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    Sourds-muets de Matadi, les oubliés de la sensibilisation sur le Covid-19

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    À Matadi, au Kongo central où le coronavirus a ôté la vie à deux personnes et en a contaminé 29 autres, la sensibilisation s’accentue. Malheureusement, tout ce qui est fait ne prend pas en compte les sourds-muets. Un des leurs encadreurs décide de les informer pour les prémunir de la pandémie.


    Institut Mgr Lubaki (Imolu), lundi 11 mai,12h30! Treize jeunes filles et garçons, distancés, masques sur la bouche sont assis dans une salle de classe. Ils sont malentendants et suivent religieusement Paul Masandi, un encadreur des sourds-muets, reconnu dans la ville. La leçon qu’il explique en langue des signes est clairement écrite au tableau: sensibilisation des sourds-muets sur le Covid-19.
    Masandi explique ce que c’est le Coronavirus, comment il se propage et comment l’éviter.  »Nous refusons que cette maladie se répande dans votre milieu. Respectez les gestes barrières et surtout restez chez vous car vous aimez trop vous promener », leur dit-il.

    Des préoccupations

    Dieudonné Matondo se lève et lance:  »Moi, je ne sors pas, je reste à la maison. Mais chaque jour, mes frères et soeurs sourds-muets viennent me rendre visite. En tout cas, ne venez plus. Je ne veux pas être contaminé et contaminer les autres. »
    D’autres malentendants posent de nombreuses questions. Ils n’étaient pas informés. Celle de Benie Sudikila est complexe. ‘‘Si un sourd-muet est atteint du Covid-19, qui traduira ses préoccupations aux médecins? », demande-t-il. Paul Masandi n’a pas pu y répondre. En effet, à Matadi où 170 malentendants vont à l’école, rare sont les personnes qui connaissent la langue des signes. Derrière lui, Vasco Futi, un jeune sourd-muet doué en informatique. Il vient d’ailleurs de participer le 4 mai 2020 à un forum international en ligne sur la sensibilisation des leaders sourds d’Afrique sur le Covid-19. Il ne comprend pas que dans sa province rien ne se fait en faveur de ces personnes vivant avec handicap.  »Mais comment la Radio télévision nationale congolaise (RTNC), chaîne provinciale, ne traduit pas en langue des signes les informations et ne permet pas aux sourds d’être sensibilisés? », s’interroge-t-il.  »Nous sommes exposés », regrette-t-il.

    C’est justement pour éviter cette exposition que Paul Masandi qui dit être déjà en contact avec la RTNC les sensibilise.  » Je le fais par amour pour ces enfants privés de l’information », soutient-il. Il remercie l’abbé Jean-Jacques Diaduka, coordonnateur de Caritas développement, ville de Matadi pour la disponibilité de la salle de classe pour réunir les sourds-muets. Pour Dr Goethe Makindu, médecin chef de zone de Matadi  » il faut penser à eux car, la Covid est une maladie qui n’épargne personne  ».

    Ceux sensibilisés partent avec un message:  »Nous disons non au Covid 19 dans nos milieux et nos familles. » Mais aussi des masques leur remis par la fondation Kisalu me banda.Certains se protégeaient juste avec des papiers mouchoirs pendant la sensibilisation  ».  » Nous avons besoin de l’appui aussi de l’Etat parce que les sourds-muets ont aussi des droits  », plaide Marie-Louise Nsiala, mère d’une sourde-muette. En attendant, le diocèse de Matadi construit à travers Caritas développement construit école moderne d’enseignement spécial  pour les malentendants.  » Tout y sera pour les protéger notamment de la pandémie  », promet le représentant de Caritas.

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