spot_img
jeudi, mars 28, 2024
More
    spot_img
    AccueilA la unePauvres enseignants

    Pauvres enseignants

    -

    Deux millions d’élèves au Burundi, onze millions en RD Congo vont prendre dans quelques jours le chemin de l’école. Avec l’entrée en vigueur de l’école « gratuite », les effectifs ont rapidement gonflé ces dernières années et les filles sont mieux représentées. Mais seuls environ la moitié des enfants, moins souvent pour les filles, iront jusqu’au bout du cycle primaire. Entretemps la pauvreté des parents incapables de payer les frais scolaires, et les « primes » des enseignants en RD Congo, le laxisme de certains enseignants ou des classes trop nombreuses leur auront fait abandonner l’école sans aucun bagage.

    Abbé Paraclet Nkuti professeur de français au petit séminaire de Kibula  en pleine leçon de dissertation
    Abbé Paraclet Nkuti professeur de français au petit séminaire de Kibula en pleine leçon de dissertation

    Les enseignants chargés d’éduquer ces millions de jeunes, qui sont l’avenir de leurs pays, sont bien mal lotis. Payés des salaires de misère, parfaitement ridicules face au travail et à leurs responsabilités, ils sont découragés, démotivés. Pour gagner leur vie, tous les moyens sont bons : faire payer des primes aux parents et chasser les enfants dont les parents ne peuvent s’en acquitter, se faire donner de l’argent pour faire passer les élèves dans la classe supérieure, travailler dans plusieurs écoles, faire du commerce, cultiver son champ… Autant d’activités qui se font aux dépens du temps et de l’énergie qu’ils devraient consacrer aux enfants. Et il en faut pour gérer des classes surchargées, assurer une double vacation souvent, faire face au manque de matériel scolaire, de manuels… Beaucoup ont perdu la vocation et les jeunes ne veulent plus de ce métier ingrat et si mal récompensé alors que les besoins en enseignants de qualité sont toujours plus importants.

    Résultat : les enfants sont plus nombreux à aller à l’école mais l’enseignement qu’ils reçoivent est de médiocre qualité et le niveau des élèves baisse dangereusement alors que chacun sait que la formation est le fer de lance du développement d’un pays.

    En dépit de cet énorme point noir, les gouvernements entreprennent des réformes du système scolaire. Au Burundi, l’école fondamentale, qui fait passer l’école primaire de 6 à 9 ans, démarre cette année ; des sections techniques pour former les jeunes à des métiers ont été créées. En RD Congo pour limiter les connivences et la corruption, les inspecteurs et chefs d’établissement sont cette année mutés dans des provinces autres que leur province d’origine, les enseignants sont désormais payés en banque touchant enfin l’intégralité de leur maigre solde, mais il leur faut parfois faire 200 km pour la percevoir… Partout des centaines de nouvelles écoles sortent de terre.

    Autant d’initiatives louables mais qui n’auront d’effet que si les enseignants sont suffisamment compétents et motivés et, en premier lieu, payés correctement pour pouvoir accomplir leurs tâches sans avoir à se soucier de trouver à manger à leurs familles.

     

    Marie-Agnès Leplaideur

    Articles Liés

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de confidentialité, ainsi que les Conditions de service Google s’appliquent.

    Stay Connected

    0FansJ'aime
    0SuiveursSuivre
    0SuiveursSuivre
    21,600AbonnésS'abonner

    Articles recents