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    Bas-Congo : Les malades du sida payent le prix fort

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    Les Oac des personnes vivant avec le VIH en assemblée élective/Infobascongo

    (InfoSud-RCN/Syfia) Le nombre de décès dus au sida augmente au Bas-Congo. En cause : le manque de médicaments et de prise en charge. Pourtant la loi garantit aux malades la gratuité des soins…

    Les malades du sida sont-ils bien soignés en RDC ? « Cent cinquante-cinq personnes vivant avec le VIH sont mortes en 2012 », d’après Isidore Mabiala, secrétaire exécutif provincial du Programme multisectoriel de lutte contre le sida (PNMLS). Chiffre à comparer aux 54 décès de 2011, signale Paul Mavungu, secrétaire exécutif de l’Union congolaise des organisations des personnes vivant avec le VIH/sida au Bas-Congo (UCOP+). La situation se dégrade donc.

    Mais elle était prévisible. Il y a maintenant trois ans fermait l’association Avenir meilleur pour les orphelins du sida (AMO-Congo) : la plus grande structure de lutte contre le sida en RDC. Elle seule distribuait les antirétroviraux indispensables à la survie des malades, en plus de les prendre en charge et d’assurer leur suivi médical.

    Cette fermeture est la conséquence de la fin d’un financement ayant duré cinq ans des coopérations britanniques et américaines, ainsi que du Fond mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, un organe des Nations unies. L’Etat congolais avait pris l’engagement d’assurer le suivi de la prise en charge des malades (plus de 5000) dans les structures sanitaires publiques. Las, vu le grand nombre de patients, celles-ci doivent faire face à une pénurie d’antirétroviraux.

    Accès aux soins

    Aujourd’hui, beaucoup de malades du sida n’ont pas accès aux soins dont ils ont besoin. « C’est un danger : sans antirétroviraux, les malades contractent des affections et développent des résistances qui les condamnent, à terme, à la mort », explique le Dr Marcel Mbaya, spécialiste dans les prise en charge de ces patients.

    Au problème du manque de médicaments vient s’ajouter celui de l’insuffisance de matériel de soin. Ainsi, par exemple, d’un appareil de dosage qui permet de savoir comment les médicaments agissent dans le corps. Les malades peuvent y avoir accès dans des structures médicales privées, mais au prix de 5$. Les soins pour les infections opportunistes (tuberculose, zona, fièvres, typhoïde, méningite, hépatite…) coûtent dans les 25$.

    Alors que le corps des malades est affaibli, il est d’autant plus important de se nourrir correctement. Or, là aussi, le bât blesse : « La prise en charge est un paquet. Mais les victimes du VIH sont souvent pauvres, elles n’ont les moyens ni de se fournir des médicaments, ni de manger correctement », rappelle Paul Mavungu.

    L’Etat en cause

    En cause : l’Etat qui ne remplit pas ses obligations. L’article 11 de la loi portant protection des personnes vivant avec le VIH mérite d’être cité en entier. Il stipule que « l’Etat assure gratuitement l’accès aux soins de prévention, aux traitements et à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH/sida dans les établissements publics et privés intégrés dans la stratégie des soins de santé primaires. A cet effet, il met en place et organise les structures nécessaires à la prévention ; à la prise en charge et à l’accompagnement psychologique, social, économique et juridique des personnes vivant avec le VIH/sida ainsi que des personnes affectées ». Quant aux articles 12 et 5, ils rappellent que l’Etat doit rendre accessibles les médicaments et engager une politique de recherche active sur la prévention de la maladie, rappelle Me Roger Mombo, avocat à Matadi. « Agir autrement est une violation flagrante de la loi. »

    Le 1er décembre 2012, journée internationale de lutte contre le sida, les malades ne se sont pas joints à la manifestation. Le thème du jour avait pourtant une tonalité volontariste : « Zéro nouvelle infection au VIH, zéro discrimination et zéro décès liés au sida ». « Nous mettrons les moyens pour atteindre cet objectif évoqué dans le discours du chef de l’Etat qui veut une génération sans sida », avait promis Deo Nkusu, le gouverneur intérimaire. Objectif à atteindre d’ici 2015…

    « Nous n’y avions pas été associés », assure sobrement Paul Mavungu. Mais un malade nous glisse que « c’était une façon d’exprimer notre indignation » face au gouffre entre les discours et les faits.

    Hélène Sodi

     

     

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