Interview : LA PAROLE A CHANTAL MALAMBA :’’ Il y a des femmes aujourd’hui en Rdc qui peuvent diriger ce pays parce qu’elles en ont les atouts…’’

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A l’occasion de la journée internationale de la femme, Chantal Malamba, directrice de cabinet adjointe du gouverneur du Kongo Central parle de l’égalité des sexes homme-femme. Elle estime que la Rd Congo a fait des progrès et qu’elle est prête à accepter  une femme comme présidente.

Infobascongo (IBC): A l’occasion du 8 mars, l’ONU met l’accent sur les moyens d’accélérer l’agenda de 2030, sur la création d’un élan pour la mise en œuvre effective des nouveaux objectifs de développement durable. Or, le nouveau programme de développement durable s’appuie sur les OMD, (un programme élaboré en 2000 qui visait à réduire la pauvreté, la faim, les maladies, l’inégalité entre les sexes, et à assurer l’accès à l’eau et à l’assainissement d’ici 2015). Des progrès ont été également faits notamment sur la mortalité maternelle qui a été réduite environ de moitié. Cela ne prouve-t-il pas que l’objectif 2030 sera atteint ?

Chantal Malamba (CM) : Je peux dire déjà que le résultat comme pour 2015 sera inégal d’un point à un autre du globe. Mais l’essentiel, c’est de faire des progrès. Les OMD, c’étaient en 2000 qu’on les a pris pour un objectif de 15 ans jusqu’à 2015. On ne les a pas atteints comme on l’aurait voulu. Mais comme vous le dites, il y a eu des résultats positifs. On n’aurait certainement voulu qu’il y ait plus de résultats positifs parce que s’il y avait la participation des communautés comme il faut, s’il y avait des moyens financiers, économiques, etc. Nous aurions certainement fait plus. Comme vous le savez, il y a des endroits où les résultats n’étaient pas possible notamment à cause des guerres, il y a d’autres endroits où les pesanteurs religieuses sont tellement importantes que des résultats sont très ralentis, il y a des endroits où il y a la pauvreté qui empêchent de faire de grands pas mais l’essentiel, c’est d’avancer. Ce qui est condamnable, c’est de rester là où l’on est. Et en Rdc, il y en a des résultats positifs notamment en ce qui concerne les droits des femmes. Nous avons eu des lois très utiles. En ce qui concerne des lois contre les violences faites aux femmes, nous avons eu des résultats plus ou moins positifs,en ce qui concerne les études des filles,nous avons un peu reculé,en ce qui concerne la femme et l’environnement, nous avons reculé. Le milieu est devenu très insalubre. Comme je l’ai dit, nous n’atteindrons pas les résultats à 100%. Nous devons avancer.
En prenant en compte notamment toutes réflexions qui se passent dans le monde où l’on dit par exemple si on veut lutter contre les maladies, nous devons améliorer notre milieu,il faut de la volonté, l’engagement bien entendu les moyens. Il faut aussi de la volonté politique.

IBC : Malgré les efforts des femmes pourquoi restent-elles toujours victimes de violences de tout genre, de discrimination, en raison à la fois de tradition ou de normes culturelles et de lois inattaquables ?

CM : Nous sommes au Kongo Central. Quand une femme perd son mari, nous avons un arsenal juridique suffisamment pour protéger la femme et les orphelins. Mais nous avons aussi un environnement culturel qui conditionne les êtres humains que nous sommes. Les femmes intellectuelles qui savent prendre de la distance par rapport à la culture peuvent dire si aujourd’hui on vient me déranger, déranger mes enfants, je sais ce qu’il faut faire pour que je défende mes droits s’il le faut. Je vais aller au tribunal. Une autre femme va se dire tellement que le carcan culturel la tient, elle va se dire, je vais protéger mes enfants, je ne veux pas lutter. En disant cela, elle ouvre la porte à des moments difficiles pour son enfant et elle. Donc, tu veux éviter la mort physique, peut-être immédiate des enfants qui n’est même pas certaine mais tu les envoies dans une mort lente parce qu’ils vont être au bas de l’échelle sociale. La femme, ce n’est pas seulement sa volonté qui suffit comme je l’ai dit tout à l’heure. Ce n’est pas un combat de la femme mais un processus de la société. C’est une démarche de la communauté. Il faut que toute la communauté s’accorde à dire que la femme doit bénéficier, doit vivre ses droits. Et lorsque toute la communauté s’engage à ce que cette femme puisse bénéficier de ses droits, alors toute la communauté doit se disposer à défendre ses droits. Et vous allez voir que nous n’aurons peut -être pas besoin d’arriver au tribunal parce que dans la communauté, dans la famille du mari ou de la femme, on trouvera des personnes qui sont compréhensives de besoin de droit, de la préservation des droits de la femme et des enfants. Donc, il faut que nous fassions évoluer nos cultures. Nous avons des droits mais ces droits ne s’appliquent pas seulement. S’il n y a pas de personnes pour amener les contraintes lorsque c’est nécessaire, s’il n y a pas de personnes pour dénoncer, ces droits vont rester lettres mortes. Il faut sensibiliser la population pour qu’elle soit sensible à ces questions.

IBC : « Ecole pour tous, toutes les jeunes filles à l’école », ce slogan peine à se matérialiser dans les villages, en Rdc. N’est-il pas un frein à l’atteinte de l’égalité entre homme et femme ?

CM : Il y a certes une bonne partie dans les villes qui ont compris. Mais faisons une enquête pour voir combien de filles qui restent à la maison où il y a celles qui vont à l’école entre guillemet ou pour satisfaire à une mode. On les envoie à l‘école mais personne ne veille à ce que réellement qu’elle soit transformée par l’éducation, l’enseignement qu’elle reçoive. Il y en a beaucoup même en ville. Vous avez dit qu’il y a eu des slogans. Les slogans resteront creux tant qu’ils ne sont pas accompagnés d’une vraie sensibilisation, des vraies études dans la communauté. Il faut qu’il y ait des systèmes qui prennent la relève, des sensibilisations périodiques pour qu’à chaque moment nous puissions veiller à ce que cela entre dans nos habitudes, notre culture, d’envoyer les filles et garçons à l’école.

IBC : Quelle est la politique de Jacques Mbadu, le gouverneur pour la promotion du genre au Kongo Central ?

CM : Le gouverneur de province avant de l’être, il était parlementaire. Donc, il est parmi les géniteurs de cette loi sur la parité et de la loi sur la mise en œuvre de la parité. Et donc, quand il est arrivé ici en province avant même que la loi sur la mise en œuvre de la parité soit promulguée, puisqu’il connaissait déjà cet esprit, il est venu avec l’application. Ce n’est pas parce qu’on a eu la loi qu’il l’a appliqué. Il l’a appliqué avant la loi. Il a constitué son cabinet et son gouvernement en faisant en sorte qu’il y ait des femmes. Non seulement qu’il y ait des femmes pour que la loi ou le règlement les disent mais il sait que le Kongo Central a des femmes valables et je crois que tout le monde le voit. Les trois femmes ministres ne sont pas n’importe quelle femme Kongo. Il a démontré à la population Kongo que nous avons des femmes valables. Je vous assure même s’il faut constituer un gouvernement que des femmes, le Kongo Central est capable parce que nous avons beaucoup de femmes valables. Au-delà de la participation de la femme dans la prise de décision au Kongo Central, le gouverneur de province veille notamment à l’agriculture, l’éducation qui sont des domaines exclusifs du gouvernement provincial. Il faut que ces politiques prennent également en compte la femme. Vous savez que la politique du genre est transversale. C’est dans l’éducation, l’agriculture, le développement rural. C’est dans tout ça. La femme doit se retrouver non seulement comme bénéficiaire mais actrice. Et le gouvernement veille à cela.
A côté de cette volonté politique, il faut qu’il y ait une expression de la femme elle-même. En tant qu’activiste des droits de femmes, j’ai quelques conseils à donner à mes sœurs Kongo. Il faut qu’elle participe davantage.

IBC : Aux USA, l’heure est aux primaires. Hillary Clinton se démarque. Comment appréciez-vous le combat de cette femme ?

CM : J’apprécie beaucoup le combat de cette femme parce que d’abord elle ne s’est pas réveillée un matin pour dire que je vais devenir présidente, non ! Elle a un cursus qui a commencé il y a longtemps. Déjà dans ses études, elle prévoyait d’aller loin. Même si dans ces études, elle ne voyait pas le poste de présidente des Etats-Unis mais, elle entrevoyait déjà les hauteurs. Et elle s’est donnée les moyens. Vous allez le voir lorsqu’elle parle de toutes les questions, elle est bien informée. Et, elle a une position qui est à elle et qui se défend. On parle d’elle comme femme parce que c’est Hillary. Mais en tant que candidate, elle ne vaut pas moins. D’ailleurs, elle vaut beaucoup plus que plusieurs. Si aujourd’hui, beaucoup pensent qu’elle peut réussir parce qu’elle manifeste effectivement des capacités de leadership, de diriger ce pays et d’être leader du monde,elle s’est formée, elle exprime ses ambitions et ne s’arrête pas à la première difficulté. Elle avait déjà commencé. Elle a fait la course avec Obama. Obama a gagné mais elle ne s’est pas arrêtée. Vous voyez ici chez nous les femmes, nous sommes allées aux élections en 2006. Beaucoup se sont cassées la gueule mais beaucoup aussi se sont affaissées. Ce ne sont pas des résultats qu’on obtient au premier coup toujours, Hillary sera peut -être la première femme qui va diriger le pays le plus fort du monde. Je suis sûre que si elle passe, elle ne sera pas parmi les plus petits présidents des Etats-Unis.

IBC : Les américains sont-ils prêts à accepter d’être dirigés par une femme ?

CM : Les américains sont- ils prêts, je dirai peut-être oui et non. Quand je dis oui, c’est parce qu’ils ont eu l’habitude de voir les femmes avancer même ceux qui ne sont pas prêts. Ils se disent elle peut arriver parce qu’il y a beaucoup d’éléments favorables, elle est une femme intelligente, qui peut. Si je dis non,c’est peut-être à cause des Conservateurs. Hier, personne ne pouvait penser qu’un président noir pouvait diriger les Etats-Unis mais Obama l’a fait. Cela a montré qu’il y a aucune difficulté insurmontable. Hillary aujourd’hui avec tout ce qu’elle a comme background avec également le fait d’avoir vu une des minorités passé président, elle se dit tout est possible.

IBC : Qu’en est-il de la Rdc ?

CM : Ce ne sont pas de choses qui s’improvisent. Vous savez peut-être pour nous faire plaisir parfois on se dit on va prendre une adjointe, on mettra là comme ça les femmes ne pourront pas parler. Mais, ils se sont rendus compte que parmi celles qu’on a mis adjointe pour le plaisir, il y a eu effectivement des femmes valables. Et, il y a des femmes aujourd’hui en Rdc qui peuvent diriger ce pays parce qu’elles en ont les atouts, les capacités. Il faut qu’il y ait du courage, de stratégie, de politique.
Devenir présidente de la République est un fait éminemment politique. On ne peut pas y arriver seulement en ayant les droits des 30% et 50%. Il faut aller dans la bataille politique, il faut avoir des alliés, un programme. Je vous assure que le Congo est plus que prêt. Les gens se rendent compte que les femmes sont prêtes. Nous avons maintenant un background culturel assez qui se positionne en pesanteur. Mais les constats sont faits pour les êtres humains. Il faut les mener et les vaincre.

3 Commentaires

  1. Nda wenda ku ntwala nlenki ‘amo ! Le succèss porte un nom: une lutte, ferme et loyale, par la grâce de Dieu.

  2. Mbadu se bat tellement pour la parité c est pourquoi dans la cellule de cohésion qu il a initié il n a nommé que des hommes car pour lui la femme a une très grande place dans la vie du kongo central, n est ce pas madame malamba?

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