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    L’AFRIQUE A QUATRE NOUVEAUX CARDINAUX

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    Cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa
    Cardinal Monsengwo, archevêque de Kinshasa

    Nous publions cet article de l’Abbé Germain Nzinga,Prêtre du diocèse de Matadi présentement à Rome  .Il l’a écrit depuis le 19 novembre dernier. 

     

    En ce 34e dimanche de l’année liturgique, le monde entier fête la solennité du Christ Roi. Il en a conclu que l’univers entier est sa création. Il vient de lui et revient à lui. Il a été créé par le Christ et par Lui, en vue de lui. Au centre de tout cette création règne le Christ qui, sur sa croix, a fondé le trône de son Royaume . Un Règne de paix, de justice et d’amour qui en ce mois de novembre 2010 revêt les allures d’une fête africaine.

    Demain samedi 20 novembre 2010, en effet, se tiendra à Rome un nouveau consistoire convoqué depuis le mercredi 20 0ctobre 2010 par le Saint Père, le pape Benoit XVI. Lors de la tenue de ce consistoire , le pape créera vingt-quatre nouveaux cardinaux . Ceux-ci proviennent de quatre continents en raison de :

    • 15 européens dont 10 italiens.
    • 4 américains dont 2 de l’ Amérique latine et 2 autres de l’Amérique du Nord.
    • Un asiatique.
    • 4 africains.

    Qui sont donc ces 4 nouveaux promus africains ? Quel est leur profil pastoral ? Qu’est-ce que l’Afrique profonde attend de cette décision du saint père ?

    Parcourons très brièvement leurs traits biographiques :

    02L’Afrique passe de 8 à 12 sièges

    Au sein de l’instance du Collège cardinalice appelé à désigner le nouveau pape en cas d’un futur conclave , le nombre des cardinaux africains est passé de 8 à 12, soit le 10% de l’ensemble du corps électoral du successeur de 121 cardinaux. Dans la configuration de nominations actuelles, priorité semble avoir été donnée aux responsables romains : les cardinaux dits « de la curie » occupant des postes de responsabilité au sein du gouvernement central de l’Eglise étaient au nombre de seize. Ils sont désormais au nombre de vingt-six, soit près d’un tiers des électeurs.

    Dans la foulée, il convient de noter que jadis cette assemblée ne contenait aucun des sept patriarches des églises orientales. C’est désormais chose faite, avec Sa Béatitude Antonios Naguib, patriarche d’Alexandrie des coptes en Egypte. Enfin, le benjamin n’est plus le cardinal hongrois Peter Erdo, archevêque de Budapest mais plutôt le nouveau cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising en Allemagne, lequel est seulement âgé de 57 ans . Les 24 nouveaux cardinaux affichent un âge moyen de 69,5 ans.

    03Les raisons expliquant ces nominations…

    Ce grand intérêt du Saint Père pour l’église africaine suscite beaucoup d’enthousiasme et sonne comme une mise en application de nombreux propos qu’il a tenus lors de son premier périple pontifical en Afrique qui le conduisait plus précisément au Cameroun et en Angola. Le jour de publication de cette liste, le pape insistait sur la catholicité de l’Eglise. Disait-il, « cette liste reflète l’universalité de l’Eglise » soulignant en même temps que les nouveaux princes de l’Eglise proviennent de diverses parties du monde et occupent différentes fonctions, au service du Vatican ou au contact direct des fidèles.

    Outre cela, ces nominations sont synonymes de la reconnaissance de la progression explosive de la chrétienté africaine, tant en nombre de prêtres que de fidèles. C’est surement sur cette vitalité que Benoit XVI a voulu parier, donnant des signes forts de ses encouragements envers ce qui semble devenir l’épicentre de la foi chrétienne dans les jours à venir. Il ne serait pas juste d’omettre un fait important : la montée en flèche de l’Asie sur le plan politique, économique et religieux. Jour après jour elle devient un pion majeur dans la nouvelle géopolique des orientations pastorales de l’Eglise catholique. Les efforts de rapprochement du Vatican avec l’Eglise de Chine, de l’Inde voire avec des pays à vocation musulmane sont à inscrire dans la dynamique pastorale du pontificat de l’actuel pape qui mesure à sa juste valeur les enjeux missionnaires du continent asiatique dans la configuration religieuse future de la planète.

    La nomination du patriarche Naguib est à lire au-delà de l’horizon africain. Elle valorise les patriarches des églises orientales et vise ainsi à les impliquer dans la collaboration avec le pape au sein de l’église universelle. Cette nomination porte de toute évidence le sceau du dernier synode des Evêques sur le Moyen-Orient qui s’est tenu à Rome du 10 au 24 octobre 2010, synode au cours duquel plusieurs intervenants ont demandé que les patriarches soient membres du collège électeur.

    04Face au départ du Cardinal Tumi…

    Depuis que le 15 octobre dernier, le cardinal Christian Tumi, Archevêque Emérite de Douala au Cameroun, a célébré ses 80 ans d’existence, le corps des électeurs est resté réduit à 102 cardinaux. Or le maximum des cardinaux électeurs participant au conclave en cas d’élection du pape, a été fixé par le pape Paul VI en 1973 à 120. Benoit XVI, en nommant 24 nouveaux cardinaux, a donc choisi de dépasser ce seuil de deux unités .

    Mais pour peu de temps seulement, puisque , entre le 26 et le 11 avril 2011, six cardinaux fêteront leurs 80 ans et par voie de conséquence, ne seront plus en mesure de participer au vote. Mais la question qui nous concerne ici touche au siège de Douala qui est occupé par un nouvel Archevêque en la personne de Son excellence Monseigneur Samuel Kleda .

    Pourquoi le pape n’a-t-il pas nommé automatiquement cardinal, Monseigneur Samuel Kleda, le successeur du cardinal Tumi, dès lors qu’il a été nommé le 17 novembre 2009 pour le remplacer? Répondre à cette question demande de mettre en exergue le principe qui a guidé l’actuel consistoire : Benoit XVI a appliqué la règle non écrite qui veut que ne soit pas créé cardinal un archevêque résidentiel dont le prédécesseur, n’ayant pas atteint l’âge de 80 ans, est toujours membre du Conclave.

    Règle qui ne s’impose point du tout dans le cas du cardinal Tumi qui a déjà soufflé sur ses 80 bougies et donc déclaré non électeur. Et alors ? C’est le lieu de se demander si Douala est un siège cardinalice qui d’office investirait le nouvel archevêque de pourpre cardinalice.

    Et si tel est le cas, nous nous souviendrons que la succession à un siège épiscopal cardinalice ne va pas d’une manière automatique avec l’élévation au rang du cardinalat. Quand bien même ce siège cardinalice conférerait, de iure, la barrette au successeur, plusieurs paramètres entrent en ligne de compte qui font que le nouvel archevêque soit appelé à attendre. Une attente non du titre mais surtout celle qui se s’investit dans le zèle de servir toujours et partout les brebis de Dieu. Ce titre-ci de serviteur est au-dessus de tous les autres titres. C’est lui qui fait de nous les plus grands et les premiers dans le Royaume de Cieux.

    05Cardinaux, pour quoi faire dans cette Afrique en crise ?

    La nomination à la fonction de cardinal est avant tout un moment de fidélité et de collaboration encore plus étroite avec le Saint Père dans la direction pastorale du peuple de Dieu disséminé à travers le monde. Cette fidélité va de pair avec la fidélité à la profession de foi héritée des apôtres qui l’ont eux-mêmes reçue du Souverain Maitre. Il ne s’agit point que le cardinal dise ce qui lui passe par la tête mais d’annoncer avant tout l’Evangile de Jésus-Christ, au besoin jusqu’au martyre. La couleur rouge de leurs vêtements est le signe de sang qu’ils doivent être prêts à verser chaque fois qu’il faut défendre la fidélité aux valeurs évangéliques.

    Dans l’Afrique en crise, crise d’hommes de valeur et de conviction, cette mission revêt une importance capitale. Au moment où ceux qui sont appelés à défendre le Bien Commun trahissent ou se laissent corrompre, condamnant des générations entières à vivre sous le seuil de la pauvreté ou à émigrer en exil, devenir cardinal devient une lourde responsabilité sociale.

    L’Afrique d’en bas, celle des pauvres et de laissés-pour-compte, attend que la Parole de vérité de l’Evangile soit proclamée à temps et à contretemps, sans peur ni ménagement. L’Afrique d’en bas attend qu’après le consistoire du demain 20 novembre, ses nouveaux cardinaux deviennent comme le levain qui fait fermenter les grandes aspirations au changement des peuples africains. Dans l’incertitude où les ont plongés leurs élites politiques, cette Afrique d’en bas formule ce vœu que les nouveaux cardinaux hurlent à cor et à cri la Vérité de Dieu pour lui donner des repères et des rayons de lumière dans son combat pour la conquête de ses libertés fondamentales.

     In fine, elle attend que les valeurs évangéliques du Royaume des Cieux soient professées et vécues avec sérieux pour que tous, dirigeants politiques, opérateurs économiques, professeurs d’université et autres leaders de la société civile s’engagent à promouvoir une vie communautaire qui met l’humain et sa croissance intégrale au centre de leurs préoccupations quotidiennes.

    La communauté africaine chrétienne  s’associe à la joie et à la fervente prière de tous les frères et sœurs qui se trouveront demain à la Place Saint Pierre et souhaitent d’ores et déjà de nombreuses faveurs  spirituelles à nos nouveaux prélats. Ad multos annos !

    Bonne fête de CHRIST ROI à tous les internautes !

    Abbé Germain NZINGA

    Rome.       

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