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    Bas-Congo:Travailler ou s’occuper des enfants, un dilemme pour les femmes

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    Prisca,une journaliste/Photo infobascongo
    Prisca,une journaliste/Photo infobascongo

    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Au Bas-Congo où il n’existe presque pas de crèches et où la croyance à la sorcellerie est grande, de nombreuses femmes travailleuses hésitent à laisser leurs nourrissons aux bonnes ou à un membre de famille, en qui elles ont de moins en moins confiance. Elles préfèrent sacrifier leur travail pour suivre, elles-mêmes, l’éducation de leur progéniture.

     

     

     S.M. était secrétaire dans une importante entreprise publique de Matadi. Sur demande de son époux, elle a quitté son emploi il y a quelques années, pour s’occuper de ses enfants à domicile. « Mon mari ne veut pas que nos enfants soient abandonnés et bénéficient d’une mauvaise éducation« , explique-t-elle aujourd’hui. Contraintes par leurs époux ou pas, de plus en plus de femmes au Bas-Congo finissent, en effet, par garder la maison afin de mieux assurer l’éducation de leurs enfants. « C’est vrai que je gagnais bien 300 $ le mois. Mais j’ai dû partir au profit de l’éducation de mes enfants« , raconte Françoise Makedika, ancienne employée à l’Office national des transports (Onatra).

    Jusque-là, par manque de garderies d’enfants – les rares qui existent sont chères -, la pratique la plus courante chez les femmes travailleuses est de laisser la garde de tout petits entre les mains des bonnes ou d’un membre de famille. Mais à cause du laisser-aller et d’un manque d’affection, la confiance envers ces gardiennes d’enfants fait cruellement défaut. Très souvent, « quand je rentrais à la maison je trouvais la bonne en train de regarder la télé pendant que mon bébé n’était pas soigné ni nourri« , se plaint Marie Nsona, une habitante de la ville côtière de Muanda (220 km de Matadi). Alors qu’elle travaillait à InfoBasCongo, Delphine Lukoki n’avait, elle, pas confiance en sa cousine qui, dit-elle, « sortait tout le temps, abandonnant mon bébé de 4 mois dans le berceau pour ne rentrer que peu avant mon retour à la maison. »

     Concilier les deux activités est possible

    Autre raison qui explique cette tendance, la forte croyance à la sorcellerie très ancrée dans les coutumes locales. A Nzanza, un quartier populeux de Matadi, une femme qui enseignait des enfants de la maternelle dans sa parcelle, a notamment été traitée de sorcière. « Les salles de classe se sont vidées en très peu de temps« , raconte un témoin, les parents lui ayant vite retiré leur confiance. Des mères souvent trop superstitieuses refusent ainsi de confier leurs enfants aux crèches, et préfèrent elles-mêmes s’occuper d’eux. Les enfants en situation de rupture familiale qui vivent dans la rue, sont d’ailleurs comme partout au Congo, souvent considérés eux aussi comme sorciers…

    Le laisser-aller des bonnes, le peu d’affection envers les enfants, la peur de voir son enfant ensorcelé… Tout ceci ne règle pourtant pas la situation de celles qui abandonnent leur travail au profit de l’éducation des enfants au foyer. En y renonçant, elles perdent un salaire qui leur permettait de compléter le revenu du mari. A domicile, certaines exercent certes de petites activités lucratives, mais qui ne rapportent pas gros. « Avoir un salaire est tout différent d’un petit commerce à la maison« , pense une femme. « C’est dur pour moi. Car il faut maintenant tout attendre de mon époux« , avoue D.L.

    Vice-présidente de l’Association des femmes juristes du Congo (Afejuco), une structure qui milite pour la promotion de la femme, Bibiane Bakento fait observer que de nombreuses femmes réussissent l’éducation de leurs enfants, en exerçant une activité professionnelle. Pour elle, « la femme doit s’épanouir » par son travail.

     « … je m’arrange pour aider ma femme« 

    Certains hommes qui l’ont bien compris n’hésitent d’ailleurs pas à donner un coup de pouce à leurs épouses. « Il ne faut pas que l’homme se comporte comme un chef coutumier dans le foyer« , déclare à ce sujet Armel Maboti, secrétaire de cabinet dans un ministère. Cet homme un peu en avance par rapport à sa société va, chaque jour à midi, chercher les enfants à l’école pour les ramener à la maison. Il s’occupe aussi de leur toilette, leur prépare à manger et veille à leur éducation. « Avec un peu de volonté, c’est possible !« , s’exclame-t-il. « Puisque j’ai accepté que ma femme travaille, je m’arrange pour l’aider« , renchérit Titi Mbambi, un autre homme qui reconnaît qu’il ne peut pas nourrir sa famille, rien qu’avec l’argent qu’il gagne.

    Selon la tradition dans la région, certaines gens pensent que « c’est une honte pour l’homme de se mettre à nettoyer la vaisselle par exemple. » Parlant du travail des femmes, Charles Bromains, un psychologue, pense plutôt que tout s’arrange et s’organise. « Ce sont souvent les faibles, dit-il, qui n’arrivent pas à combiner les deux activités« , le travail et les obligations ménagères.    

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