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    Bas-Congo: Les avocates des femmes, elles mêmes menacées

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    les femmes dans la rue contre le harcellement/infobascongo
    les femmes dans la rue contre le harcellement/infobascongo

    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Défendre les droits des femmes victimes de viols et de violences de toute nature demande beaucoup de courage aux avocates du Bas Congo. Elles sont régulièrement menacées par les accusés et leurs proches qui ne comprennent pas toujours leur combat.

    « C’est parmi les plus difficiles procès que nous avons eu à affronter. Je perdais même la voix et les menaces étaient fortes !« . Avocate au sein de l’Association des femmes juristes du Congo (Afejuco), Cherine Luzaisi et ses collègues ont assumé en septembre 2009, à Matadi, la défense de la partie civile dans le procès du pasteur d’une Eglise de réveil, accusé d’avoir violé une jeune fille. Elles ne sont pas prêtes d’oublier le traumatisme qu’elles ont vécu au sortir d’une audience, à laquelle avaient assisté de nombreux fidèles de l’Eglise. Elles étaient pointées du doigt dans la rue et leurs téléphones débordaient de messages anonymes, raconte Chérine. Dans une autre affaire de viol, l’accusé, un chef traditionnel, les a simplement prévenues d’être « fortes dans leur travail et sur le plan spirituel. »  

    Une quarantaine en tout, ces avocates se battent depuis quelques années, pour défendre et promouvoir les droits de la femme et de l’enfant. Dans cette province du Bas-Congo pourtant en paix, les femmes victimes de violences sexuelles ou d’autre abus sont de plus en plus nombreuses. La province se classe en troisième rang dans le pays, après les deux Kivu en proie, elles, à des conflits armés. Analphabètes à 38 % selon une enquête du ministère de la Santé menée en 2007, elles se taisent et ne portent généralement pas plainte contre les auteurs des violences dont elles sont victimes. « C’est à cause de ces nombreux abus et cet analphabétisme que notre association est née« , explique Chérine, la présidente.

    Tâche difficile

    Elles battent campagne dans les médias, les églises, les écoles… où elles vulgarisent les nouvelles lois sur les violences sexuelles, les mariages de fait, l’autonomisation de la femme, ou encore le non rejet et la stigmatisation des personnes vivant avec le Vih/Sida (Pvv). Elles apportent aussi une assistance juridique volontaire aux victimes de ces différents abus. Leur travail donne du coup des résultats. Des femmes prennent conscience de leurs droits et se mettent à dénoncer les auteurs de ces actes. Une policière travaillant dans une entreprise publique de Matadi, a notamment eu le courage de dénoncer le harcèlement sexuel dont elle faisait l’objet de la part de son chef hiérarchique. L’Afejuco a, de ce pas, organisé une marche contre ce genre de comportement, jusqu’à la résidence du gouverneur de province. « Je n’exige rien d’autre que justice me soit rendue« , avait-elle clamé.

    Des Pvv s’étaient, eux, rendus en masse en 2009, soutenir ces avocates qui défendaient au parquet une de leurs collègues, qui avait porté plainte pour diffamation. « Nous avons à présent des gens sur qui nous pouvons compter pour faire prévaloir nos droits« , se réjouit François Kapinga, secrétaire provincial de l’Union congolaise des Pvv.

    Mais la tâche de ces défenseuses des droits de la femme n’est pas facile, comme le témoignent les scènes qu’elles vivent souvent lorsqu’elles prennent en charge le plaidoyer d’une victime. Le poids de certaines coutumes constitue en effet parfois un vrai handicap à la promotion du droit. A l’image de cet homme qui pensait vivre avec sa femme comme bon lui semblait : « Ces avocates ne sont pas sûres de se marier. Voilà pourquoi elles entêtent nos épouses« , rétorque-t-il, furieux que sa femme exige la régularisation de leur mariage.   

     « Nous ne reculerons pas !« 

    Ni les menaces ni les insultes ne les découragent cependant. « C’est assez délicat de défendre la femme, mais puisque nous sommes dans le bon et que c’est notre travail, nous ne reculerons pas« , jure Me Bibiane Bakento. Pour exercer en toute sérénité leur travail, elles s’entourent néanmoins de précaution. Elles n’hésitent pas à prévenir les autorités ou la Monusco (Mission des Nations unies pour la stabilisation au Congo, ex Monuc) pour assurer leur propre sécurité.

    Espace femmes, une plate-forme des organisations féminines du Bas-Congo, leur apporte aussi son soutien. « Si vous avez des pressions, informez-nous pour qu’on vienne à vos audiences vous soutenir« , leur conseille Léontine Kiminu. Avec des soutiens qui se multiplient, ces femmes avocates veulent maintenant porter leur combat plus loin, jusque dans l’arrière province où, disent-elles, « la mentalité est rétrograde et fortement ancrée dans la coutume. » Là-bas, elles redoutent d’avoir plus de problèmes et demandent donc d’être davantage sécurisées, surtout pour les dossiers sensibles.

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