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    Une Congolaise dans le nouveau gouvernement italien

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    Quand l’Afrique vole au secours de l’occident!

    Cecile Kyenge, la ministre italienne de l'intégration
    Cecile Kyenge, la ministre italienne de l'intégration

    Depuis samedi 27 avril 2013, l’Italie a un nouveau gouvernement  d’union nationale dirigé par Enrico Letta mais il importe de souligner ce fait inédit : la présence parmi ses 21 ministres de Cécile Kyenge Kashetu, la ministre d’origine congolaise chargée du ministère de l’intégration. Une noire dans les arcanes du pouvoir  transalpin: du jamais vu sans les annales de l’histoire italienne ! Nous allons essayer d’approfondir cet événement historique en identifiant le bénéfice politique que pourrait engranger le peuple congolais et la précieuse aide que cela pourra porter à la nouvelle Europe qui, sans le vouloir,  devient de plus en plus mixte et plus métissée.

    1. 1. Le miroir d’une immigration positive…

    L’itinéraire politique de la néoministre italienne est en soi une leçon de vie. Partie de son pays natal, la RDC, à l’âge de 19 ans, Cécile Kyenge rejoint l’Italie où elle fera toutes ses études universitaires. Elle passera un diplôme universitaire italien de médecine et chirurgie à l’université catholique de Sacré-Cœur, avant de se spécialiser en ophtalmologie  à l’université de Modène et Reggio Emilia.

    C’est en tant qu’ophtalmologue qu’elle exercera pendant dix ans dans la clinique de Reggio avant de débarquer dans une clinique conventionnée avec l’Ausl. Mariée à Domenico, un ingénieur italien et mère de deux filles âgées de 17 et de 19 ans, elle se distingue par un grand engagement en faveur des sans-voix.  Elle est fondatrice ou cofondatrice de plusieurs associations pour la défense des droits de migrants comme Dawa, l’association pour la diaspora africaine, la Maison des Cultures de Modena, le Réseau du 1er mars qui durant l’année 2010 lança la célèbre grève des travailleurs migrants pour démontrer la grande force sociale de nouveaux arrivants. Cette intense activité n faveur des déshérités, elle la déploie avec les couleurs politiques du Parti Démocratique. Ce n’est pas en vain qu’elle est abord élue comme conseillère communale puis conseillère provinciale et en février 2013 comme députée PD au parlement italien avant d’être nommée au ministère de l’intégration.

    Naturalisée italienne, elle n’oublie point d’où elle est venue. Elle obtint le jumelage entre l’université de Modena et celle de Lubumbashi. Elle milite pour recadrer des jeunes étudiants fraichement arrivés sur le sol italien, se fait le porte-étendard du combat des immigrés débarqués à Lampedusa et en faveur desquels il réclame un statut de reconnaissance qui le fasse sortir de la clandestinité où ils courent le risque de devenir la proie des employeurs qui les utilisent comme des esclaves du XXIe siècle. Et cerise sur le gâteau, elle se bat bec et ongle pour la reconnaissance du ius solis, ce droit de sol qui permet à tout bébé de famille d’immigrants né sur le sol italien d’acquérir  de droit la nationalité italienne.

    Cécile Kyenge avec qui j’ai coorganisé à trois reprises les journées africaines en Italie fait partie de cette crème intellectuelle dont le peuple congolais peut être fier. Je garde d’elle le souvenir d’une femme leader, honnête, loyale, cohérente et pour tout dire une bénédiction pour le peuple italien au service duquel elle est devenue ministre. Ses faits et gestes contraignent l’opinion publique à démasquer les mensonges des auteurs de théories de la supériorité de certaines races sur d’autres. Lors de conférences que j’ai animées avec elle, j’ai eu à comprendre qu’elle n’a pas sa langue en poche. Elle ne tremble devant personne. Elle se fait à tout moment le défenseur de l’Afrique et les immigrants venus d’autres continents tels l’Asie et l’Amérique du Sud ou l’Europe de l’Est se reconnaissent dans son combat politique. Voilà pourquoi sa nomination a fait du bruit ce week-end. Qu’on soit pour ou contre sa personne, sa nomination ne laisse personne indifférent tant il est vrai qu’elle ouvre une page nouvelle dans l’histoire politique de ce pays et dans les nouvelles possibilités des migrants à l’aube de ce XXIe siècle.

    1. 2. Une nomination très importante pour le peuple congolais.

    Dans son ouvrage sous presse intitulé BMW comme armes de distraction massive, l’auteur de ces lignes passe au scalpel le sombre décor que voile l’usage à outrance par le peuple congolais de la bière, de la musique et de la féminitude. Il démasque ainsi les stratégies des puissants de ce monde et de leurs marionnettes africaines de pousser le peuple congolais dans cette direction en vue de requalifier son identité voire son essence ontologique en un peuple bon à rien sinon à danser, à boire et à forniquer. J’ai mis en exergue la stratégie de la communication politique de l’injure bmw affublée sur les congolais et ses glissements sémantiques  à faire passer aux yeux de l’opinion internationale  cette fausse opinion selon laquelle les congolais ne peuvent rien apporter de bon dans le concert de nations.

    La nomination d’une congolaise au gouvernement italien après celle de la nomination comme sous-secrétaire de Gisèle Mandaïla au gouvernement fédéral belge sont des signes évidents que le peuple congolais peuvent faire mieux, bien au-delà du piètre cliché dans lequel le tiennent enfermés ses détracteurs qui veulent justifier sa nullité pour mieux exploiter de manière frauduleuses ses richesses du sol et du sous-sol.

    Beaucoup de preuves nous font croire que nous valons bien mieux que cela et que nous pourrions nous en sortir si la diaspora congolaise mettait à profit sa présence pour se faire amie des bibliothèques et des laboratoires, si elle se rendait capable de produire des chercheurs de renom et des scientifiques capables de redorer le blason d’une nation publiquement humiliée. A l’instar de Cécile Kyenge qui se veut une femme « préparée » pour accéder aux hautes instances du pouvoir dans le pays hôte,  toute la diaspora est appelée à sortir du ghetto pour s’intégrer dans la société hôte, à apprendre leur savoir-vivre, à maîtriser les arcanes de leur vie quotidienne et à ambitionner prendre tôt ou tard le bâton de commandement.

    Il s’agit en clair d’un combat politique où des valeurs  qui sont étouffées par le régime de Kinshasa trouvent sur la terre d’exil  de grandes opportunités. La diaspora doit désormais savoir  que tout effort de concentration et de production intellectuelle devient l’autre formule pour rehausser le prestige bafoué de la RDC. Et cette congolaise nommée au gouvernement italien illustre notre thèse. De cette nomination, le peuple congolais ne peut attendre rien de mieux que de redynamiser la confiance en lui-même, en son pouvoir de prendre son destin en main pour devenir, comme le prédisait Franz Fanon,  la vraie gâchette du revolver africain et le point focal d’où partira le prochain rayonnement du continent noir.

    1. 3. L’Afrique qui vient au secours de l’Occident…

    Durant l’année 2011, trois faits historiques de grande importance sont pourtant passés inaperçus : la nomination de  deux femmes africaines,  Ellen Johnson Sirleaf et Leymah Gbowee, toutes deux libériennes au prestigieux Prix Nobel de la paix ; l’élection de Leyla Lopes, une jeune fille angolaise au concours international de Miss Monde organisé au Brésil et le couronnement comme princesse de Monaco, de Charlène, une fille sud-africaine, mariée civilement et religieusement avec le prince Albert de Monaco. L’Afrique brille par ses filles. L’Afrique dont l’image a été longtemps écornée par les dérives des mâles via des dictatures et des régimes corrompus, retrouvent son prestige international grâce aux actions d’éclat de la gent féminine. Pour tout dire, l’Afrique reprend à marcher par les pieds des filles et femmes africaines.

    Ce regain de renommée internationale trouve son couronnement dans la nomination de Cécile Kyenge au poste de ministre à l’intégration. Mais quel secours politique cette nomination peut-elle être capable de porter à l’occident ? En ceci que la mondialisation voulue par cet occident est en train de créer une nouvelle réalité sociologique de grande ampleur. Il se vérifie de-ci de-là des grands mouvements migratoires qui donnent au monde le visage d’un village planétaire où toutes les races se mélangent et coexistent les unes avec les autres. Ainsi les violents discours faits d’insultes racistes qui se sont déchaînées contre la nomination d’une noire au gouvernement  sur des sites facebook néo-nazis italiens prêchant la supériorité de la race blanche  ne sont que les derniers soubresauts d’une ère révolue. La loi italienne est claire là-dessus : quiconque détient la nationalité italienne peut élire et être élu. Il s’agit pour tous les habitants de ce village global de croire ce qu’en dit la nouvelle ministre elle-même : « Je dis fermement non à des polémiques qui divisent. Je cherche un terrain partagé pour une nouvelle coexistence sociale. Plus que jamais, l’Italie doit récupérer des valeurs universelles de la solidarité et d’accueil. »

    Justement les immigrants qui débarquent ici comme ailleurs en occident ne sont pas une menace. Au contraire, ils portent un plus dans la croissance économique et un nouveau dynamisme humain dans divers secteurs de la vie civile nationale comme l’a si bien prouvé Mario Balotelli à dernière coupe d’Europe de football édition 2012. Là où le vieux continent commençait à donner des signes évidents de sénilité et d’essoufflement, il se vérifie partout que ces gens venus de loin, pour la plupart de la tranche d’âge entre 20 et 50 ans, insufflent un nouveau tonus de vie. Là où le taux de natalité est au plus bas avec des risques de rendre exsangue la main-d’œuvre pour faire tourner les entreprises européennes, la natalité exponentielle de ces familles des migrants rehaussent les statistiques démographiques et redonnent espoir à ces populations vieillissantes. Autant de zones de fébrilité où les africains viennent porter leur contribution en ce moment critique que traversent la zone Europe et le peuple italien.

    La nomination de Cécile Kyenge porte une valence hautement symbolique. Elle annonce l’aurore nouvelle pour le peuple italien et européen. Comme elle l’affirme elle-même dans une interview donnée : « Ma nomination est une décision qui signe un pas décisif pour changer concrètement l’Italie et la manière de concevoir le phénomène d’intégration déjà présente dans le pays ». Qu’elle parvienne ou pas à porter à terme les grands chantiers de sa politique tels que l’institution de ius solis, la lutte contre le racisme institutionnel ; l’abrogation de la loi Bossi-Fini relative au délit d’immigration clandestine  ou encore son combat pour rendre plus accessible  le marché du travail italien aux étrangers, quoi qu’il advienne de tous ces projets, la ministre italo-congolaise aura réussi à ouvrir la boîte de Pandore et à mettre sur la place publique des problèmes jusque là tabous. Un débat public vient de voir le jour et il revient à tous les migrants de prouver par leur style de vie que la ministre noire a eu raison de défendre leur destin et qu’ils sont à la hauteur de relever le défi de mieux-être qui est l’épine dorsale des politiques défaillantes de l’Occident.

    Avant d’aboutir à des résultats concrets, le combat de Cécyle Kyenge se serait d’ores et déjà définie comme une victoire symbolique mais significative sur les stéréotypes et sur les préjugés qui ont inutilement séparé  des personnes humaines appelées à conjuguer leurs efforts pour construire un monde mixte, métissé,  plus diversifié, multiculturel où les brassages de talents et des sensibilités culturelles deviennent plus une source d’enrichissements réciproques  qu’un soi-disant choc de civilisations à la lumière de ce qu’en a jadis prédit Samuel Huntington. L’histoire retiendra ainsi que l’Afrique a aidé abondamment l’Europe nombriliste à s’ouvrir sur les autres pour son propre bien, à accepter l’étranger pour se renouveler soi-même et pour prendre une cure de jouvence dans ce monde nouveau généré par la dynamique de la mondialisation. Qu’on se le dise !

    De Rome/ Abbé GERMAIN NZINGA MAKITU

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