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    Bas-Congo : à Muanda, les Congolais expulsés d’Angola vivent de la charité

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    Frontière Yema/Infobascongo

    Dans la cité côtière de Muanda, à l’ouest de Matadi, chef-lieu de la province du Bas-Congo, les difficiles conditions de vie des Congolais expulsés d’Angola poussent plusieurs d’entre eux à mendier, d’autres à se nourrir de feuilles d’arbres. Certains bénéficient de la solidarité des habitants de la région.

    Ils étaient au départ plus de 3 000, ils sont restés quelques centaines. Ces Congolais, expulsés des villes angolaises de Soyo et de Cabinda, vivent depuis plus de trois mois sans moyens à Muanda, à de 200 km à l’ouest de Matadi. D’autres, après avoir exercé des petits boulots et constitué des économies ont réussi à rejoindre leurs familles respectives restées en RD Congo. D’autres encore, fatigués après des brutalités subies lors de leur refoulement, se sont éparpillés dans des villages reculés du territoire de Muanda. Selon Willy Iluma, président de la société civile locale, « ils vivent sans assistance et broient du noir par la faute du gouvernement congolais qui ne semble pas élever la voix pour les secourir ».
    Ceux qui sont restés à Muanda-centre, ville d’environ 200 000 habitants, ne sont pas les mieux lotis. La plupart vivent de la mendicité. « En tout cas, si les bonnes volontés ne nous venaient pas de temps en temps en aide, nous serions déjà enterrés loin de nos proches », se lamente, Chancelvie (28 ans). Assise sur les marches de la tribune de la ville, le teint pâle et portant deux enfants (des jumelles) d’1 an 1/2, elle raconte ses difficiles conditions de vie : « J’ai été refoulée fin février de Soyo. Je suis originaire de Tshikapa (Kasaï-Occidental, Ndlr), à des milliers des kilomètres d’ici. Je n’ai ni famille, ni connaissance à Muanda. Je ne vis que de la mendicité et passe des nuits entières à la belle étoile sur les étals du marché de la ville ».

    Se nourrir d’alevins et de feuilles

    Beaucoup de ces Congolais, expulsés par vagues d’Angola depuis septembre 2011 pour séjour irrégulier et qui arrivent à Muanda, éprouvent d’énormes difficultés pour survivre. Dépouillés de tous leurs biens à la frontière angolaise, ils doivent se montrer ‘courageux’ pour se nourrir. « Moi, personnellement, je n’ai plus de choix. Je me nourris des alevins que je ramasse aux berges de l’Océan Atlantique vers la plage Tonde où j’ai l’habitude de passer mes journées, témoigne, gêné, Philémon, l’un d’eux. Je les consomme soit en les grillant ou carrément crus quand je manque de sous pour acheter la braise, les épices et des ingrédients ». Interdit du commerce et de la consommation, ce genre de poissons est souvent remis dans la mer par les pêcheurs pour qu’ils se reproduisent.
    A défaut de menus fretins, d’autres refoulés se nourrissent de racines et de feuilles sauvages. Ils cueillent les feuilles d’avocatiers, de baobabs, de faux cotonniers, voire de papayes, qu’ils cuisinent ensuite. « Gloire à Dieu, ça nous pose aucun problème de ventre jusque là », se console l’un d’eux qui refuse d’aller quémander dans la rue ou de chercher de petits boulots chez les particuliers.
    Fortuna Mirindwa, un autre expulsé, originaire, lui, du Nord-Kivu à plus de 2 000 km de Muanda, a eu plus de chance. Après avoir vécu plus de 20 ans à Cabinda, il en a été expulsé en novembre dernier. « Comme tous les autres Congolais, j’ai été dépouillé de tout lors de mon refoulement. Arrivé à Muanda, je mendiais dans la rue, se rappelle-t-il. Heureusement pour moi, un jeune homme qui me voyait sortir chaque matin de l’épave d’une voiture dans laquelle je dormais, m’a présenté à son oncle qui m’a embauché comme domestique et vigile ».

    Bonnes volontés insuffisantes
    Pour tenter de venir en aide à ces refoulés, des bonnes volontés initient des récoltes de fonds auprès de tierces personnes. « Fin avril, nous avons récolté plus de 2 000 $. Cette somme nous a permis de faire voyager certains d’entre eux qui ont atteint leurs milieux d’origine respectifs. Nous multiplions les efforts pour en faire autant pour les autres », explique Shimita Lundoluka, une de ces bonnes volontés. Des dizaines d’autres expulsés sont eux nourris depuis deux mois par l’Eglise évangélique des témoins du Christ (EETC). « Nous avons accepté leur prise en charge, car la bible nous enseigne de donner à manger à celui qui a faim et de l’eau à celui qui a soif. Je ne peux déroger à cet enseignement », fait savoir Donat Kadima, responsable de cette église.
    Willy Iluma déplore de son côté le silence de l’Etat congolais à propos de ce refoulement. Il estime que l’une des solutions serait « l’ouverture d’un consulat congolais dans les villes angolaises de Soyo et Cabinda et, éventuellement, la construction d’un centre d’accueil des refoulés à Muanda ». De nombreux expulsés montrent eux aussi du doigt l’Etat congolais qui, selon eux, « n’arrivent pas à améliorer le niveau de vie de ses citoyens. Ce qui justifie tous ces mouvements des Congolais vers l’Angola ».

    Dieudonné Mwaka Dimbi

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