Bas-Congo: Emmanuel Suami, le forgeron qui donne de l’eau aux habitants

(Syfia Grands Lacs/RD Congo) Grâce à sa persévérance, Emmanuel Nsuami, un forgeron de Nsanda-Kizulu au Bas-Congo a réussi à creuser un puits qui donne de l’eau potable à une partie des habitants du village. Il espère pouvoir faire plus pour desservir les villages environnants qui en manquent cruellement.

Chaque matin, au cœur de Nsanda-Kizulu, des femmes s’alignent, récipients sous les bras pour obtenir de l’eau tirée du puits de Maître Suami. C’est ainsi qu’elles appellent désormais ce forgeron de 50 ans qui a doté, l’an dernier, ce village du Bas-Congo d’un puits.  »Il nous a sauvé car, l’eau est un vrai casse-tête dans cette contrée », se réjouit Marguerite Nsasa. Dans ce village de plus de 6 000 âmes, les habitants manquent cruellement d’eau. « Toutes les pompes hydrauliques sont tombées en panne depuis plus de 10 ans et personne ne s’en occupe », raconte José Batuemi, un habitant. Pour s’approvisionner en eau potable, les habitants doivent parcourir plusieurs kilomètres dans la brousse. Marie Lukombo, une sexagénaire s’en plaint :  »C’est dur car, il faut gravir des collines et attendre ensuite à tour de rôle. Tu peux ainsi perdre plus de 2 heures. En plus, cette eau est devenue trouble à cause des activités agricoles ». « C’est à cause de cela que les maladies d’origine hydrique sont monnaie courante dans ce village », note pour sa part Prospère Nzinga, un relais communautaire.

Avec les moyens du bord
Debout devant son puits, Emmanuel Nsuami qui n’a fait qu’un temps à l’école primaire, se remémore les péripéties qui l’ont conduit à réaliser cette œuvre. « J’ai été peiné de voir combien les gens souffraient pour avoir de l’eau. J’ai résolu de creuser mais tout le monde me décourageait en disant que même les Japonais avaient prédit que l’eau ne peut pas jaillir ici car, il y a une grande roche. Face à ma détermination, j’ai fini par la trouver et je n’ai pas vu cette fameuse pierre », affirme-t-il, fier.
Profond de plus de 30 m et d’une circonférence de près de 50 cm, il est équipé d’une manivelle qu’il a fabriquée et qui permet de remonter sans effort le bidon attaché à un long fil qui descend au fond du puits. « En un rien de temps, je sais donner aux habitants plus de 200 bidons de 25 l », se réjouit-il.
Le forgeron met au défi tous ceux qui l’accusent de vendre de l’eau aux habitants. « Je ne la vends pas. J’exige à peine 200 Fc (0,02 $) pour un bidon de 25 l ce qui ne représente absolument rien. Il faut des gens pour faire tourner la manivelle, il faut renouveler la corde qui souvent se coupe…cela exige quand même une petite contribution », se défend-il.
Il parvient ainsi avec les moyens du bord à desservir une bonne partie de Nsanda-Kizulu en eau potable et nourrit des ambitions. Il rêve de donner à tout le monde de l’eau ainsi qu’aux villages voisins. Il a déjà commencé à rassembler des tas de pierres : « Elles me serviront, dit-il, à aménager des bornes fontaines. Je compte aussi monter un tank de grande capacité. Mon souci est de résoudre le problème d’eau. Je suis ouvert à toutes les propositions ».

Alphonse Nekwa