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    Covid-19: le business des travailleuses du sexe moins rentable et dangereux à Matadi

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    Malgré la présence du Coronavirus à Matadi, les travailleuses du sexe continuent de battre le pavé. Mais les clients se font rares à cause de la crise et les gestes barrières sont bafoués. Reportage de nuit à Kinkanda.

    La nuit tombe sur Kinkanda, la principale route de la ville sur la nationale n°1 Matadi-Boma. Il fait un froid de canard, la circulation est diffuse. Dans la pénombre, deux filles à proximité de l’école Mavinga sont assises côte à côte sur une grosse pierre. Non loin d’elles, une autre fille, 23 ans postée devant un containeur. Petite, elle porte une mini-jupe qui expose suffisamment ses gambettes. Elle échange avec un jeune homme à l’aspect négligé qui désire acheter des services sexuels. Béné est son nom (Béné, diminutif de Bénédicte). Pour 4 000 Fc (2$), elle fait monter des hommes dans une maison de tolérance qui revient à 500 Fc (0,25$).

    Le prix moyen d’une passe pour elle avant le 10 mars, date à laquelle l’Etat d’urgence a été décrété en RDC à cause de la Covid-19, était de 10 000 FC (à cette époque 1$ équivalait 1 800 Fc). ‘’Par le temps qui court, je peux revoir à la baisse le prix et bien servir le client : 3000 Fc (1,5$)’’, dit-elle. Sa collègue Arlette est dans le métier depuis trois ans. Elle a singé une de ses tantes. Cette fille dodue se décarcasse pour maintenir un tarif élevé, 10$ pour dit-elle payer son loyer.  »Mais quand je n’ai pas de clients j’accepte parfois 5 000 Fc (2,5$)’’, reconnait-t-elle.

    Mais, il est aussi connu que la catégorie des filles de joie qui paradent devant l’école Mavinga s’offrent moins chères. Leurs principaux clients: les chauffeurs des poids lourds.

    Pas de port de masque

    Celles devant l’hôtel Kopway, à une centaine de mètres, sont plus chères. ‘’Avant, dans les boites de nuits et hôtels, je pouvais gagner 50$ par clients. Pour l’instant, j’accepte 20$’’, avoue L.B.

    Cependant, pour exercer, ces travailleuses du sexe ne portent pas de masques. ‘’La maladie se trouve où ? Elle n’existe pas et aucun client ne le réclame’’, soutient Béné. Comme elle, toutes les autres ne reconnaissent pas la maladie. ‘’C’est une bonne blague cette histoire de Coronavirus’’, lance une autre prostituée qui a même du mal à bien prononcer le nom de cette pandémie. Curieusement, c’est aussi cela l’avis d’un client, un cinquantenaire. Il vient de draguer Sarah. ‘’La maladie n’existe pas. Je couche régulièrement avec ces filles. Et, vraiment comment porter le masque quand tu te fais plaisir ?’’, s’interroge-t-il. ‘’Le fait de ne pas porter le masque est un danger énorme. En parlant avec un client qui dégage les postillons, c’est un danger’’, avertit Dr Goethe Makindu, médecin chef de zone de santé de Matadi. Au 8 juillet dernier, Matadi comptait 229 cas de Coronavirus et 24 décès.

    Arlette se décarcasse pour cesser le plus vieux métier du monde interdit en RDC mais pas reprimé. ‘’Si vous connaissez des ONG qui peuvent m’aider, je suis prête à abandonner. C’est dur mais je n’ai pas le choix car j’ai une fille à nourrir’ ’, confesse-t-elle.

    Par Carmel Liputa

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