Kongo Central : timide opposition des mineures au mariage précoce

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Des enfants dans la rue le 08 mars 2010/Photo d'illustration/Infobascongo

Grâce à la sensibilisation, de rares mineures au Kongo Central s’opposent au mariage précoce. Mais, il faut encore beaucoup pour que la mentalité change.

Dix-neuf ans, Paulette est étudiante en médecine à l’Université Kongo à Mbanza-Ngungu au Kongo Central. Elle raconte : ‘’Ma mère voulait me marier à 17 ans à un médecin pendant que j’étais en 5ème des humanités au Lycée Bankanzi de Mbanza-Ngungu. Elle disait que c’est une chance d’épouser en médecin. Elle me faisait savoir que si mon père était encore en vie, il aurait supporté mes études mais son nouveau mari ne me prendra pas en charge. Mais j’ai tenu ferme grâce au soutien de mon pasteur.’’ Pour cette étudiante, c’est grâce à la sensibilisation qu’elle a compris que le mariage précoce est un danger. ‘’Je suivais régulièrement l’émission ‘’En savoir Plus’’ sur la radio Ntemo de Mbanza-Ngungu. Cela m’a permis de comprendre beaucoup de choses’’, reconnaît-elle. ‘’Moi, comme j’échouais souvent à l’école, maman me disait déjà à 16 ans : Arrête carrément les études et marie-toi. Ta grand-mère s’est mariée à ton âge, m’haranguait-elle. Je n’ai pas cédé et aujourd’hui, j’étudie à l’Institut Supérieur de Commerce de Matadi.’’

Timide changement
Le changement qui s’opère au Kongo Central est la résultante de la sensibilisation. En 2006, la Synergie de lutte contre les violences sexuelles financée par l’Unicef a profité des 16 jours de l’activisme des violences sexuelles pour sensibiliser les habitants du Kongo Central. L’Association des femmes juristes du Congo (Afejuco) ainsi que plusieurs autres structures sensibilisent aussi. Mais le changement n’est que très timide. Selon le Programme national de la santé des adolescents (PNSA) ‘’en 2013, le Kongo Central a enregistré 16 642 grossesses chez les adolescentes.’’ ‘’La situation est inquiétante même si les statistiques ne sont pas actualisées par manque de moyen. Nous devons sensibiliser tout le monde. Les filles doivent comprendre qu’être grosse au bas est un risque. L’Etat doit appuyer le plan d’action pour lutter contre ce phénomène’’, soutien Didienne Bunga, chef de division du Genre. Pour Mimi Tsasa, médecin au service de gynécologie, à l’hôpital général de référence de Kinkanda à Matadi ’’une fille de moins de 18 ans court un danger en contractant une grosse. L’utérus d’une mineure est immature. Il y a le risque d’hypertension pendant la grossesse, d’accouchement dystocique. En d’autres termes, elle peut connaitre la déchirure du col, du périnée, la rétention placentaire, la rupture utérine. A l’avenir, elle risque de souffrir du cancer de col’’.

Sensibiliser
Sociologue Matthieu Bialuanga, pense que c’est un problème de société. ‘’Nous sommes dans une société des normes. Pour nous, lorsqu’une fille voit ses règles et qu’elle a des seins, elle est prête pour le mariage. C’est aussi un problème de pauvreté. Il faut sensibiliser toute la communauté et surtout les chefs coutumiers’’, estime-t-il. ‘’Le mariage précoce fait partie de violences sexuelles. Mais certains parents refusent de dénoncer de peur que l’auteur soit arrêté. Et cela entraîne un autre problème, celui de la prise en charge de la grossesse. Mais, il faut dénoncer’’, conseille Me Bibianne Bakento, défenseur des droits de l’Homme et vice-présidente de l’Afejuco. ‘’Malgré la loi sur les violences sexuelles, ce problème de mariage précoce gagne du terrain. Plus de 50% de familles ignorent la loi. Il faut créer des centres de rattrapage scolaire et des formations professionnelles pour que la fille soit instruite’’, estime Valentin Vangi, coordonnateur d’Inter-actions, une ONG de Tshela dans le Bas-Fleuve d’encadrement des femmes et des filles. ’’La grande politique, c’est la sensibilisation que nous avons commencée avec les associations et les parents. Nous menons des activités à caractère culturel à travers des leaders communautaires. Nous travaillons dans les trois districts avec l’Unicef, notre partenaire’’, explique Thérèse-Louise Mambu, ministre provincial du Genre.

 

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