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    RD Congo : construire en briques, avantageux mais nuisible à l’environnement

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    Briques cuites/Photo Infobascongo
    Briques cuites/Photo Infobascongo

    Par Thaddée Hyawe-Hinyi, Marie-Louise Ikele Poba
    (Syfia Grands Lacs RD Congo) Des maisons en briques cuites remplacent les vieilles cases en pisé aussi bien à Idjwi (Sud-Kivu) qu’à Matadi (Bas-Congo), améliorant notablement les logements. Mais la cuisson de ces briques consomme d’importantes quantités de bois, un problème pour l’environnement.

    « Nous préparons du bois pour faire cuivre ces 20 mille briques qui vont servir à construire notre maison », explique F. N., une ménagère d’Idjwi, une île au milieu du lac Kivu. Depuis plus d’une année, les habitants de cette contrée à l’est de la RDC remplacent peu à peu leurs anciennes maisons construites en bois ou en pisé par de nouvelles en briques cuites. Un élan encouragé par la découverte d’un sol argileux, matière première de ces briques, et par la facilité de trouver du bois sur l’île. Depuis, des maisons en briques poussent comme des champignons et améliorent les conditions de logement longtemps précaires.
    A des milliers de kilomètre de là, à Matadi, au sud-ouest de la RDC, des habitants, faute de ciment devenu très cher, recourent eux aussi ces deux dernières années aux briques qu’ils peuvent fabriquer aisément et à bas prix. Architecte, Didier Nsukami affirme que « plus de 70% de nouvelles constructions au Bas-Congo se font en briques ». Le sol argileux de la province y est propice. « Fonctionnaire de l’Etat, je n’ai qu’un maigre salaire. Où pourrais-je trouver de l’argent pour acheter le ciment gris ? (le sac de 50 kg coûte 16 500 Fc, soit 18 $), témoigne Tuku Ndosimau, un habitant qui supervisait la construction de sa maison à Matadi. Je préfère construire à l’aide de briques cuites pour ne pas arrêter mon chantier en cours, faute d’argent ». Fournisseur de briques à Kinzau Mvwete, à 60 km du chef-lieu du Bas-Congo, Anderson Badyangabo est tout content de réaliser de bonnes affaires. « La demande a triplé ces deux dernières années, je ne tourne plus les pouces », affirme-t-il, heureux.

    Danger pour l’environnement
    Les briques sont faciles à fabriquer. Il suffit d’avoir de l’argile, de mouler des briques, de construire un four pour les faire cuire et le tour est joué. Mais il faut d’importantes quantités de bois pour ces cuissons car le four doit rester allumé durant trois grands jours. A Idjwi les habitants construisent chacun son propre four à domicile. Il faut 20 stères (20 m3) de bois pour produire 22 mille briques. Ils abattent donc des arbres en quantité ou achètent du bois. Dans l’île, celui-ci, déjà rare à cause de la fabrication de la braise commence à coûter plus cher. Les environnementalistes redoutent ainsi qu’une sécheresse imminente ne frappe Idjwi. Pour rationaliser la cuisson et diminuer la consommation de bois, les briquetiers améliorent peu à peu ces fours artisanaux. « Nous commençons à bourrer de boue les espaces vides compris entre les parois pour concentrer ainsi toute la chaleur à l’intérieur du four pour bien cuire les briques », explique l’un d’eux.
    Mais pour extraire la terre argileuse de bonne qualité, il faut aussi creuser un peu plus en profondeur. « Les maçons creusent n’importe où et ne veillent pas à combler les trous qui restent béants et se transforment paradoxalement progressivement en têtes d’érosion qui finissent par menacer la future maison », s’indigne Pasconnet Kueyitualamo, ingénieur agronome et environnementaliste à Matadi. En même temps, les flaques d’eau qui s’y forment constituent un gîte pour les moustiques vecteurs du paludisme.

    Matériau de construction bien apprécié
    Côté coût de production cependant, c’est une vraie aubaine pour les populations démunies. « A l’exception des clous, des tôles et du ciment que nous nous procurons à Bukavu, les autres matériaux se trouvent sur place à Idjwi », déclare S. B., actuellement à l’étape de la charpente pour sa maison en construction. Produire 10 mille briques à Idjwi par exemple ne coûte que 25$ et la main d’œuvre est bon marché. Outre les maçons, payés 80$ lorsqu’ils doivent construire une maison de 30 mille briques, les autres membres de famille participent aux travaux pour minimiser le coût. Et les maisons les plus avancées sont elles toutes éclairées grâce aux panneaux solaires.
    Spacieuses, bien éclairées et confortables, ces maisons font la fierté de leurs propriétaires. « Depuis l’aménagement dans notre maison en briques, la literie ne se salit plus et les enfants peuvent jouer à l’intérieur », déclare une jeune dame d’Idjwi qui habite une de ces maisons depuis sept mois.
    A Matadi où le nouveau lotissement à l’est de la ville n’est constitué que de maisons en briques, les occupants ne manquent pas de vanter leurs mérites. « Malgré la forte chaleur qui sévit la journée dans la ville portuaire (Matadi), l’intérieur de la maison en brique cuite garde toujours sa fraîcheur », remarque un occupant.

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