirme l’infirmier titulaire. Même situation dans les hôpitaux de l’aire de santé de Manzi en territoire de Sekebanza. Ce qui explique la forte mortalité des enfants en bas âge. Pour éviter ces conséquences, Pululu conseille de ne pas cultiver à proximité des sources d’eau, de cultiver au contraire des plantes comme le cyperus papyrus, Alchornea Cordifolia…qui protègent l’eau.

ENCADRE

RD Congo
Rendez-vous manqué pour atteindre les OMD sur l’eau potable

« La RDC ne saura pas atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) à l’échéance 2015″, selon Fidèle Sarassoro, coordonnateur résident du système des Nations Unies. En ce qui concerne l’eau potable, poursuit-il, plus de la moitié des Congolais n’y ont pas accès ». Pourtant, un des buts des OMD est notamment de « réduire de moitié, d’ici à 2015, la proportion de la population n’ayant pas accès de manière durable à un approvisionnement en eau potable et à un système d’assainissement de base ».
Pour l’Unicef « de nombreux enfants meurent chaque année à cause de la diarrhée associée à la mauvaise qualité de l’eau ». Pour réduire ce taux de mortalité, cette agence de l’ONU a lancé un programme dit « écoles et villages assainis » qui consiste à améliorer l’accès aux besoins de base.
Au Bas-Congo, plusieurs écoles et villages sont désormais déclarés assainis, c’est-à-dire qu’ils respectent les règles d’hygiène de base. « Ces actions ont réduit le taux de mortalité lié aux maladies d’origine hydrique, reconnaît Oscar Mavila, médecin inspecteur provincial du Bas-Congo. Malheureusement, ces efforts ne sont pas suffisants. L’eau potable demeure encore un casse-tête pour de nombreuses personnes ».

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