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    Rd Congo « Merci mon Dieu de m’avoir créé albinos…»

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    (RCN Justice & Démocratie-UCOFEM-JED) A cause de la coloration de leur peau, les albinos en Rd Congo sont discriminés et parfois persécutés. Cependant, Alphonse Mwimba – alias Texas- a su faire tomber les préjugés. Le nom de ce catcheur a dépassé la sphère nationale. Il se bat aujourd’hui pour la défense des autres albinos. Portrait.

    Le catcheur Mwimba Texas à Kinshasa/Infobascongo
    Le catcheur Mwimba Texas à Kinshasa/Infobascongo

    Mwimba Texas fait la fierté des albinos de la Rd Congo. « Je suis le seul catcheur à avoir été décoré Chevalier des Ordres Nationaux. L’honneur du catch congolais se trouve entre les mains d’un albinos qui s’appelle Mwimba Texas», se pavane-t-il. . En effet, il a remporté plusieurs combats dans son pays, et aussi en Zambie, Tanzanie, Zimbabwe… Pourtant, en Rd Congo, les albinos sont considérés comme des sorciers, des porteurs de malheurs, des bons à rien, des gens qui ne vivent pas longtemps…. Outre le catch, Texas maîtrise d’autres arts martiaux : le karaté, le self-défense et la lutte gréco-romaine. Grâce à sa technicité notoire, il est devenu instructeur de la police et de l’armée. Il apprend à ces hommes en uniforme les techniques de combat sans armes. Fort de ce succès, il lance : « Merci mon Dieu de m’avoir créé albinos. Car j’attire l’attention et je change les préjugés.»

    Surmonter les préjugés
    Pour réussir, Texas a dû surpasser les préjugés. « On me disait que si on m’assenait un coup, ma peau allait rougir », raconte Texas en souriant. Il poursuit : « Dans un combat de catch à Likasi au Katanga, l’arbitre a refusé de monter sur le ring seulement parce que j’étais albinos. Dans une situation pareille, si je n’étais par aguerri, cela m’aurait découragé. » Le catcheur se souvient aussi d’une autorité provinciale à qui il voulait présenter son trophée, mais qui avait refusé parce qu’il était albinos. Pour décrocher son diplôme d’Etat en mécanique à l’Institut Sona-Bata au Bas-Congo, sa province d’origine, il s’est battu bec et ongles. « Mes enseignants me décourageaient. C’est grâce à mon préfet, l’Abbé Matembele que j’ai terminé mes études, remercie-t-il. C’est pourquoi je demande aux enseignants d’encadrer les albinos et de les placer devant, en raison de leur vue limitée.» Pour aider les élèves albinos, il leur remet régulièrement du matériel scolaire.
    De même, pour se marier, rien n’a été facile pour lui. « Certains membres de famille de mon épouse ne me supportaient pas. Ils ne pouvaient pas comprendre que leur fille épouse un albinos. Aujourd’hui, je viens à leur rescousse », se réjouit Mwimba. Avec son épouse, ils ont à ce jour deux enfants, eux aussi victimes des stéréotypes. « Quand ma femme va au marché, elle entend des femmes se demander : comment-a-t-elle accepté d’épouser un albinos ? Et mon fils se bat parfois parce qu’il est insulté du fait que moi, leur père, je suis albinos », explique Texas.

    Albinos abandonnés
    L’article 49 de la Constitution dispose : « La personne avec handicap a droit à des mesures spécifiques de protection en rapport avec ses besoins physiques, intellectuels et moraux. L’Etat a le devoir de promouvoir la présence de la personne avec handicap au sein des institutions nationales, provinciales et locales. » Malheureusement, rien n’est fait. « Les médias refusent aux albinos de devenir journalistes, l’accès à l’éducation et au travail est difficile, certains parents tuent leurs enfants parce qu’ils sont albinos… Mon souci est de recenser tous les albinos, les sensibiliser et les défendre, car beaucoup souffrent de complexes », se lamente Mwimba. Pire encore, beaucoup meurent. « Ce qui nous tue, c’est surtout le cancer de la peau. Chaque trimestre, trois à cinq albinos en meurent à Kinshasa », regrette-t-il. Pour en sauver certains, il a créé depuis le 16 juin 1998 (journée de l’enfant africain) la fondation « Mwimba Texas ». Elle leur remet des crèmes, chapeaux, parasols, lunettes de soleil… Il a été au Burundi en octobre de cette année et a fait le même geste. Cependant, il est sidéré de constater que certains ONG font des problèmes des albinos un fonds de commerce. En 2012, il a été invité à Bruxelles, en Belgique, par Annie Mokto, la présidente d’ «Ecran Total », une association internationale d’albinos. Il a été surpris d’apprendre que la Rd Congo comptait 63 ONG de défense d’albinos. « Je ne les connais pas. Et 90% de ceux qu’ils approchent, ce n’est pas pour les aider mais les exploiter », dénonce Mwimba. Il soutient le combat des structures qui militent pour l’adoption d’une loi qui protège les personnes vivant avec handicap, car « l’albinos souffrent doublement pour sa peau et sa vue difficile », conclut-il.
    Par Lucie Ngusi

     

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