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    RD Congo : les plantes pour accoucher sans douleur tuent

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    (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) La première cause de décès des femmes lors de l’accouchement, au Bas Congo, au sud-ouest de Kinshasa, est l’utilisation de plantes sauvages pour atténuer les douleurs et enfanter rapidement. Pourtant inconscientes des risques, elles sont de plus en plus nombreuses à en prendre, en secret.

    Au mois de juin dernier, à la maternité provinciale de Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, la scène est poignante. Dans la salle d’accouchement, alors qu’elle en est à ses tout premiers efforts d’enfantement, une jeune fille d’à peine 17 ans connaît une rupture du col de l’utérus. « Son bébé est sorti la tête emballée dans le placenta. Elle a connu une grave déchirure », raconte Honorine Dianzenza, la responsable des accouchements. La mère de cette mineure qui a échappé au pire, s’est confiée au corps médical. « Le visage attristé, elle nous a présenté le Sida cordifolia », explique Liliane Mubika, administrateur gestionnaire de la maternité. Un cas qui n’est pas isolé.
    Ces dernières années, de plus en plus de femmes de cette province utilisent en effet les feuilles de cet arbuste sauvage d’origine indienne, pour accélérer les contractions lors de la mise au monde. « Si je n’enfante pas avec trop de douleur et si vite, c’est parce que j’utilise cette plante », explique Charlotte, une mère de quatre enfants qui s’en purge à chacune de ses maternités. Comme bien d’autres, selon de nombreux témoignages, à Mbanza-Ngungu, Tshela… D’après Laurent Manitelamio, superviseur provincial du Programme national de la santé de reproduction (Pnsr), « six femmes sur dix qui se présentent aux cliniques recourent à cette pratique. » D’autres utilisent le niébé, une légumineuse qu’elles appliquent par voie annale.

    Tout se passe dans le secret
    Même si ces plantes soulagent et écourtent le temps de travail de l’enfantement, leur usage est risqué. Un récent rapport du Pnsr sur les causes de décès maternel lors de l’accouchement est à ce sujet inquiétant. Sur 122 cas enregistrés au Bas-Congo pendant le premier semestre 2009, « 60% sont dus à la prise de ces produits indigènes. » Un pharmacien local explique que le Sida cordifolia qui contient de l’éphédrine souvent utilisée pour améliorer la performance et comme énergisant, « est contre-indiqué aux femmes enceintes. » Il favorise l’expulsion rapide de l’enfant. « Elles font 4 heures avant d’accoucher au lieu de 8 », explique Laurent Manitelamio. Mais cette précipitation irrite l’utérus qui n’est pas prêt, ce qui provoque des hémorragies.
    Quand ces femmes accouchent, « les contractions sont plus rapprochées que la normale », observe Jérôme Zifuakala, médecin à l’hôpital général de référence de Mbanza-Ngungu. Elles sont alors généralement mises sous surveillance. « C’est lorsque la situation s’aggrave qu’elles avouent avoir utilisé des plantes », ajoute Michel Bikembo du Pnsr. Car tout se passe souvent dans le plus grand secret. Des femmes plus expérimentées apprennent ces pratiques aux nouvelles, peu averties, qui sont surprises des effets que ces produits provoquent dans leur organisme. Ne se présentant que rarement aux consultations prénatales, certaines suivent ces traitements pendant toute la grossesse. D’autres peu avant l’accouchement.

    « Si je l’avais su… »
    Véronique, elle, a eu très peur lors de la naissance de son deuxième enfant. Sur le conseil d’une aînée, elle s’était aussi fait purger avec une concoction de feuilles de Sida cordifolia. Traumatisée par les effets de son accouchement rapide et par le sort de son bébé, qui a dû être réanimé pour rester en vie, elle s’est sentie très culpabilisée. « Si je l’avais su je n’aurais pas osé », jure-t-elle, après avoir pris la juste mesure des risques qu’elle a encourus.
    Pour mettre un terme à cette pratique, le Pnsr a lancé depuis juillet une campagne dans quelques villes de la province. Sans grands moyens, les médecins de différentes zones de santé tentent d’attirer l’attention des femmes sur les risques qu’entraîne l’utilisation de ces plantes. « Au cours de ces rencontres, plusieurs parmi elles finissent par prendre conscience du danger et vont à leur tour témoigner auprès d’autres femmes », explique Laurent, qui espère peu à peu faire perdre ces habitudes.

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