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    Kinshasa: organisés, des sportifs traquent des « Kuluna »

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     Décidés à mettre un terme aux bandes de jeunes présumés voleurs de Kinshasa, communément appelés « Kuluna », des pratiquants d’arts martiaux s’organisent pour les appréhender. Ils les mettent ensuite à la disposition de la police, ce qui leur évite de subir la justice populaire.

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    Masina Sans fil, 2h ce matin de septembre. Des hourras et des applaudissements retentissent frénétiquement dans ce quartier populeux de Kinshasa. « Je ne sais combien remercier les maîtres volontaires contre les Kuluna. En un mois, j’ai été dévalisée deux fois. Je vous ai appelé par votre numéro et au bout de deux jours seulement, vous venez d’appréhender ce malfrat la main dans le sac », se console une dame sur la chaîne Molière TV. Ce présumé kuluna porte des tatouages. Sur son bras droit est estampillé une sirène et sur l’autre, un cercueil avec un nom : Michael Djelina. Tard dans la nuit à Kimbanseke, ces gros bras ont mis la main sur une bande de quatre présumés kuluna. Ils venaient d’attaquer à l’arme blanche un jeune grièvement blessé à la tête. « Nous sommes déterminés à mettre un terme à ces gangsters qui extorquent, blessent et tuent les habitants », lance Maître Cefi, du club de Mikonga.
    Il y a près d’une année que dans plusieurs quartiers de Kinshasa, des clubs de « maîtres volontaires contre les kuluna » s’installent. En effet, en 2013, la police a lancé plusieurs opérations pour mettre fin aux kuluna. Bien que le phénomène ait fortement baissé, la pratique persiste. Fatigués de ces exactions, les Kinois ont décidé de s’organiser.

    Effets positifs
    Responsable du centre des arts martiaux « Bosangani » à Masina Petro-Congo, Monga Kwa Malamu, karateka, ceinture noire 7ème Dan, alias Maître « I’m Sorry », se présente comme l’initiateur de cette lutte. « Cette initiative est venue de nos quartiers Mfumu Suka, (…) parce que des kuluna violaient des jeunes filles et coupaient les mains des habitants. J’ai pris l’initiative de mettre fin à cette insécurité en utilisant mes sportifs qui les traquaient », explique-t-il. Ce club a arrêté, depuis janvier dernier, 53 présumés Kuluna. Du coup, l’insécurité a fortement baissé à Petro-Congo. « Ces sportifs connaissent certains de ces kuluna et ils savent comment les poursuivre pour les appréhender », se félicite Ernestine Mujinga, bourgmestre de Masina.
    Fort de ces résultats, des clubs, ententes et ligues voient le jour dans d’autres communes. Ils sont pour la plupart installés par le club de Petro-Congo Masina. « Maître Engambe » (Hommes forts, Ndlr) dirige celui de Mokali à Kimbanseke et Zephy celui de Mpassa à Nsele. Dans ces quartiers, l’insécurité a aussi baissé. « A Mokali où j’habite, ce n’était plus possible de passer à partir de 19 heures. Sinon, il fallait être en groupe de quinze ou de vingt. Maintenant, les kuluna n’ont plus d’ampleur », se réjouit Noël Yote Et Albert Nkosso, un habitant de De bonhomme à Matete de renchérir : « Ils nous rendent énormément service parce que nous sommes en train de recouvrer la quiétude. » C’est à partir des numéros qu’ils donnent aux habitants que ces jeunes aux muscles gonflés peuvent être contactés. Celui de Masina est le 0901909723.

    Conforme à la loi
    C’est sur base de l’article 6 du Code de procédure pénale que les « Maîtres volontaires contre les kuluna » agissent. Il stipule qu’ « en cas d’infraction flagrante ou réputée flagrante et passible d’une peine de servitude pénale de trois ans ou moins, toute personne peut, en l’absence de l’autorité judiciaire chargée de poursuivre et de tout officier de police judiciaire, saisir l’auteur présumé et le conduire immédiatement devant celle des autorités qui est la plus proche ».
    Un officier de la police judiciaire (OPJ) se réjouit : « C’est une bonne chose que la population collabore avec la police pour traquer les kuluna car notre effectif n’est pas suffisant».. La particularité de ces sportifs est qu’ils saisissent les présumés kuluna et les mettent à la disposition de la police pour leur éviter la justice populaire. L’article 16 de la Constitution dispose : « La personne humaine est sacrée. L’Etat a l’obligation de la respecter et de la protéger. Toute personne a droit à la vie, à l’intégrité physique ainsi qu’au libre développement de sa personnalité dans le respect de la loi, de l’ordre public, du droit d’autrui et des bonnes mœurs. Nul ne peut être tenu en esclavage ni dans une condition analogue. Nul ne peut être soumis à un traitement cruel, inhumain ou dégradant ».

    Demande de soutien
    Pour Jonas Tshiombela, coordonnateur national de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), « cette action s’inscrit dans le cadre des droits de tous les congolais, la non-assistance à personne en danger étant punissable par la loi. » Cependant, Eric Tabu, OPJ au commissariat de Lemba souhaite « que les maîtres volontaires contre les kuluna arrêtent réellement des kuluna et non des innocents». « Nous nous arrangeons pour les arrêter en pleine action avec des preuves », se défend Zephy Mambweni, « Seulement, nous demandons que ces jeunes soient effectivement condamnés mais aussi que les autorités nous encouragent, car ce n’est pas facile ce travail.»

    Hubert Mwipatayi

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