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mardi, avril 16, 2024
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    Bas-Congo : télévisions cherchent téléspectateurs

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    Faute de programmes proches de leur public, les télés du Bas-Congo perdent téléspectateurs et annonceurs. Certaines n’arrivent plus à payer leurs employés et tentent d’améliorer leurs programmes.

    Où sont passés les téléspectateurs ? Une enquête réalisée par des journalistes du Bas-Congo en mai dernier auprès de la population révèle que leurs émissions-télés sont peu suivies par les habitants. « Je ne regarde pas les chaînes locales. Elles n’ont pas de bons programmes et diffusent à longueur de journées rien que de la musique et des théâtres », affirme Oscar Mulampu, ancien Procureur général qui dit ne suivre que la Radio télévision nationale entre 19 h et 20 h, uniquement pour les informations.
    Une employée de banque se dit étonnée des prestations des animateurs de Matadi. « Quel amateurisme ! Pourquoi ne peuvent-ils pas copier les exemples de certains médias de Kinshasa ou d’ailleurs ? », se demande-t-elle. Ainsi, certains qui se croyaient vedettes passent parfois inaperçues dans les rues. « J’ai été étonné d’apprendre dans une famille qu’elle ne m’avait jamais regardé à la télé. Pourtant, j’anime régulièrement », confesse, d’un air déçu, Francis Ibeni, un animateur télé.
    « Il faut que les journalistes produisent des émissions élaborées », ne cesse d’insister Etienne Kusengumuna, coordonnateur provincial du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (Csac). Sinon, ils auront moins de chance d’être suivis par les gens ».

    Médias étrangers
    Faute de programmes attrayants, les habitants se ruent sur les antennes paraboliques pour suivre les chaînes étrangères. Mêmes ceux qui sont dans des coins reculés de la province, se battent pour prendre un abonnement avec un éventail de chaînes et de programmes. Bonnette Menga, une habitante de Matadi, vient de dépenser 110 $ pour s’en procurer un. Et, chaque mois, elle doit en plus débourser entre 10 et 50$ pour payer l’abonnement. « C’est vrai que je n’ai pas assez d’argent mais, je n’ai guère le choix… Mes enfants peuvent maintenant regarder des dessins animés et des programmes ludiques. Cela leur évitera d’aller toujours chez les voisins qui sont abonnés depuis longtemps ». Rappy Kalulu, un distributeur de Canal Sat, observe : « Les gens viennent vers nous parce qu’ils aiment les sports et d’autres programmes étrangers. Ils veulent connaître ce qui se passe dans le monde en temps réel. »
    En raison de cet engouement pour les médias étrangers, beaucoup de gens ne sont pas informés sur ce qui se passe autour d’eux. Ils ne suivent pas, par exemple, les communiqués de la Régie de distribution d’eau et de la Société nationale d’électricité les avertissant des coupures. Certains ignorent même à quoi ressemblent les autorités de leur province. « Je n’ai jamais vu le gouverneur. Je ne le connais pas ! », lance une kinésithérapeute de Matadi qui ne regarde jamais les télévisions locales. Du coup, les annonceurs se désengagent. « La publicité fait partie des stratégies pour booster les ventes de nos produits et les médias sont là pour nous y aider. S’ils ne sont plus suivis, à quoi bon ? », se demande le chargé de marketing d’une société de téléphonie. Sa société sponsorise désormais seulement les émissions radios.

    Radios communautaires
    Les caisses des télévisions sonnent creuses et rares sont celles qui paient régulièrement leurs employés. « Nous souffrons, cela a des conséquences sur notre trésorerie. Nous ne savons pas payer nos agents. Mais, nous nous battons désormais pour améliorer nos programmes », assure Nana Mbungu, directrice des programmes à la Radio télévision Boma, à 120 km au sud de Matadi. Pour tenter de reconquérir téléspectateurs et annonceurs, les médias reprennent en chœur les programmes des chaînes étrangères. Une démarche que conteste le Csac. « C’est de la tricherie ! Il faut que journalistes et animateurs produisent leurs propres émissions », rappelle à l’ordre son coordonnateur provincial.
    Seules les radios communautaires font exception. Elles restent très suivies, mais demeurent encore pauvres. Leurs programmes, plus proches des habitants, intéressent ces derniers. Selon François Pascal Mbumba, membre du Réseau des journalistes formateurs, « ces radios n’arrivent pas à réaliser 150 $ de recettes par mois ». Il vient d’animer à leur intention, mi-juin à Matadi, une formation sur le management et marketing pour leur apprendre à attirer les annonceurs et à devenir rentables.

    Lire d’autres articles sur www.syfia-grands-lacs.info

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