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    Kinshasa : la capoeira change les enfants de la rue

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    Dans la capitale congolaise, des enfants des rues ont redonné un sens à leur vie grâce à la discipline et l’énergie de la capoeira, une lutte rythmée brésilienne.

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    Trois fois par semaine en fin d’après-midi, la place commerciale de Limete, une des 24 communes de Kinshasa, connaît une ambiance toute particulière. Des enfants des rues, étonnants adeptes depuis 7 ans du sport brésilien la capoeira (mi-danse, mi-lutte), occupent une portion d’un terrain désaffecté de basketball que leur disputent également des tenanciers des terrasses, des vendeurs d’appareils cellulaires, de cireurs de chaussures et des marchandes de légumes.
    Debout alignés, quatre d’entre eux sont munis d’instruments traditionnels de musique (tambourins, harpes…) pour rythmer l’entraînement. Pieds nus, ils s’échauffent. Puis deux par deux, les athlètes se lancent sur la scène, virevoltant sur les mains, les pieds, se donnant des coups imaginaires sans se toucher. Au bout de quelques minutes, ceux-là sortent, remplacés par d’autres, toujours en duo. Quand malencontreusement un athlète vient à toucher son partenaire, Yannick ou son adjoint interviennent pour montrer à l’apprenant comment donner un coup sans faire mal. Le jeu consiste à montrer à l’autre que l’on maîtrise différentes figures. Véritable attraction du lieu, les capoeiristes sont entourés par une foule d’admirateurs et des curieux de passage.

    Charte des capoeiristes
    Ils s’entraînent ainsi trois heures durant sous la direction de Yannick N’Salambo, informaticien de profession qui a appris cet art martial auprès d’un Brésilien de passage à Kinshasa en 2004. Toutes les séances se terminent de la même manière, par des conseils et surtout le rappel de la charte des capoeiristes : respect des aînés, ponctualité, discipline. « Certains enfants ont trouvé un sens à leur vie grâce à la discipline et l’énergie de la capoeira », affirme Yannick N’Salambo qui partage la vie de ces jeunes gens depuis sept ans déjà. « J’ai accueilli des enfants qui au début n’en faisaient qu’à leur tête : agressifs, indisciplinés, grossiers. Je peux vous garantir que pratiquer la capoeira les a changés », dit-il.
    L’un de ses adjoints, Ninja, 30 ans révolus, est sorti de la rue grâce à la capoeira. A son arrivée au club, le maître le décrit comme « renfermé et timide » après avoir vécu 20 ans dans la rue. Dieudonné Atshekwa Mosi Kikongo Nkoy de son vrai nom doit ce sobriquet de Ninja à sa souplesse, son agilité et sa flexibilité. « La capoeira lui a servi de tremplin », dit Yannick. Depuis, ils ne se quittent plus. Aujourd’hui Ninja gagne sa vie en donnant des cours avec Yannick à des expatriés dans des clubs sportifs à Kinshasa. « C’est un sport qui nous apprend à nous respecter, à nous considérer les uns les autres », témoigne Soleil Makasi, 20 ans, l’une des rares filles qui fréquente le club. Elle se sent mieux dans sa peau depuis qu’elle pratique ce sport voilà déjà 6 ans. « J’étais trop grasse, en pratiquant la capoeira je garde ma taille, certaines personnes me donnent 15 ans ! », confie-t-elle satisfaite. « Je viens ici pour faire des chutes » dit Beni Lomboto, 4 ans, très joyeux !,

    20 000 enfants des rues
    Selon Yannick, le nouvel ambassadeur du Brésil à Kinshasa, Paulo Uchoa, est content que ce sport brésilien s’installe en RD Congo et apporte quelque chose à la vie de ces enfants. Il a promis de leur apporter son soutien. Dans les tous prochains jours, ils ne s’entraîneront plus dans la rue mais dans une salle dont la location est payée par l’ambassade.
    Le Réseau des éducateurs des enfants de la rue (REEJER), estime à 20 000 le nombre d’enfants des rues à Kinshasa. L’Ong qui accompagne ces gosses abandonnés, affirme que certains ont fui d’eux-mêmes leurs familles, d’autres en ont été chassés. Dans la rue, ils sont livrés à eux-mêmes, et font ce qu’ils peuvent pour survivre. En attendant de trouver un sponsor pour leur assurer un minimum, Yannick N’Salambo supporte presque tout seul les charges du club. Les démarches auprès du ministère des Sports et Loisirs pour élever ce sport au rang d’une fédération sportive piétinent toujours. Ce qui, selon Yannick, serait le juste retour des choses, car la capoeira, en essor au Brésil et ailleurs depuis les années 70, reviendrait en Afrique où elle a ses racines. Mi-danse, mi-lutte, la capoeira s’est développée au 20ème siècle au Brésil, dans la clandestinité d’abord, dans les populations d’esclaves venus d’Afrique. Il leur était interdit de s’entraîner à la lutte. Mais eux le masquaient sous l’apparence du jeu et de la danse.

     

    Didier Kebongo

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