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    Interview :Rd Congo : le VIH/sida en net recul

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    Docteur Clémence Mitongo une activiste de lutte contre le VIH/sida très engagée en Rd Congo. Responsable national des soins et soutien des Personnes Vivant avec le VIH (PVV) au sein du Programme intégré du VIH/sida en RDC (Provic), elle affirme que cette pandémie est en net recul.

    Dr Clémence Mitondo,activiste de lutte contre le VIH/Sida
    Dr Clémence Mitondo,activiste de lutte contre le VIH/Sida

    Infobascongo(IBC) : Docteur, depuis plusieurs années vous travaillez au sein des structures de lutte contre le SIDA. Pourquoi êtes-vous préoccupée par cette maladie? 

    Clémence Mitongo(CM) : Il faut dire que le VIH/sida est devenue une maladie endémique, une épidémie généralisée. C’est ce qui m’a poussé à devenir aujourd’hui activiste dans la lutte contre le VIH. Aussi, je suis une personne affectée. J’ai perdu deux tantes. Elles sont décédées au moment où le traitement du VIH était ignoré. En ce moment là, j’étais encore étudiante en médecine. Alors, j’étais révoltée. Je me suis dit, après mes études s’il m’était donné de travailler dans une structure de santé publique, je travaillerai bien dans la lutte contre le VIH/SIDA.

    IBC : D’après plusieurs sources, le SIDA est en net recul en Rd Congo. A quoi est du cela ?

    CM : Effectivement, nous voyons que la prévalence du VIH est en train de baisser. Plusieurs efforts sont en train d’être fournis : effort dans la prévention pour limiter l’apparition des nouvelles infections. Mais aussi le plaidoyer que nous faisons ou que le pays est en train de faire aux bailleurs. Il faut dire que beaucoup de choses sont en train d’être faites pour que, du point de vue général, qu’il y ait une baisse sensible. Bien qu’il ait dans certains coins du pays où la prévalence est quand même élevée.

    IBC : Quelle nouvelle approche qu’utilise Provic désormais pour atteindre les résultats ?

    CM : PROVIC utilise plusieurs approches. Au départ, le grand objectif était de créer une grande appropriation des communautés dans lesquelles nous intervenons par rapport au VIH/SIDA. Donc, nous avons développé ce qu’on a appelé la communauté championne. Provic est un projet qui a une durée limité par le temps. Nous voulons que les communautés se prennent en charge au départ de ce projet. Qu’elles puissent continuer à sensibiliser et orienter les personnes désireuses vers un dépistage précoce pour une prise en charge précoce. Nous sommes aussi intéressés aux professionnels de sexe, aux camionneurs et aux MSM, c’est-à-dire les homosexuels. Nous les avons formés comme pairs éducateurs et mis à leur disposition une clinique juridique propre à eux pour qu’ils ne soient pas stigmatiser. Nous y appuyons en médicaments, nous réservons une petite collation pour les prestataires. Nous avons renforcé ‘’le groupe d’auto-support’’ des PVV, ce sont des clubs pour le partage d’expérience. Nous avons scolarisé 8000 orphelins. Toutes ces stratégies nous ont permis d’avoir comme résultat : l’atténuation de l’impact du VIH.

    IBC : Au sein de Provic Rdc, vous êtes responsable national des soins et soutien des Personnes Vivant avec le VIH (PVV). Nos sources renseignent que l’accès de ces dernières aux soins est un casse-tête. La fiche coûte 2$. N’est-ce pas beaucoup pour les personnes démunies ?

    CM : En tant qu’acteur de lutte contre le VIH/sida, nous disons que mieux vaut prévenir que guérir. C’est pourquoi vous verrez que les bons projets qui se respectent mettent beaucoup de moyens dans la prévention. Car la prise en charge coûte chère. Les bailleurs de fonds, eux, vont dans le sens d’une certaine gratuité mais juste à un certain niveau. Tout n’est pas gratuit. Les Anti rétroviraux sont gratuits mais le malade qui arrive dans une structure sanitaire doit quand même acheter sa fiche, payer pour certains examens. C’est là que ça devient un peu un casse-tête. La majorité des Personnes vivant avec le VIH/sida vivent dans un contexte économique faible. Nous échangeons avec le gouvernement pour voir dans quelle mesure lorsque les fonds sont alloués à la santé qu’on mette quand même un bon paquet pour la lutte contre le sida de sorte que les PVV aient quand même une gratuité presque à tous les niveaux.

    IBC : A Matadi, depuis qu’Amo Congo a fermé ses portes, les PVV doivent aller dans les hôpitaux publics. Faute de discrétion, certains se réservent. N’est-ce pas un danger ?

    CM : C’est vrai qu’avec la fermeture d’Amo Congo, cette structure qui gérait un plus grand nombre des PVV sur toute l’étendue du pays pratiquement, ce transfert des malades vers les hôpitaux publics nous a, effectivement, causé beaucoup de problèmes. D’abord, les malades avaient cet attachement vers Amo Congo où il y avait un minimum de discrétion. Ce transfert devrait être progressif mais il a été brutal. Donc les prestataires de soins se trouvant dans les hôpitaux n’ont pas su gérer toute cette masse et de garder cette confidentialité. De plus en plus, les prestataires des soins prennent cela en compte. Je peux dire que cette situation va en s’améliorant.

    IBC : Pourquoi les bailleurs de fond ont-ils réduit leur financement dans la lutte contre cette maladie ?

    CM: On a l’impression comme si les bailleurs de fonds sont en train de quitter. L’impression se fait par rapport au VIH. Je prends l’exemple du Bas-Congo, la province dans laquelle j’ai évolué durant 4 ans. La prévalence a sensiblement baissé car vous savez il y a eu plusieurs activités menées, plusieurs services offerts aux communautés, aux PVV. Les gens ont compris le message. Ils se font désormais dépister. Toutes ces activités ont eu un impact sur la baisse sensible des nouveaux cas. Pour un bailleur de fonds qui se trouverait au Bas-Congo où la prévalence est aujourd’hui presque à 1 % préférerait axer les efforts au Kasaï ou au Katanga où la prévalence est de 4%. Le mieux serait de réduire la prévalence là où elle est élevée. Au fait, les bailleurs de fond se délocalisent. Nous menons un plaidoyer là où la prévalence est basse. Car nous voulons qu’elle soit réduite sensiblement. Hier, le Bas-Congo était entre 4 et 3,5% mais il y a des poches où il y a 2 % par exemple Lukula, Boma et Moanda.

    IBC : Financé par l’USAID mais le jour où le financement s’arrête quel sera le sort du PROVIC et des PVV ?

    CM: Au -delà de ce que Provic fait avec le financement de l’Usaid, une fois, en contact avec les membres du gouvernement ou les programmes qui sont dans la lutte contre le VIH, nous ne cessons de faire un plaidoyer pour que le gouvernement nous alloue un budget. C’est vrai le gouvernement intervient dans l’exonération des médicaments, des intrants, test par rapport au VIH. Mais nous voulons que cet appui devienne encore plus substantiel pour pouvoir un peu remplacer le départ d’un partenaire. Mais malheureusement, nous n’en sommes pas encore là. Et comme vous le savez Provic est à la fin, nous entrons en contact avec d’autres partenaires encore actifs sur terrain. Nous voyons dans quelle mesure transférer ces PVV vers d’autres structures sanitaires appuyés par les partenaires. Ce qui n’est pas toujours facile puisque ces derniers ont déjà leur cible, des résultats attendus, déjà planifié le test, les médicaments par rapport à leurs résultats. Et quand Provic vient avec ses malades cela veut dire que ces partenaires doivent augmenter les médicaments. C’est pourquoi, nous disons que mieux vaut prévenir que guérir. Parce que lorsqu’une PVV est mise sous traitement, elle doit le poursuivre jusqu’à la fin de peur que le virus soit muté.

    IBC : Les PVV accusent souvent les ONG de lutte contre le SIDA de vivre sur leur dos. Qu’en est-il ?

    CM : Il y a des structures honnêtes et malhonnêtes. Pour nos partenaires, le PEFA et l’USAID, un comprimé acheté pour une PVV doit arriver dans sa bouche. Ces partenaires n’interviennent pas sur le terrain mais par le canal des ONG. Nous, nous mettons tout un tas de mécanisme pour pouvoir contrôler cette organisation non gouvernementale ou cet hôpital à avoir les résultats et poursuivre avec la prise des médicaments. Mais il y a des structures qui échappent à ce mécanisme et font autre chose avec l’argent. C’est vrai que les PVV le disent toujours. D’ailleurs une d’elles m’a dit : « Si tu travailles aujourd’hui, c’est puisque j’existe ! ». (Rire). Ce sont des réactions de frustration du fait qu’elles sont VIH positives. Mais il n y a pas toujours cet enrichissement sur le VIH/sida.

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