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    Bukavu : quand les maisons leur barrent la route, les pluies se vengent

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    Bloquées par les constructions illégales, sans passage dans les canalisations, sans zones d’épandage, les eaux des pluies provoquent des inondations et des éboulements parfois meurtriers à Bukavu. Les ultimatums des autorités pour détruire les maisons qui perturbent leur évacuation restent lettres mortes.

    « Ce gros mur de soutènement s’est écroulé après 22 h sur la maisonnette en planches de la vieille femme qui vivait seule avec son petit-fils d’environ 10 ans. Ils sont tous deux morts ensevelis », témoignait fin janvier une voisine de la famille endeuillée sur la populeuse et abrupte avenue Milima surplombant la rivière Ruzizi à Bukavu, capitale du Sud Kivu. Non loin de là, deux semaines plus tôt, les eaux des pluies avaient emporté un enfant de 4 ans sur l’avenue Irhambo. « Mon benjamin cherchait à ramasser un jouet charrié par le ruisseau Mukukwe. Son corps a été ramassé quatre jours après sa mort dans la Ruzizi. Nous avons fui les érosions de Funu dans les hauteurs de la ville pour venir mourir dans ces marais », pleure sa mère, vendeuse de tomates au marché de Nyawera.
    Pareilles scènes macabres se reproduisent régulièrement sur certains sites impropres à la construction dans la ville. A la moindre averse, les habitants de ces quartiers vivent dans une grande peur. Et pourtant, ils continuent à bâtir au vu et au su des autorités qui se limitent à des menaces et ultimatums. A chaque pluie, d’énormes quantités d’eau inondent ou charrient des maisons et emportent des vies humaines.

    Plus de 10 morts en 2012
    Innocent Bayubasire du service provincial de l’environnement estime que plus d’une dizaine de personnes sont ainsi mortes à Bukavu en 2012. La plus meurtrière catastrophe est le débordement furieux de la rivière Chula qui a tué d’un coup huit personnes sur la colline de Kalengera, un site où les maisons sont construites sur un sol mouvant. « Les constructions augmentent, le volume des eaux de ruissellement aussi mais le nombre de canalisations de ces eaux ne suit pas. Des sites impropres à la construction, comme les flancs de la rivière Ruzizi, les marécages de la Mukukwe ou les pentes abruptes du quartier Funu sont envahis. Bon nombre de ces habitants détiennent des titres de propriété que certains chefs de quartier leur délivrent sans en avoir la qualité », s’étonne I. Bayubasire. S’y ajoute un déboisement incontrôlé qui accélère l’érosion.
    La ville est saturée et envahie par des personnes venant des milieux ruraux où l’insécurité règne… « Le colonisateur belge avait planifié que les communes de Kadutu et de Bagira hébergerait chacune 12 000 habitants mais la ville compterait aujourd’hui plus de 800 000 âmes », fait observer Rigobert Birembano, enseignant à l’Institut supérieur pédagogique (ISP). Pour ce géographe, il n’est pas indiqué de construire dans des marais qui se tassent ni sur des pentes, comme celle de Funu, qui s’érodent. « Funu était jadis fort boisé pour éviter les érosions. La construction du collecteur de ce quartier qui a commencé vers les années 1980, reste inachevée. Les marais de Mukukwe qui étaient une fourragère pour nourrir les chevaux du Cercle hippique, sont envahis par des constructions », regrette Jean Moreau Tubibu, né à Bukavu.

    Juste des ultimatums …
    Pour I. Bayubasire, les habitants devraient construire des gouttières qui amèneraient les eaux des pluies vers des canalisations publiques, aménager un grand canal dans les marais de Mukukwe, évacuer la population de Funu et étendre la ville.
    Le bourgmestre de la commune d’Ibanda, Douglas Dunia Mukome avait donné, en mai 2012, aux habitants de l’avenue Milima un ultimatum d’une semaine pour détruire d’eux-mêmes leurs maisons construites sur le flanc de la Ruzizi, sinon l’Etat s’en chargerait. « Cette rivière régionale appartient non seulement à la Rd Congo mais aussi au Rwanda et au Burundi », avait-il tonné. Les habitants y sont encore, affirmant détenir des documents du service de l’urbanisme. Ceux de la marécageuse avenue Irhambo achètent des tonnes de terre pour élever leurs parcelles ou construisent des maisons en planches de plusieurs niveaux. Papy Bulambo un taximan de 24 ans se vante d’y avoir acheté 1 500 $ une cabane en terre battue sur une parcelle de 12 mètres sur 8. Certes ce n’est pas cher mais risqué.

    Dieudonné Malekera

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