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    Burundi-RDC-Rwanda : partager bien plus qu’une frontière

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    la région des grands lacs

    (Syfia Grands Lacs/Rwanda) Dans les régions frontalières du Burundi, de RD Congo et du Rwanda, le quotidien des habitants est rythmé par les échanges humains et économiques, bien plus que par les frontières et les nationalités.

    Ils ne sont pas différents les uns des autres. Le visiteur qui arrive pour la première fois dans cette région, située à l’ouest du Rwanda, à l’est de la RDC et au nord-ouest du Burundi, ne saurait dire qui, ici, est burundais, congolais ou rwandais. La majorité de ces frontaliers, à cheval sur trois pays, maîtrise en effet plusieurs langues. « J’ai 54 ans. En grandissant, le swahili est devenu ma seconde langue », explique Habibu Karemera, un Rwandais de Bugarama, localité proche de la RDC. De l’autre côté de la frontière, Donatien Kizungu affirme, lui, que depuis qu’il a été en contact avec des réfugiés rwandais, il y a seize ans, il s’est efforcé de connaître le kinyarwanda.
    Dans cette région, la proximité géographique favorise souvent le rapprochement des peuples. À Bweyeye, un secteur rwandais frontalier du Burundi, les habitants parlent par exemple avec l’accent burundais. « Le Burundi, c’est comme notre autre Rwanda ! C’est le milieu le plus proche de nous (entre 1 et 2 km, Ndlr). Nous avons des échanges réguliers avec ce pays », témoignent les habitants. Ils ajoutent qu’il leur faut à l’inverse parcourir plus de 80 km pour communiquer avec d’autres régions du Rwanda, sans compter la longue traversée (plus de 30 km) du parc national de Nyungwe.
    D’un pays à l’autre, les paysages changent pourtant. À proximité de la ville rwandaise de Rusizi, on aperçoit, de chaque côté de la route, des maisons en bois. Mais, une fois dépassé le centre de Bugarama, sur une vieille route de 5 km qui mène au Burundi, on voit des maisons en chaume (nyakatsi), détruites ou en voie de l’être par la nouvelle politique bye bye nyakatsi (Adieu les maisons en chaume) en vigueur au Rwanda depuis 2010. Dans les communes burundaises frontalières, en revanche, la paille recouvre encore les toits. Plus loin, à l’intérieur, on trouve de belles maisons en briques cuites souvent électrifiées. En RDC, les habitations et les écoles, le plus souvent sans électricité, sont en vieilles briques et en tôles. Les constructions récentes sont rares.

    Habitants entreprenants

    Une nouvelle route est cependant en cours de réhabilitation au Burundi voisin. « Elle permettra aux investisseurs burundais d’accéder facilement à la RDC ou au Rwanda », espère Damien Habincuti, un Burundais de Rugombo. Encore faut-il que les routes vers la frontière à Bugarama côté Rwanda et celles menant à Kamanyola, Luvungi ou Uvira en RDC soient elles aussi praticables… Jusqu’ici, mal entretenues, elles rendent le passage difficile.
    Certains frontaliers cultivent la banane ou le maïs dans les collines verdoyantes, d’autres tiennent des boutiques ou transportent les bagages. D’autres encore, oisifs, jouent aux cartes ou aux dames ou s’enivrent, comme à Shenyeza, au nord du Burundi. « Ils gaspillent directement dans la boisson le peu d’argent qu’ils ont gagné grâce à un petit travail…”, déplore Bosco Barege, un habitant.
    À la frontière Ruzizi II, côté RDC, l’imbabura (cuisinière à charbon), allumée toute la journée, elle, ne chôme pas. ”Avec cela, personne n’a faim. Il n’y pas de restaurant ici. Agents de la douane, passagers en provenance du Rwanda ou de RDC, tout le monde mange ici !”, assure, très occupée, une femme qui grille de la viande de vache, qui souvent vient du Rwanda.

    Projets et intérêts communs

     
    Le Rwanda et la RDC partagent aussi la Ruzizi. Ces deux pays ainsi que le Burundi ont d’ailleurs le projet de construire ensemble sur cette rivière une centrale hydro-électrique (Ruzizi III) dans le cadre de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL). La nature, belle et généreuse de ces régions frontalières, profite déjà par endroits aux habitants. Les zones de montagne de RDC, moins peuplées que celles du Burundi ou du Rwanda, donnent ainsi des terres à cultiver. « Nous ne sommes pas limités à mettre au monde. Il y a des espaces libres pour nos enfants ! », plaisantent à Kamanyola, Congolais et Rwandais. Un changement radical pour ces derniers dont le petit pays est parmi les pays les plus denses d’Afrique (près de 450 hab/km2).
    Des Rwandaises qui vont cultiver ou étudier (en particulier la médecine) en RDC y trouvent parfois aussi des maris. « Elle est tombée amoureuse. Ils vivent maintenant ensemble”, expliquent de jeunes Congolais en montrant une Rwandaise mariée à un de leurs compatriotes.
    Pour les humains comme pour la nature, à y regarder de plus près, la nationalité et les frontières importent peu. À quelques pas du Rwanda, à Mabayi, dans la commune Ruhororo, au nord du Burundi, la forêt naturelle de Kibira retient l’attention. À peine le temps de la contempler et on n’est déjà plus au Burundi, mais au Rwanda. La même forêt devient alors le Parc national du Nyungwe. Autre pays, autre nom, mais la beauté des paysages est la même.
    Par Fulgence Niyonagize

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