L’eau en sachet garde la cote en RD Congo malgré les mises en garde sur sa qualité et l’interdiction d’en vendre. Elle reste la seule eau à peu près « potable » accessible à un grand nombre de citadins. Exemple à Matadi.
Les vendeurs d’eau en sachet de Matadi, à 365 km à l’ouest de Kinshasa, sont actuellement les plus heureux des hommes. La chaleur est caniculaire et ils n’ont pas de mal à écouler leur marchandise sur les routes ou grandes artères à ceux qui veulent étancher leur soif. Comme Anita Tsunda, une habitante, qui boit cette ’eau pure’’, critiquée par beaucoup à cause de son goût parfois visqueux. « Je suis consciente que la qualité de cette eau n’est pas toujours bonne. Mais avec ce soleil, dépenser chaque fois 500 FC (0,5 $) pour une bouteille de Canadian (ndlr, une marque d’eau en bouteilles) c’est trop cher. 100 FC (0,1$) pour un sachet, mon budget ne va pas bouger », déclare-t-elle.
Roger Lusika, vendeur dans une pharmacie, à Biwewe, l’un des quartiers pauvres de la commune de Nzanza, a lui bien du mal à écouler sa marchandise. « Je vends à peine une ou deux bouteilles de 0,33 cl à 500 FC (0,5$) et 1,5 litres à 900 FC (1$) seulement par jour. » Cette eau en bouteille est hors de portée de la plupart des consommateurs.
D’autres se contentent même de bouillir l’eau de la Regideso ce que les responsables de cette société contre indiquent. « L’eau de la Regideso est potable. La bouillir, c’est éliminer les éléments nutritifs. Par exemple, le chlore s’évapore avec la chaleur », précise Philippe Bambi, chef de division technique à la Regideso Bas-Congo.
Bien que critiquées, les autorités de ses entreprises d’eau en sachet assurent que ‘’l’eau en sachet est bien traitée. Elle provient de la Regideso. Grâce à notre machine, cette eau puisée est purifiée avec un désinfectant. Pour ce faire, nous procédons par quatre opérations. Vous n’êtes pas sans savoir que les tuyaux de la Régideso sont vétustes, parfois troués. En plus, nous utilisons les emballages biodégradables », se défend Francis Adebayo, chef d’agence du Congo Eau Pure, même s’il reconnaît que certaines entreprises ne sont pas aussi rigoureuses.
Que boire, à part les onéreuses bouteilles, pour être sûr de boire de l’eau potable sans risque ? Pour beaucoup, c’est cette eau en sachet ou rien. C’est sans doute pour cette raison que la décision de Rémy Musungay, ministre de l’Industrie, petites et moyennes entreprises, prise mi-juillet 2012, d’interdire la vente d’eau en sachet n’est toujours pas appliquée. « C’est dans le souci, disait-il, de préserver l’environnement et d’améliorer les conditions de vie des populations. » Mais qu’est-il proposé pour remplacer ces sachets ?
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