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    Goma:les grossesses des filles-mères encadrées

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    (Syfia Grands Lacs/RD Congo) Des ONG incitent les mineures à mener à terme leur grossesse plutôt que d’avorter ou d’abandonner leur enfant. La plupart sont heureuses de pouvoir garder leur bébé ; d’autres estiment se retrouver démunies une fois la prise en charge terminée.

    Elles n’ont pas 18 ans, sont enceintes et, ce 14 octobre dernier, elles prennent d’assaut la cour de l’hôpital Murara, à Goma. Elles sont là pour une formation sur l’importance de garder son bébé et de mener sa grossesse à terme. Michel Masudi, expert de Save the Children, en est chargé avec un infirmier de l’hôpital. « En plus de la formation, les frais de maternité et les médicaments utilisés lors de l’accouchement sont payés », explique Mugole Muhindo, infirmière. Après la formation de deux jours, ces jeunes femmes peuvent par la suite accoucher à Murara.

     

    Joseph Makundi, de la Protection civile, se réjouit : « Cela va réduire le nombre d’enfants jetés dans le caniveau et au bord du lac, situation qui avait pris de l’ampleur en 2012. » Cette année-là, en effet, il ne se passait pas deux semaines sans que la Protection civile, chargée d’enterrer les corps des enfants abandonnés, n’en retrouve cinq, selon Makundi.

     

    Deborah Kavira, 15 ans, pensait avorter : on lui avait dit qu’elle avait le bassin trop étroit pour accoucher « naturellement ». Finalement, avec l’accompagnement de l’hôpital, son accouchement s’est déroulé comme elle l’espérait : « Je ne savais pas que je pourrais accoucher sans opération. » Depuis le mois d’octobre, sur 30 mineures inscrites, 6 ont accouché. Joseph Makundi, sociologue, indique que les données disponibles depuis 1995 relèvent une sexualité importante chez les 15-19 ans. Et que 38% des grossesses se terminent par un avortement provoqué et 13% par une fausse couche.

     

     

     

    Accoucher grâce aux dons

     

    Elles viennent de tous les coins de la ville. Parmi elles, on trouve une jeune fille de 12 ans. Elle témoigne fièrement que, sans la prise en charge de la maternité, elle aurait avorté. Les causes de ces avortements sont variables, selon Moïse Lokoto, field manager de Save the Children : certaines ne connaissent pas le père en raison de relations sexuelles multiples ; pour d’autres, leur partenaire ne veut pas accepter cette charge de peur d’être accusé de violences sexuelles sur la jeune mère.

     

    Mugole Muhindo explique qu’« outre des médicaments et des frais de maternité, ces filles bénéficient d’un kit complet pour l’enfant, avec couverture, savon, une douzaine de couches, etc., tout cela remis par Save the Children ». Mais cette prise en charge ne fait cependant pas consensus. Certaines filles-mères préfèreraient un don en argent… « Il serait mieux de nous remettre une somme pour la survie des enfants pendant les premiers mois de leur vie », se lamente Bora Salima, transférée à l’hôpital général suite à des complications physiologiques. Là, la facture est à nouveau supportée par les familles. « Les 41$ de l’hôpital général n’ont pas été payés par Save the Children, qui nous disaient qu’ils nous prenaient en charge ». Mais un proche de Save rappelle qu’il a toujours été clair que l’organisation ne finançait pas les interventions chirurgicales ou complications nécessitant un séjour plus long en hôpital. On touche là aux limites, voire aux effets pervers de ce genre de prises en charge ciblées.

     

     Cosmas Mungazi

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