(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Directrice des programmes à la Radio télévision Boma (RTB) au Bas-Congo et représentante de plusieurs structures des médias, Nana Mbungu force l’admiration. Dynamique et travailleuse, elle impose en douceur son savoir faire dans un métier souvent dominé par les hommes.
Transistors collés à l’oreille, des auditeurs suivent attentivement la voix candide de Nana Mbungu, animatrice d’Agenda de santé, un magazine dont l’audimat ne fait qu’exploser à Boma, à 120 km à l’ouest de Matadi. Elle sait choisir les thèmes de ses émissions qu’elle présente tout aussi bien. Du haut de ses 31 ans, mariée et mère de trois enfants, « Nana de Boma« , comme on finit par la surnommer par les auditeurs, est très adulée.
« Outre le domaine de la santé, le journalisme me passionnait. J’étais émerveillée en regardant Chantal Kanyimbo et Nicole Dimbambu (femmes journalistes, Ndlr) sur la chaîne nationale », se souvient-t-elle. C’est en 2000 qu’elle fait son entrée au sein de la Radio télévision Boma (RTB), une radio communautaire, après une formation sur le tas. Comme une bonne élève, elle a suivi scrupuleusement les recommandations de François Pascal Mbumba, son maître. « Il m’a beaucoup encouragée et m’a formée. C’est mon père », dit-elle, reconnaissante. Dynamique, elle est parmi les rares journalistes de RDC à tout faire : filmer, monter les images et les sons, écrire ses propres papiers, diffuser les informations.
« La liberté de la presse est un combat »
Depuis deux ans, elle assume les fonctions de Directrice des programmes et dirige 37 personnes. « C’est une femme déterminée, elle s’assume. Je suis fier d’elle, car elle défend valablement la profession partout où elle va », témoigne Jean René Ekofo, journaliste à la RTB. Malgré ses nombreuses charges, elle sait ménager un temps pour ses diverses émissions (sur la femme, la justice, la démocratie) et continuer de présenter les informations.
Elle n’est pourtant que diplômée en laboratoire de l’Institut des techniques médicales de Kisantu. Au fil des années, son dynamisme et son savoir-faire lui ont permis de suivre plusieurs formations en journalisme dans le pays mais aussi à l’étranger.
En 2009, elle réalise la 2ème meilleure investigation des radios de la province et gagne le prix de l’Institut Panos Paris. Une année plus tard, elle est de nouveau couronnée, à l’issue du concours organisé par la Voix de l’Amérique (VOA) sur le meilleur reportage sur le VIH/Sida. Fort de ses prouesses, Nana devient correspondante de la VOA et formatrice en journalisme d’investigation et consultante du Réseau des médias associatifs et communautaires du Bas-Congo (Remacob). Elle est aussi membre de plusieurs structures des médias : correspondante de Journaliste en danger (JED), trésorière de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) et coordonnatrice provinciale de l’Union congolaise des femmes des médias (Ucofem).
Mais, le travail de la directrice des programmes de la RTB n’est pas toujours rose. « Je suis souvent victime d’intimidations et d’interpellations de la part des services de sécurité et des autorités », confie-t-elle. Elle ne s’avoue cependant pas vaincue. « La liberté de la presse est un combat. Je continuerai à lutter », lance-t-elle, déterminée. Nana Mbungu nourrit une ambition : « Atteindre le niveau international ». Pour cela, elle travaille durement sans pourtant se dérober de ses tâches de mère : « Je sais que je suis épouse et mère, je m’arrange pour le concilier avec mon travail et cela me réussit ». Aux femmes des médias, elle lance un message : « Vous êtes compétentes, travaillez et participez au développement de la société ».