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    François Misser sur RFI: «Grand Inga apporterait une solution à l’Afrique toute entière»

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    Centrale hydro-eléctrique d'Inga I/Infobascongo

    François Misser est journaliste, spécialiste de l’Afrique Centrale. Correspondant à Bruxelles de BBC Afrique, il vient de publier La saga d’Inga, l’histoire des barrages du fleuve Congo aux éditions de L’Harmattan. Au micro de RFI, il revient sur la construction d’un troisième barrage Inga dont plus de la moitié de la capacité de génération doit être consacrée à l’Afrique du Sud.

    RFI : Bonjour François Misser. La construction d’un troisième barrage Inga a été relancée. Quelle est l’origine et l’objectif de ce projet ?

    François Misser : Il s’agit de construire un barrage d’une puissance de 4 800 mégawatts qui serait le second, le plus puissant du continent africain après celui de la Renaissance, que la Chine est en train de construire sur le Nil Bleu en Ethiopie.

    Sa vocation est à la fois naturellement, de desservir le marché national, mais aussi le marché régional et en particulier l’Afrique du Sud, puisque un peu plus de la moitié de cette capacité de génération donc, est consacrée à l’Afrique du Sud.

    RFI : Les travaux, dit-on, pourraient commencer en 2015. Est-ce que c’est réaliste, d’après vous ?

    F M : Il semble que ce soit peut-être un peu optimiste pour plusieurs raisons. Il s’agit de réunir les capitaux. Selon les estimations de la Banque africaine de développement, ça s’élève à 12 milliards de dollars. Or, la Banque africaine de développement vient tout juste d’évoquer des crédits pour structurer tout ce projet.

    Il est possible qu’il y ait du retard. Cela dit, je suis absolument persuadé que ce projet va se faire parce que l’Afrique en a besoin, le Congo en a besoin. Surtout, d’après les études faites par le consultant canadien SNC-Lavalin, l’énergie Inga 3 serait la moins chère du monde, de l’ordre de 2 cents d’euros du kilowattheure(kWh). C’est vraiment pas cher du tout. Et donc, ça amène un surcroît de compétitivité pour le Congo et pour l’Afrique du Sud, son principal client.

    RFI : Et ce barrage Inga 3 sera en fait la première phase d’un vaste projet qu’on appelle le « Grand Inga ». Pourrait-il être la solution au problème de pénurie chronique d’électricité au Congo ?

    FM : « Grand Inga » apporterait une solution au Congo. Actuellement, seulement 9% de la population a accès à l’énergie. De surcroît, « Grand Inga », dont la capacité est estimée aux alentours de 40 000 mégawatts apporterait aussi une solution à l’Afrique toute entière.

    D’après l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel, l’Onudi, d’ici 2030, si on veut arriver à l’objectif « l’énergie pour tous en Afrique », il faut une capacité de génération supplémentaire de 80 000 mégawatts. Inga à lui seul représente la moitié de cette puissance. C’est un outil absolument stratégique.

    Le projet de « Grand Inga » comprend aussi la desserte de l’Afrique de l’Ouest. Donc ça concerne presque tout le monde en Afrique, puisqu’il est prévu une interconnexion via le Gabon et le Cameroun vers le Nigeria et une autre vers l’Egypte, à travers la Centrafrique et le Soudan, sans oublier une liaison avec l’Ethiopie.

    RFI : Il s’agirait donc d’un projet « phare » pour l’Afrique du 21ème siècle. On parle d’un projet pharaonique, on l’a bien compris. Quelles sont les conditions nécessaires pour que ce projet se réalise ?

    FM : Une des solutions serait de stabiliser le Soudan, la Centrafrique, par exemple. Une autre c’est sans doute une stabilisation au niveau de la gouvernance du Congo lui-même. Et puis naturellement, il y a le défi du financement.

    Mais on est en train de voir en Ethiopie qu’avec le concours de la Chine, des choses qui semblaient irréalistes il n’y a pas si longtemps sont en train de se faire. Donc les grands pays émergents – je pense à la Chine, l’Inde, le Brésil – voient grand et même très grand.

    Il suffit de citer d’ailleurs les autres barrages existants les plus importants, celui des Trois-Gorges se trouve en Chine et celui d’Itaipu au Brésil. C’est cela aussi qu’il faut avoir en tête.

    RFI : Autre enjeu autour de ce projet, François Misser, le changement climatique – vous en parlez dans votre livre – qui pourrait avoir une incidence sur le fleuve Congo et sur sa productivité, en quelque sorte.

    FM : Ce qu’on est en train d’observer depuis, je dirais le début du millénaire, c’est une tendance à la baisse des eaux des lacs Kivu et Tanganyka, qui constituent un apport important au fleuve Congo mais également du principal affluent du fleuve, l’Oubangui.

    Il y a un organisme qui est basé à Kinshasa et qui s’appelle le Cicos (la Commission internationale du bassin Congo-Oubangui-Sangha) et qui parle d’un processus de désertification aux deux limites extrêmes du Bassin du Congo. Donc, des études devraient être menées pour établir l’incidence exacte du changement climatique sur le Bassin du Congo et sur la capacité de génération. Cela dit, celle-ci reste importante.

    Tiré du site de RFI

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