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    Bas-Congo:Priver de soins les enfants au mépris de la loi

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    vaccination contre la polio

    (RCN-InfoSud/Syfia) Trop accoutumés aux croyances traditionnelles, certains parents de la province du Bas-Congo, au sud-ouest de Kinshasa, refusent de faire vacciner leurs enfants contre certaines épidémies. Ce comportement qui viole le droit des enfants d’être soignés fait progresser des maladies comme la poliomyélite, malgré les programmes mis en place pour son éradication dans le pays.

    À l’hôpital général de Kimvula, dans le territoire du même nom (est de Matadi, chef-lieu du Bas-Congo), une fillette de 3 ans vient d’être internée en ce matin d’août. Elle ne peut plus tenir débout sur ses deux jambes. « C’est visible, cet enfant a une paralysie flasque aiguë », fait remarquer un médecin. Deux semaines auparavant, elle s’amusait et courait pourtant avec ses amis. Son père, triste, fait un aveu : « Nous avons toujours refusé de la faire vacciner, car pour nous ce vaccin contient du poison retardé. »

    Kimvula est l’épicentre du poliovirus au Bas-Congo. Lors de la campagne de vaccination organisée en juillet 2011 par le Programme élargi de vaccination (PEV) contre cette épidémie, les vaccinateurs ont enregistré de très nombreux cas de résistance dans la province. Les récits sur le comportement des populations sont parfois déroutants. Dans le village Kivandama, une jeune femme dit notamment avoir enfermé son enfant de moins de 5 ans dans la maison. « Son époux a menacé de la répudier si elle faisait vacciner l’enfant », témoigne un agent du PEV.

    Coutumes contre loi

    À Kibuba, les adeptes kimbanguistes n’ont accepté aucun vaccinateur dans leur village. Mêmes agissements à Mbanza-Manteke, Lambazi et Kinganga, où les villageois se sont refugiés dans leurs champs pour échapper aux vaccinateurs. « Il était difficile de les atteindre », raconte l’un d’eux. Ayant des enfants qui présentent des signes évidents de poliomyélite, leurs parents préfèrent, pour des raisons de forte croyance aux coutumes et traditions, se confier aux tradi-praticiens. « Avec le nsamba (vin de palme, NdlR) que je prépare, je guéris le nkita (polio) », répond un vieil homme à une équipe du PEV, peu convaincu pour n’avoir vu aucun malade guéri grâce à ce type de traitement.

    En 2010, le PEV a enregistré 65 malades de polio au Bas-Congo. Un nombre en nette augmentation en 2011, selon le PEV, qui ne dispose pas encore des données actualisées. « Malheureusement, tout le monde n’adhère pas à la vaccination », s’inquiète Jean-Baptiste Mabunda, coordonnateur provincial du PEV. Il attire l’attention de la population sur la gravité de cette épidémie, car, dit-il, « un malade de polio peut contaminer 200 personnes autour de lui ».

    « Ce n’est pas croyable. Nous devrions plutôt appliquer la loi, sinon toute la province sera atteinte », suggère, un peu énervé, l’administrateur gestionnaire d’un hôpital de Matadi. Adoptée en janvier 2009, la loi évoquée porte sur la protection de l’enfant. À son article 196, elle stipule que « tout parent, tuteur ou responsable légal qui refuse délibérément d’assurer à son enfant les soins médicaux préventifs et particulièrement les vaccinations, est puni d’une servitude pénale principale ne dépassant pas cinq jours, et d’une amende de 50 000 Fc (54$) ou l’une de ces peines seulement ».

    Vulgariser la loi

    Procureur au parquet de Kikonka-Kisantu, Exodie Maswama déplore qu’on ne lui fasse pas rapport sur le refus de certains parents de faire vacciner leurs enfants. « Nous sommes prêts à appliquer la loi, car ceux qui refusent doivent aller en prison », déclare-t-elle. Administrateur chargé de la protection à l’Unicef/Bas-Congo, Charles Bavila reconnaît ce comportement de résistance et ne dit mener que des actions de plaidoyer. « Notre mission nous interdit de présenter des parents devant la justice », argue-t-il. Lors de la vaccination de juillet, un officier de la police judiciaire a dû cependant mettre deux à quatre policiers aux côtés des agents vaccinateurs. « Les parents ont sorti leurs enfants par peur », explique Exodie.

    Très attachés aux coutumes et souvent peu instruits, la plupart des parents ignorent la loi et le bienfait de la vaccination. Pour Pamphile Mbwangi, de la société civile locale, leur refus de faire vacciner les enfants est un problème psychologique. « Ils doivent être sensibilisés et la loi doit aussi être vulgarisée, ce qui n’est pas le cas », fait-il observer. A Matadi, où ce travail a commencé à être fait, la résistance a en effet diminué. D’après Oscar Mavila, médecin inspecteur provincial, le taux de résistance dans cette ville est passé de 13 à 2 %.

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