Médias/Bas-Congo : le CSAC manque de moyens pour mieux réguler la profession

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Le coordonnateur provincial du csac s'adressant aux journalistes de Matadi/Infobascongo

Au Bas-Congo, au sud-ouest de Kinshasa, le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), sans moyen, s’évertue toutefois à contrôler le travail des médias, beaucoup mieux qu’ailleurs.

C’est dans un petit local d’un vieux bâtiment à deux niveaux, le long de la principale artère du centre-ville de Matadi, à 365 Km de Kinshasa, que le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a installé ses bureaux. Mal loti, l’organe de régulation manquait de tout jusqu’au début décembre : téléviseurs, postes radios, casques, Cd et Dvd pour assurer le monitoring de la trentaine de chaînes de radio et de télévision qui arrosent la province du Bas-Congo. Le coordonnateur provincial du CSAC, Etienne Kusengumuna, affirme qu’ « il est difficile de travailler sans ces outils. »

Depuis six ans, le CSAC, alors Haute autorité des médias (HAM) fonctionne sans financement extérieur. L’Etat qui a promis de prendre la relève se fait toujours attendre, contraignant ainsi le CSAC à recourir aux moyens du bord pour réguler la profession.

Journalistes comme points focaux

Etienne Kusengumuna est ainsi branché en permanence sur son téléphone pour suivre les différentes radios. « Je reste comme ça jusque tard. C’est vraiment un travail de combattant », fait-il remarquer. Selon la structure du CSAC, ce travail devait être fait par des observateurs analystes qui n’ont jamais été installés. Aux mauvaises conditions de travail s’ajoute le manque de personnel. Le bureau du Bas-Congo n’emploie que deux agents. Le coordonnateur adjoint et le secrétaire d’instruction ont claqué la porte, faute de rémunération. Dans les autres coins de la province, il n’y a pas l’ombre d’un membre du Conseil. Avec le foisonnement des médias qui généralement emploient un personnel non formé, de nombreux dérapages sont enregistrés. Pour limiter les dégâts, le Coordonnateur travaille avec des journalistes comme points focaux à Mbanza-Ngungu, Boma et Muanda. « C’est grâce à eux que je suis informé de comment se comportent les professionnels des médias dans ces milieux’’, signale-t-il. Pendant la campagne électorale et les élections, ce sont les formateurs de l’Initiative de formation mobile des radios communautaire (Informorac) qu’il a formés qui l’ont accompagné dans la régulation. Grâce à leur concours, un animateur d’une radio a écopé d’une suspension fin novembre parce qu’il battait campagne pour un candidat. Le directeur des programmes de Sarah Tv a, lui, été puni pour avoir laissé un animateur insulté un candidat du camp adverse. Mais la volonté de mieux faire bute au manque de moyens. « Sans véhicule, sans frais de fonctionnement, il est difficile de me déplacer partout’’, déplore-t-il.

Soutien du gouvernement provincial

Dans certaines provinces du pays, l’organe de régulation a mis la clé sous la porte depuis plusieurs années, celui du Bas-Congo doit sa survie au soutien financier du gouvernement provincial. « Sans cela nous n’aurions su rien faire », témoigne Etienne Kusengumuna, satisfait surtout « de la non interférence de leur pourvoyeur dans la régulation des médias.”

Le vice-gouverneur du Bas-Congo, Deo Nkusu, est cependant d’avis que l’organe de régulation a fermé les yeux sur beaucoup de choses qui auraient dû être sanctionnées. Directeur provincial de la radio BNTV, Mathys Kwanzambi juge le CSAC « frileux, car un animateur de télé qui a été sanctionné a vu sa suspension aussitôt levée ».

Officiellement installé depuis le 3 octobre, le CSAC est en train de « faire l’état des lieux”, affirme Alain Nkoy Nsasies, son vice-président. En clair, Nkoy demande un état de grâce pour remettre le conseil sur les rails. La situation commence à changer. Début décembre, le bureau a reçu la visite de Maguy Kinkela, haute conseillère du CSAC qui a doté la coordination provinciale de deux téléviseurs, d’un Dvd et d’un poste radio. D’autres matériels, notamment un générateur (pour être à l’abri des fréquents délestages), et une imprimante sont attendus. Les habitants, qui font confiance à cet organe de régulation, portent plainte régulièrement contre certains animateurs et journalistes quand ils sont lésés ou appellent le coordonnateur quand ils n’approuvent pas ce qui se passe dans les médias. Ce que ce dernier apprécie en regrettant cependant que « le Bas-Congo capte plusieurs médias qui émettent de Kinshasa dont les animateurs et journalistes ne respectent souvent pas les règles du métier ».

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