Cour pénale internationale:Reprise du procès de Jean-Pierre Bemba à La Haye

1
63
 
 

 

(Syfia Grands Lacs) Le procès de Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président de la RD Congo, a repris comme prévu le mardi 11 janvier 2011, devant la Cour pénale internationale de La Haye, aux Pays-Bas. Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre, viols, meurtres et pillages perpétrés en Centrafrique, entre 2002 et 2003.

Compte rendu d’audience.

9 heures 30 ce mardi 11 janvier 2011 : le silence est total dans la salle d’audience publique de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas. Le lieu est solennel. Suspendu en décembre dernier en raison des vacances judiciaires, le procès de Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président de la RD Congo, reprend ce matin-là. La Chambre de première instance de la cour est composée de trois juges, toutes des femmes. D’un côté des magistrats, le camp de l’accusation, le Procureur en tête, ainsi que les avocats de la partie civile. De l’autre, les défenseurs de Jean-Pierre Bemba. Un peu en retrait derrière ses avocats, en costume et cravate, les bras croisés ou la main sur le menton, Bemba affiche un air plutôt serein. De temps à autre, il se penche en avant pour chuchoter à l’oreille de son défenseur. Son épouse, ses proches et des membres du Mouvement de libération du Congo (MLC) sont présents pour assister à l’audience.

La défense attaque

La couleur du jour, le noir, comme les toges des différents acteurs du procès. Noir aussi, comme le récit du témoin 87, une Centrafricaine, installée derrière des rideaux et qui s’exprime dans sa langue maternelle, avec traduction simultanée en français et en anglais, les deux langues officielles de la cour. Elle accuse les troupes de Bemba de l’avoir violée en novembre 2002, à Bangui. « Ces méchants ont débarqué dans notre maison le soir, ils étaient quatre. Tour à tour, ils m’ont violée et souillée« , explique-t-elle, traumatisée, ajoutant que ses agresseurs ont également tué son frère.

En appui à ses accusations, la victime a versé au dossier un certificat médical établi en 2009, un document qui ne constitue pas un élément de preuve à charge, les médecins n’ayant pas pu établir s’il y a eu viol ou non, sept ans après les faits supposés. En réponse à la question d’un avocat de la défense qui s’étonne qu’elle n’ait pas consulté un médecin plus tôt, le témoin se justifie en invoquant sa situation financière. « En période de guerre, il est difficile de trouver de l’argent pour aller chez le médecin. Dans mon pays, sans argent, pas de soins« , argumente-t-elle. Sceptique, l’avocat de Bemba revient à la charge. « Est-ce que vous connaissez les organisations comme Médecins sans frontières et la Croix-Rouge ? Ces organisations demandent-elles de l’argent pour assister les victimes de violence sexuelles en Centrafrique?« , insiste-t-il. 

Tout au long de l’audience, les avocats de la défense se sont appliqués à mettre en doute la capacité du témoin à faire la chronologie des événements. Me Nick Kaufman a par ailleurs relevé ce qu’il considère comme des contradictions entre les déclarations orales faites devant la cour et la déposition antérieure du témoin. Les avocats se demandent comment dans une telle situation, elle pouvait faire la distinction entre les uniformes et les armements des troupes de Bemba et ceux de l’armée régulière ou des autres groupes armés.

En réaction à l’intervention de Me Kaufman, l’accusation fustige l’acharnement de la défense dont les questions sur des dates et autres détails sont de nature à semer la confusion dans l’esprit du témoin et de la cour.

Premier jour éprouvant d’un procès qui se poursuit tout au long du mois de janvier, avec l’audition d’autres témoins et victimes. Un procès que Jean-Pierre Bemba Gombo attend depuis deux ans. Arrêté le 24 mai 2008 par les autorités belges, il a été transféré au quartier pénitentiaire de la CPI où il est détenu depuis juillet 2008.

Passy Mubalama

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site est protégé par reCAPTCHA et la Politique de confidentialité, ainsi que les Conditions de service Google s’appliquent.