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    Bas-Congo:Des médecins fautifs sanctionnés par leurs pairs

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    consultation populaire /infobascongo
    consultation populaire /infobascongo

    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Au Bas-Congo, au sud-ouest de Kinshasa, le Conseil de l’Ordre des médecins n’hésite plus à sanctionner des médecins reconnus fautifs dans la pratique de leur profession. Les habitants, eux, sont encouragés à se plaindre auprès de lui plutôt qu’au parquet, pour dénoncer les abus dont ils sont victimes.

    La confiance de la population renaît petit à petit à l’égard du Conseil de l’Ordre des médecins du Bas-Congo. Ces derniers mois, cet organe chargé de veiller notamment au respect du Code de déontologie qui régit cette profession, a sévèrement sanctionné trois médecins. « Ils ont été suspendus avec interdiction temporaire d’exercer la médecine pendant une période ne pouvant excéder six mois…« , explique Jean-Claude Lutete, avocat-conseil de l’Ordre. L’un des médecins frappés par cette mesure avait préféré voyager, laissant une jeune fille alitée un jour après un accouchement par césarienne. Elle est décédée après son départ ainsi que son nouveau-né…

    Il y a quelques années encore, ces sanctions disciplinaires étaient difficiles à obtenir. « Il y avait une complicité incroyable entre médecins si bien qu’il ne valait pas la peine de se plaindre. Je suis content que cela change« , se réjouit un jeune homme. Il regrette aujourd’hui la mort de son épouse, décédée en 2007 à l’hôpital général de Kikanda de Matadi, chef-lieu du Bas-Congo, « pour une erreur médicale« , selon ses dires.

     Gendarme du Code de déontologie

    L’homme qui a fait changer les choses, Dr Gomez Pelani, est arrivé à la tête du Conseil de l’Ordre des médecins de cette province en 2008. Sans attendre, il a commencé à faire jouer à cet organe son rôle de gendarme et de garant du Code de déontologie de la profession. « Je n’hésiterai pas à user du marteau« , avait-il prévenu, s’adressant à ses confrères. Face à la délicatesse de leur métier, il les avait mis en garde contre tout dérapage. Et depuis 2008, une série de sanctions disciplinaires ont été prises à l’encontre d’une dizaine de médecins, reconnues coupables de fautes professionnelles. « C’est éloquent car les dernières sanctions datent d’il y a dix ans« , rappelle-t-il.

    Négligence, harcèlement des malades et infirmiers, établissement de faux rapports, administration de médicaments non appropriés, inexpérience… Les fautes reprochées aux médecins sont légion. Une fois saisi d’une plainte, le Conseil de l’Ordre tient une réunion de discipline, à laquelle sont conviés les médias pour qu’ils informent la population des sanctions prises. Les habitants sont quant à eux invités à se plaindre auprès du Conseil en cas d’abus constaté, et non au parquet.

    Le Conseil organise aussi régulièrement des journées déontologiques animées par d’éminents médecins, pour éviter que les nouveaux qui arrivent dans la profession tombent dans les mêmes erreurs. Ils partagent avec eux leurs expériences et leur expliquent l’obligation d’observer le serment d’Hippocrate. « C’est une nécessité pour les nouveaux confrères d’assister à ces journées pour comprendre ce que la société attend d’eux« , insiste Dr Tombe Diabeno, ancien président de l’Ordre national des médecins, venu de Kinshasa pour animer fin 2010, ces journées déontologiques à Matadi.

    Améliorer les conditions de travail

    Les sanctions prises contre les médecins fautifs soulagent la population. Mais, ceux qui sont frappés ne les acceptent pas toujours. Certains d’entre eux s’en réfèrent à l’instance supérieure de la corporation, l’Ordre national des médecins, à Kinshasa. Au Bas-Congo, le Conseil provincial affirme qu’il ne punit en aucun cas des innocents. Une fois qu’il est saisi d’une affaire, « un registre d’informations est d’abord ouvert sur les faits, explique Dr Gomez. Puis, une commission d’enquête composée parfois des membres de l’hôpital du médecin incriminé est mise en place, qui fait rapport à un bureau. Etabli en tenant compte de la déontologie, le rapport est enfin transmis au Conseil qui prend des sanctions. »

    Pour ne pas en arriver là, Dr Diabeno, médecin directeur à l’hôpital général de référence de Kinshasa, souhaite qu’on éradique les causes qui poussent des médecins à violer le serment d’Hippocrate. Il demande aux décideurs politiques d’améliorer leurs salaires et conditions de travail : « Là où le médecin n’arrive pas à nouer les deux bouts du mois, c’est là que débute le charlatanisme« .

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