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    AccueilA la uneRD Congo: les "pensionnés debout" bloquent l’embauche des jeunes

    RD Congo: les « pensionnés debout » bloquent l’embauche des jeunes

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    (Syfia Grands Lacs/RD Congo) Dans la province du Bas-Congo, à l’extrême Sud-ouest de RDC, des milliers d’agents, officiellement à la retraite ont toujours leurs postes dans les entreprises publiques qui n’ont pas les moyens de payer leur décompte final. Au grand dam de jeunes diplômés qui attendent de prendre leur place.

    des jeunes au cybercafé de la cité de Lukula/Infobascongo
    des jeunes au cybercafé de la cité de Lukula/Infobascongo

    « J’ai été élu à la retraite depuis 2005 mais je continue à travailler et toucher régulièrement mon salaire malgré le poids de l’âge », témoigne à 75 ans, un agent de la Société commerciale des transports et des ports (SCTP) à Matadi.

    A 78 ans, un autre agent à la Congolaise des voies maritimes, dont la mise à la retraite a été officiellement notifiée il y a treize ans, continue, lui-aussi, à prester et à bénéficier de tous les avantages liés à ses fonctions. Cette situation se rencontre  dans nombre d’autres entreprises publiques du Bas-Congo où de nombreux retraités appelés par leurs collègues « pensionnés debout », demeurent encore en fonction.

    Alors que la législation du travail en vigueur en RD Congo stipule qu’au delà de 65 ans ou après avoir totalisé 30 ans de service, tout travailleur doit prendre sa retraite, cette disposition légale n’est pas appliquée « par manque de ressources ». C’était le cas avec les 2 267 agents de la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) au Katanga qui ont dû attendre plusieurs années jusqu’en 2011 pour bénéficier d’un départ à la retraite à la faveur d’un programme de 25 millions de dollars financé par la Banque mondiale (Projet de transport multimodal). 

     Contraintes budgétaires

    A la SCTP/Matadi qui comptait en 2012 667 agents admis à la retraite mais encore en fonction, un des responsables des ressources humaines affirme qu’il est plus facile « de continuer à payer leur salaire que de libérer leurs décomptes finaux si élevés qu’ils ruineraient davantage les finances de l’entreprise ». Car, explique-t-il, pour partir en retraite, un cadre-dirigeant qui touchait 600 000 Fc par mois aura en moyenne 60 000 $ et le cadre simple 20 000 $ voire 40 000 $. « C’est énorme ! Notre trésorerie actuelle ne le permet pas, affirme-t-il. Nous sommes amenés à maintenir ces agents en service en attendant un plan spécial de mise en retraite ».

    Mais cette situation n’est pas sans conséquences sur l’emploi des jeunes. Au Bas-Congo, de nombreux jeunes diplômés continuent ainsi à attendre plusieurs années que des postes soient libérés à leur profit. « J’ai réussi mon test d’embauche avec brio à la SCTP depuis longtemps et je devais commencer à travailler en janvier 2013. Mais on me fait toujours attendre. Un des retraités de 2009 que je dois remplacer est encore en poste car l’entreprise ne lui a pas encore payé son décompte final », regrette amèrement un jeune de Boma, la première ville portuaire du Bas-Congo, à 120 Km de Matadi.

    Selon l’un des délégués syndicaux de cette société, un plan de liquidation de décompte final de tous leurs retraités est en élaboration à la Direction générale de l’entreprise à Kinshasa qui veut « régler une fois pour toute le problème des pensionnés debout qui doivent laisser leur place aux nouvelles recrues ».

     Piste de solution

    Pour pallier le problème, le gouvernement national a lancé en 2013 une vaste réforme de l’administration publique visant « le rajeunissement de l’effectif de la fonction publique et la mise à la retraite des agents ». Ministre de la Fonction publique, Jean Claude Kibala qui a annoncé la création d’une Caisse nationale de retraite alimentée en partie par l’Etat et par les agents, affirme qu’il y a encore des préalables à réaliser. « Il y a des lois à prendre notamment sur le statut des agents de carrière et de service de l’Etat, sur l’organisation et le fonctionnement des services publics, du régime de sécurité sociale des agents et fonctionnaires de l’Etat, etc. ».

    « C’est vraiment géniale cette initiative prise par le ministre national de la Fonction publique, se réjouit déjà Jean Paul Digata, agent à la Division provinciale du Tourisme. Avec cette caisse, je parie qu’aucun agent en âge de retraite n’acceptera encore de demeurer en fonction. Ce qui favorisera en outre l’emploi de la jeunesse ».                                                                                                          

                                                                                          Dieudonné Muaka Dimbi

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