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    RD Congo:Des malades abusés par les vendeurs de noix sans vertus curatives

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     (Syfia Grands Lacs/Rd Congo) Dans le Bas-Congo comme à Kinshasa, des milliers de personnes ont, ces derniers mois, acheté des «noix d’Iphondo», supposées guérir de nombreuses maladies. Ce qui n’est pas le cas, comme le confirme les médecins. Aujourd’hui les vendeurs en ont quasiment disparu. 

    C’est fou de colère qu’un cadre d’une entreprise de Matadi, capitale de la province du Bas-Congo (sud-est de Kinshasa), s’en est pris violemment à une femme qui lui vendait dans le quartier Kikanda, des petites noix jaunâtres ressemblant à des noix de cola. Pendant près d’un mois, l’homme les a croquées sans pour autant guérir de ses maux d’estomac. De nombreux habitants de ce coin du pays, tout comme ceux de la capitale congolaise, sont tombés dans le piège des vendeurs de cette noix. « Elle traite presque toutes les maladies, même celles qui sont déclarées incurables« , expliquaient-ils, distribuant aux passants des papiers photocopiés, sur lesquels étaient griffonnés les noms de diverses maladies qu’elle soignait : diabète, hémorroïdes, fièvre typhoïde, malaria, gastrite…

    Isidore Tsasa, un autre Matadien (habitant de Matadi, ndlr), regrette de s’être laissé facilement prendre. « J’en prenais régulièrement comme dessert après chaque repas, mais je n’ai jamais été guéri de mon diabète. C’était une vaste arnaque basée sur la crédulité des gens. » Lui comme d’autres malades désabusés ne veulent plus entendre parler de cette noix et de ses vendeurs, qui ont tous disparu de la ville.

    Dangereuse crédulité

    Après analyses dans ses laboratoires, l’Office congolais de contrôle, qui s’occupe notamment de la conformité des produits mis en vente en Rd Congo a, plusieurs mois après, coupé court à toutes les rumeurs qui vantaient les vertus curatives de ces noix. Chef de bureau de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) au Bas-Congo, Berthe Nkunku est catégorique : « Cette noix ne guérit aucune maladie. »

    Dans les rues ou marchés de Kinshasa et du Bas-Congo où elle se vendait comme de petits pains, la noix était présentée comme provenant d’Iphondo, une localité du Congo-Brazzaville voisin. D’autres disaient qu’elle sortait des profondeurs de la dense forêt équatoriale de la Rd Congo. Ce n’est pas une noix de cola habituelle, comme celle surtout prisée par des hommes et conducteurs de véhicule comme stimulant pour lutter contre la fatigue et la somnolence. Amère certes comme la noix de cola, la noix d’Iphondo, plus jaunâtre, ne renferme pas les mêmes propriétés chimiques. Des rumeurs sans grand fondement sur ses nombreuses vertus auraient pu attirer l’attention et susciter la prudence de la population. Mais non ! « C’est la précarité de la vie qui a surtout influé sur la prise de cette noix« , explique Oscar Mavila, médecin inspecteur provincial au Bas-Congo.

    Avec à peine 500 Fc (0,50 $), les gens pouvaient en effet se procurer ce prétendu médicament soigne-tout, vendu en petits tas de 5 à 10 graines. Beaucoup se sont même détournés du chemin des hôpitaux, pensant pouvoir se soigner de la sorte, à moindre frais. Aujourd’hui, ils sont nombreux à s’en vouloir. « Quand ma fille habitant Kinshasa m’avait parlé des vertus thérapeutiques de cette noix considérée jadis comme toxique, j’étais très étonnée« , déclare Gertrude Mansanga, une vieille femme de plus de 80 ans. Souffrant de diverses maladies, elle s’était aussi laissé influencer, en consommant en grande quantité, sans obtenir de résultat probant…

    Durant de longs mois, ceux qui en avaient fait leur fond de commerce en ont tiré quelques bénéfices. Comme Christophe Ngoma, qui reconnaît que « cette noix était une véritable source de revenu » pour lui et sa famille. Les gens qui étaient nombreux à faire la queue devant sa maison du quartier Trabeka ne la fréquentent plus. C’est à cause de « la campagne menée par des pharmaciens et propriétaires des centres de santé », répond-il aujourd’hui, sans convaincre, à ceux qui lui font le reproche d’avoir vendu un faux médicament.

    Oscar Mavila, le médecin inspecteur provincial, redoute, lui, les effets nocifs que pourrait entraîner ce produit sauvage, dans l’organisme de ceux qui l’ont pris.

    Dieudonné Muaka Dimbi

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